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SKIKDA
Stora, la face cachée du ghetto
Publié dans El Watan le 05 - 08 - 2004

Stora, une résonance mélodieuse que Skikda exporte à tout bout de champ comme une carte postale alléchante. C'est vrai que Stora est belle. C'est vrai que côté mer, Stora est l'un des plus beaux villages balnéaires du pays.
Tout cela est vrai, mais tout cela s'efface aussi dès qu'on prend la peine de regarder au verso de la carte postale. Car loin des plages, du port, du phare et des sentiers sinueux qui ont de tout temps contribué à la renommée du village, Stora ressemble plus à un ghetto qu'à une station balnéaire. Et ce n'est pas beau à voir. Pourtant, diront les Storasiens, toute l'armada des responsables locaux et des élus vient quotidiennement s'attabler aux terrasses du port. « Ils n'ont jamais fait un pas au cœur du village pour voir dans quelles conditions nous vivons. Ils viennent en touristes comme des étrangers ». Les Storasiens disent aussi qu'ils refusent de servir de boucs émissaires à des responsables en manque d'inspiration. « Depuis l'indépendance, Stora n'a enregistré aucun développement, ou plutôt si, on nous a construit une école, mais dans sa précipitation, l'entreprise chargée du projet s'est lourdement trompée et a inversé le plan de masse », raconte ironiquement un habitant. En effet, à l'entrée du village, la façade de l'entrée principale de la nouvelle école Ahmed Zabana, qui devait donner sur la mer, a été dressée à contresens et donne plutôt sur les maquis en amont. Les Storasiens racontent que le jour de son inauguration, les responsables s'étaient heurtés à un casse-tête chinois pour trouver l'entrée de l'école. Et depuis, l'école continue, tout comme le développement d'ailleurs, de tourner le dos à Stora. Le village a été érigé dans sa totalité entre 1860 et 1890 sur les fondations laissées par les Romains et les quatre grands immeubles de Stora, qui abritent plus de la moitié de la population locale, datent de cette période. L'immeuble Sterno date de 1887, l'école communale date de 1870, l'immeuble Négrier a été construit en 1868, l'immeuble Romain 1887. Seul un immeuble de 40 logements date des années 1960 mais sa posture cache mal l'état dégradé des autres bâtisses. Une simple virée à travers les ruelles de Stora suffit pour témoigner de l'ampleur du désastre. « A Stora, il n'y à pas d'immeuble menaçant ruine, car nos immeubles sont déjà des ruines », se plaît à commenter un membre de l'association de Stora. Et il ne pouvait pas si bien expliquer. Les bâtisses principales de Stora ne devraient en principe plus exister. Elles ont fait l'objet de réformes à deux reprises dont la première remonte à 1975. Mais malgré toutes les expertises de l'organisme national de Contrôle technique de la construction de l'Est (CTC) et de l'Office de promotion et de gestion immobilière (OPGI) et qui attestent que « ces immeubles menacent ruine... l'évacuation des occupants est indispensable... le risque d'effondrement est imminent en cas de glissement de terrain ou de séisme même à faible intensité », les habitants continuent à ce jour de cohabiter avec le danger. Le plus grave dans cette situation, selon les déclarations des membres de l'association, c'est que ces immeubles ont été réformés et délaissés. Les locataires ne payent ni électricité ni loyer car aux yeux de l'administration ces immeubles n'existent plus. C'est là une ruse maquillée d'une administration qui cherche beaucoup plus à se déculpabiliser par des bouts de papier plutôt que de s'intéresser au devenir des habitants. Pourtant il s'agit de vies humaines. Des citoyens qui n'ont plus où aller. « Depuis l'indépendance, aucun habitant de Stora n'a bénéficié d'un logement dans le cadre du social. » « D'année en année, la démographie galopante et l'exode massif ne feront qu'étouffer le village. Aujourd'hui, ils sont plus de 4000 habitants qui vivent dans leur globalité de la pêche et de l'agriculture. Une partie a toujours refusé d'habiter hors de Stora ». Leur argument : « Nous sommes des pêcheurs et tous nos biens sont ici. Nous refusons de vivre en déracinés. Nous accepterons d'êtres transférés dans des lieux de transit dans l'attente d'une éventuelle opération tiroir. »
Immeubles délaissés
D'autres, par contre, et ils sont assez nombreux, se disent prêts à partir habiter à Skikda pourvu qu'on daigne se souvenir de leur existence. En attendant, ils restent éparpillés entre le village et quelques bidonvilles qui s'incrustent dans le paysage. A Biono, un bidonville de Stora qui date des années 1980, plus de 30 familles vivent dans l'obscurité totale à quelques pas seulement d'un transformateur électrique qui dessert d'autres... bidonvilles ! Paradoxal ? Non, pas autant que cela car Stora est la terre de tous les contresens. D'un côté, tout le monde sait que Stora ne dispose pas de foncier pour une éventuelle urbanisation et que seule une opération tiroir pourrait sauver l'essentiel, mais de l'autre côté, on continue à traîner depuis 1996 un projet de 46 logements sociaux qui ne voit toujours pas le jour. Un projet qui a fait couler beaucoup d'encre, de salive et d'argent aussi. Pourtant, informé par l'association quant à la tentative d'accaparement de l'assiette par deux élus, le ministre de l'Habitat a demandé officiellement en 2001 de lever les contraintes et d'entamer les travaux de construction. Qui a intérêt à retarder ce projet et qui serait si intéressé par l'assiette foncière qui donne sur la mer ? Les habitants se disent prêts à accepter que le nombre de logements soit revu à la baisse, pourvu qu'on construise. Et que faire pour venir en aide à ces dizaines de familles qui croupissent sous les décombres ? Faut-il attendre un séisme pour s'en débarrasser ? Quelle est donc cette vision, si elle existe bien sûr, qu'on projette pour Stora et ses habitants pour les prochaines décennies ? Les habitants, les membres de l'association surtout, pensent que le salut de Stora réside dans « sa réhabilitation en tant que commune à part entière comme elle le fut avant le dernier découpage administratif du moment que l'APC de Skikda tarde encore à se rappeler de notre existence ». Ils évoquent aussi les problèmes d'ordre environnemental. « Les eaux usées se déversent toujours dans le port et la plage et le plus grave est que les agents de la commune rejettent tous les décombres et autres détritus sur la route touristique de la grande plage juste à quelques mètres du cimetière. » Et dire qu'avec toutes ces imperfections, on continue à décorer toutes les façades de Stora qui donnent sur la mer. Quant à celles de la honte qui lézardent le cœur du village, les façades des paisibles citoyens, elles gardent leurs fissures en attendant de s'écrouler. Mais apparemment le bruit des vagues, des affaires, des véhicules flambant neufs et des thés sirotés sur les terrasses est plus fort que le cri de toute une population.


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