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André brink, une saison blanche et sèche
Un écrivain dans la lutte pour les droits
Publié dans El Watan le 05 - 05 - 2005

La littérature sud-africaine s'est vu attribuer deux prix Nobel : le premier a honoré la romancière et nouvelliste Nadine Gordimer en 1991 et le second J.-M. Coetzee en 2003. L'autre romancier sud-africain blanc qui aurait amplement mérité de recevoir ce prix international tant convoité est André Brink. En effet, il a écrit de nombreux romans dont Une Saison blanche et sèche (A Dry White Season) qui l'a propulsé au-devant de la scène littéraire internationale dans les années 1980.
L'histoire narrée est forte, bouleversante, dramatique. Lire ou relire aujourd'hui cet ouvrage qui a eu le prix Médicis étranger donne la possibilité de pouvoir revisiter de l'intérieur la société sud-africaine des années 1980, de comprendre une partie du fonctionnement du système apartheid et de voir la nature fondamentalement raciste de ce système politique. Ce roman dévoile comment ce régime était inique et injuste pour les Noirs sud-africains, défiant la raison la plus élémentaire et les droits de l'homme les plus simples. André Brink réussit le tour de force de donner à ce roman littéraire un rythme de narration digne d'un roman policier à cause du système politique en place qui fonctionne selon le modèle d'un Etat policier, précisément. La trame narrative montre page après page une société sous haute surveillance. Une Saison blanche et sèche démontre de manière magistrale la logique séparatiste du régime de Pretoria de l'époque, un régime destructeur comme le démontre l'histoire du personnage principal Ben Du Toit. Ce dernier, professeur d'histoire, mène une vie paisible et bien réglée jusqu'au jour où l'histoire privée de son jardinier Gordon Ngubene et du fils de ce dernier rentre dans sa propre vie, grâce à une relation humaine qui dépasse les clivages régis par la loi. En effet, sa vie qui a été jusque-là protégée par un système favorable aux Blancs Afrikaners vire littéralement au cauchemar dès que Ngubene lui raconte que son fils Jonathan a été déclaré officiellement mort lors de la manifestation de Soweto, par une balle perdue, alors que de nombreuses personnes l'ont vu lorsque la police l'a arrêté et emmené en prison. La ferme conviction du père est que son fils est mort sous la torture. Il veut alors comprendre, demandant l'aide de Ben Du Toit, son Baas. Ngubene veut savoir. Cette volonté légitime mène le père Ngubene en prison à son tour parce qu'il a voulu justement trop comprendre et qu'il ne s'en est pas tenu à la version officielle de la police. Le même scénario se répète. Ngubene a été retrouvé pendu dans sa cellule, la police constate alors le suicide. Ben Du Toit ne croit pas à la version du suicide et commence sa propre enquête d'autant plus que de nombreux éléments démontrent qu'il est mort suite à des tortures de la police. La vie de Ben Du Toit bascule lorsqu'il décide de réhabiliter la mémoire de Ngubene. Ce récit linéaire révèle que vouloir connaître la vérité et contredire les versions officielles attirent la foudre de la police secrète et des médecins légistes quelle que soit la couleur de la peau. Une stratégie de déstabilisation se met en place et Ben Du Toit vit un enfer : harcèlements sournois, écoutes téléphoniques, lettres piégées, descentes dans sa maison, intrusion dans sa vie intime, filatures, prises de photos compromettantes, perte d'emploi, séparation avec son épouse, rejet de certains de ses amis et de ses filles, dont une collabore avec la police contre son propre père, ce père qui défend les Noirs, qui joue contre son camp comme le lui rappelle l'inspecteur de police. Autour de lui, ceux qui l'aident dans sa recherche de la vérité sont harcelés, assassinés, interdits de séjour en Afrique du Sud comme Mélanie. La logique de la raison d'Etat est poussée à l'extrême comme le démontre la fin tragique de Ben Du Toit. Son élimination est maquillée en accident de voiture. Ce roman fort dont l'histoire de Ngubene rappelle la fin tragique de Steve Biko a été interdit en Afrique du Sud, car il révèle la prise de conscience de certains Blancs sud-africains qui se posent des questions sur la validité et la pérennité d'un tel régime. Une Saison blanche et sèche est l'histoire d'une conscience blanche qui refuse de perdre son âme. Le roman s'ouvre sur la réception par un ami du « testament » de Ben Du Toit qui savait sa fin arriver. Il s'achève sur les commentaires de cet ami sur l'accident qui a mis fin à la vie de Ben Du Toit. La traque continue puisque cet ami sent qu'il est surveillé, ce qui prouve l'efficacité de l'Etat policier qui ne néglige aucun détail pour défendre l'apartheid, contre tous ceux qui osent le remettre en question. Une Saison blanche et sèche montre la psychologie paranoïaque de l'Etat apartheid, la façon dont la machine invisible fonctionne pour défendre les Blancs, leurs avantages, leurs intérêts. Cette machine inhumaine broie toute personne soupçonnée de trahison, même innocente. La liquidation physique est la loi du genre, dans un régime où la justice joue le jeu politique de l'apartheid en « blanchissant » toutes les dérives et les bévues. L'histoire de Gordon Ngubene, le Noir, et de Ben Du Toit, le Blanc, démontre que le moindre signe d'une quête vers la vérité, la moindre d'une révolte coûte la vie à celui qui ose poser les moindres questions. Ce roman qui a également reçu le prix Martin Luther King en Grande- Bretagne montre que la volonté d'être honnête, d'être en accord avec sa propre conscience, reste le seul espoir pour l'homme de vivre la tête haute ou de mourir debout. André Brink a combattu par le biais de ce roman au style haletant l'absurde et l'horreur de l'apartheid et dont le personnage ami de Ben Du Toit, qui clôt le roman, dit avec justesse : « Ecrire, raconter... pour qu'il ne soit plus possible de dire encore une fois : je ne savais pas. »
André Brink, Une Saison blanche et sèche, Paris : Stock, 1980. (Livre de poche)


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