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Entre insécurité et pauvreté
Aït Yahia Moussa
Publié dans El Watan le 23 - 04 - 2005

A 20 km seulement au sud de Tizi Ouzou, des populations vivent dans des conditions sociales très dures, aggravées par un climat d'insécurité permanent. Cernée par le maquis, Aït Yahia Moussa n'arrive pas à avoir le destin d'une commune qui aspire au développement et au bien-être de ses administrés.
Commune montagneuse, elle n'a pas été gâtée par la nature. Les pouvoirs publics n'ont guère fait mieux. La région natale de Krim Belkacem a tant donné au pays, et les jeunes estiment aujourd'hui que le présent n'est pas digne du passé. Pour exprimer leur colère, ils ont bloqué, au début du mois en cours, la route nationale et n'ont levé le siège autour du chef-lieu qu'après de nouvelles promesses des autorités de wilaya. Deux jours de protesta au pied de montagnes plus connues que la commune elle-même. A l'ouest, Sidi Ali Bounab, destination privilégiée des « orgues de Staline » envoyées cycliquement pour des opérations militaires. A l'est, Boumahni, un nouveau fief terroriste où trois soldats de l'ANP sont tombés lors du dernièr ratissage. Entre les deux massifs, serpente Oued Ksari, longeant la RN 25, longtemps terrain de prédilection des groupes armés qui hantaient l'axe Draâ El Mizan-Tizi Ouzou. A présent, les tournants n'inspirent plus la même terreur. Aux lieux-dits Tleta et Maâmar, l'on se souvient des victimes tombées dans les faux- barrages des policiers, des militaires et des civils. Les carcasses des voitures et des bus incendiés ont été poussées en contrebas de la route. Les terroristes ont abandonné les ravins et sont remontés au sommet des collines pour de nouvelles batailles perdues, alors que l'essentiel des troupes islamistes a versé dans le grand banditisme et investi la région sud-est (Aïn El Hammam, Azazga), plus proche des agences bancaires. Cela n'a pas desserré pour autant l'étau sur Aït Yahia Moussa. Quelques immeubles, des baraques en tôle ondulée servant de locaux commerciaux, une flottille de fourgons jetés pêle-mêle sur un terre-plein, puis une bâtisse arborant le drapeau national. Nous sommes au chef-lieu de cette commune de 20 000 habitants. Ni policiers ni gendarmes, mais des gardes-communaux et des soldats de l'ANP partageant un même bloc désaffecté à deux pas de la seule rue du chef-lieu.
Désarroi des jeunes
La protestation est libre mais la réponse aux problèmes posés n'est pas garantie. Que peut faire une commune qui ne possède rien et qui relève presque intégralement de l'administration des forêts ? 63 km2 de maquis où il est illusoire de chercher une quelconque unité économique, publique ou privée. La localité aura prochainement son propre lycée, apprend-on au siège de l'APC (sans élus). La maquette du futur établissement est affichée dans le bureau de l'administrateur de la commune. La conservation des forêts a donné son accord pour une parcelle de terrain volée au maquis. « Le projet a été confié aux entreprises de réalisation. Ce sera un lycée de 1300 places pédagogiques », nous dit l'administrateur. Il n'est pas peu fier de ce projet. La construction d'un lycée n'a rien d'extraordinaire, mais à Aït Yahia Moussa, cela frôle la panacée. Les autorités de wilaya, qui ont accordé à la commune son premier lycée, ont fini par comprendre que des jeunes éloignés de l'enseignement ont toutes les raisons de se révolter. « Nous avons 400 lycéens qui font la navette quotidiennement sur Draâ El Mizan et nous ne disposons que d'un seul bus de 45 places pour assurer cette ligne (20 km) », dit l'administrateur. L'APC disposait, dans le temps, d'un petit parc roulant de bus et de camions. Le parc a flambé en décembre 1994. Les terroristes y avaient mis le feu entre deux rackets. Aujourd'hui, les fourgons aménagés pullulent, mais ils font payer cher. Résultat, parmi les 400 lycéens, beaucoup abandonnent la route de Draâ El Mizan au bout de quelques trimestres. « Ils viennent alors grossir les rangs des chômeurs », nous dit Mohamed Seddiki, membre de l'association Tighri (l'appel). L'administrateur saisit l'occasion pour lancer un appel à la direction de l'action sociale de Tizi Ouzou pour l'octroi d'un bus comme toutes les autres communes déshéritées qui en ont bénéficié dans le cadre du programme de solidarité. Sans centre de formation professionnelle, à moins d'aller à Draâ Ben Khedda ou à Bordj Ménaiel, les jeunes tombent sous l'emprise implacable de la précarité. Il existe bien une maison de jeunes au chef-lieu, mais il y règne un calme plat au moment de notre passage. Un seul adhérent manie la souris devant un ordinateur. Un éducateur spécialisé nous fait visiter la bibliothèque parcourue d'un rayonnage de livres mais vide de tout lecteur. C'est alors qu'un homme en bleu de travail s'insinue à l'entrée de la bibliothèque. Il ne vient pas s'inscrire au club de lecture. « Je suis venu couper le courant. Voici l'ordre de coupure », lance-t-il, embarrassé. Il s'agit d'un agent de Sonelgaz, venu de Draâ El Mizan. Il exhibe le papier où l'on distingue le montant impayé : 26 000 DA. L'éducateur essaie de protester : « Nous n'avons pas reçu de facture ! Et c'est la mairie qui paie... ». L'agent de Sonelgaz a déjà sorti les tenailles et s'affaire devant le compteur. Le jeune adhérent quitte son ordinateur. La partie de jeu de cartes sur écran est finie.
Les subventions au compte-gouttes
Le secteur de la jeunesse a donc été oublié dans l'effacement des dettes détenues par Sonelgaz en Kabylie. « La mairie ne paie pas les factures d'électricité ? », demandons-nous à l'agent. « Eux aussi, nous leur avons coupé il n'y a pas longtemps », répond-t-il. A Aït Yahia Moussa, gérer la commune c'est aussi lutter contre le noir. Il y a pourtant des subventions qui arrivent des caisses de l'Etat. Elles sont en majorité versées dans le chapitre fonctionnement et équipement. Le Programme communal de développement (PCD) pour 2004 n'a été doté que de 620 millions de centimes. Cela a servi au revêtement de 2 km de pistes, alors que la commune avait transmis une dizaine de fiches techniques, dont des opérations d'assainissement, d'AEP et d'ouverture de pistes, pour un montant global de six milliards de centimes. L'Etat n'a donc accordé que le dixième du budget demandé et retenu seulement deux opérations de revêtement (700 m et 1,5 km). Pour le programme 2005, la commune a transmis des propositions pour le financement de 15 projets, dont le plus important (1,4 milliard), est l'assainissement des villages Tafughalt, Iallalen et Ighil Lbir. L'électricité n'est arrivée dans beaucoup de villages qu'en 1992. L'AEP ne va pas tarder à arriver dans les hameaux, annonce-t-on, puisqu'un projet sectoriel doté d'un budget de 23 milliards de centimes a été accordé récemment. Les travaux sont en cours, assure-t-on. Au chapitre social, 80 aides pour l'auto-construction ont été affectées à cette commune qui, depuis sa création en 1971, n'a jamais connu d'attribution de logements sociaux, signale-t-on. Un modeste programme a pourtant été réalisé. Une trentaine de logements squattés en 2001 : un bloc affecté aux services de sécurité et un autre aux sinistrés du séisme. La création de l'emploi dans la commune se résume à des aides diverses contre des travaux d'intérêt général (Esil, IAIG). Rémunérés entre 2300 et 3000 DA par mois, 120 postes seulement ont été dégagés alors que plus d'un millier de jeunes demandent de percevoir cette petite somme. Ceux qui veulent gagner plus d'argent descendent dans l'oued, munis de pelles et d'un tamis de fortune. Sans le savoir, les autorités de wilaya ont donné une opportunité de travail aux jeunes chômeurs en interdisant les sablières sur l'ensemble des cours d'eau de la wilaya. Il y a également une perspective d'embauche qui se présente dans le secteur de la construction. Les jeunes s'intéressent au futur chantier du lycée. N'ayant pu le rejoindre à Draâ El Mizan, ils le construiront eux-mêmes à Aït Yahia Moussa


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