Sur les 14 793 handicapés recensés par la direction de l'action sociale (DAS) de la wilaya de Annaba, 7903 sont socialement pris en charge par la Caisse nationale des assurances sociales (CNAS). Ce dernier chiffre a été revu à la hausse à la fin de ce 1er trimestre. Sont venus s'ajouter à la liste 218 autres, dont 129 handicapés mentaux. Annuellement, 850 handicapés, soit un taux de 6 %, grossissent les rangs. Au même moment, le nombre de structures d'accueil reste figé. L'alerte est donnée par la DAS. Le déficit en lits et places pédagogiques est énorme. Les centres et foyers existants sont saturés. Aucun projet ne pointe à l'horizon, même à long terme. Ce secteur est totalement ignoré même si quelques associations tentent, depuis des années, de se faire entendre. Les deux structures existantes pour enfants assistés comptabilisent 61 pensionnaires de 6 à 19 ans (Elysa) et 63 autres de 0 à 6 ans (El Makaouma). Elles nagent dans une multitude de difficultés. Les trois centres médico-pédagogiques pour enfants inadaptés mentaux sont aussi saturés. A ce jour, ils cumulent 221 places pédagogiques (89 à la cité FLN, 61 à la cité du 8 Mai 1945 et 71 à Boukhadra). Les chiffres de handicaps apparents avancés sont effarants. Sur les 14 793 handicapés, en majorité des enfants, dans la wilaya, 6559 souffrent d'un handicap moteur, 5261 sont handicapés mentaux, 1804 sont atteints de cécité, alors que 1169 sont des sourds-muets. « Annuellement, nous enregistrons une hausse de plus de 6 % du nombre de handicapés. Plusieurs facteurs font que le nombre augmente d'année en année. A mon avis et en l'absence de toute enquête sur la question, j'estime que les mariages consanguins, précarité et altération du niveau de vie en sont les principaux facteurs. Il est indispensable de s'atteler rapidement à la prise en charge de ce dossier », a indiqué M. Benmaoui, psychologue et chef de service à la DAS de Annaba. La ségrégation à laquelle sont confrontés les enfants atteints de divers handicaps légers serait à l'origine de l'aggravation de leur état psychologique. Exclus du système scolaire normal, ils se retrouvent dans des centres spécialisés. Ils sont mis au contact direct des handicapés lourds de tout âge. Plus de 3790 d'entre eux bénéficient de l'aide sociale. « Placer des enfants souffrant d'un handicap mental léger dans des centres spécialisés pour handicapés lourds n'est pas thérapeutique. Cette tendance, qui ne favorise pas l'intégration, est depuis longtemps révolue dans les pays européens, américains et même dans certains pays arabes. L'Etat doit revoir sa politique de multiplication de pareils établissements coûteux et lourds. De par la diversité de la population des handicapés, il est nécessaire de penser à une politique basée sur une prise en charge individualisée », a argumenté M. Benmaoui. Cependant, la situation des bébés abandonnés à leur naissance est dramatique. Le centre d'El Makaouma a actuellement en charge 63, âgés entre 0 et 6 ans. Loin des regards curieux ou interrogatifs, ils vivent une situation des plus précaires tant au plan de prise en charge médicale que sociale. Si ce n'était les dons des bienfaiteurs, beaucoup n'auraient pas survécu à la malnutrition. Le laisser-aller et la mauvaise prise en charge seraient à l'origine du décès de plusieurs pupilles de la nation. Dans ses discussions, l'opinion publique locale ne cesse de parler de la disparition réelle ou supposée de bébés et de leur dossier. Une information à prendre sous toute réserve, même si la responsable de ce centre émet, à chacune de nos demandes d'entretien, une fin de non-recevoir.
