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Les conditions de la survie
Le Liban après le retrait de l'armée syrienne
Publié dans El Watan le 09 - 06 - 2005

L'enthousiasme suscité par le retrait des forces syriennes du Liban après l'assassinat, le 14 février dernier, de l'ancien chef de gouvernement Rafic Hariri, semble prendre le dessus sur les élections législatives dont les résultats des deux premières étapes ont consacré la victoire éclatante de la liste de Saâd Hariri à Beyrouth et celle de l'alliance Amel-Hezbollah dans le Sud.
Malgré les attentats sporadiques, dont le dernier a coûté la vie au journaliste Samir Kassir, la vie reprend. A vrai dire, elle ne s'est pas arrêtée. La sortie du tunnel faisant face à l'hôtel Saint-Georges de Beyrouth où a été perpétré l'attentat contre Hariri est remis en état. Détruit par les affres de la guerre civile, l'établissement a subi un autre coup lors de l'attentat du 14 février dernier. La place des Martyrs, rebaptisée place de l'indépendance, reste toutefois occupée par des centaines de « pèlerins » qui se relayent tous les jours. Les Libanais pleurent toujours celui qu'on désigne comme le père de la reconstruction d'un Liban dévasté par 15 ans de guerre civile. Des micros diffusent des chansons patriotiques en hommage au défunt. Le spectacle est déchirant. Du grand boulevard jusqu'au tombeau, un tapis rouge est déployé. Le mot « vérité » est écrit partout en anglais et en arabe. A l'évidence emporté par une vague de sympathie à l'égard du martyr, les Beyrouthins ont voté pour la liste de son fils Saâd Hariri et le courant qu'il représente. Ce dernier a pu rafler la totalité des 19 sièges de la capitale libanaise. La campagne électorale s'est déroulée, par ailleurs, dans un climat imprégné de timidité. La rue libanaise semble accorder peu d'intérêt à l'événement. Et pour cause, rien n'a changé. Le système confessionnel situe les limites à ne pas franchir à tous les partisans de la démocratie et de la modernité. Rares sont les signes qui montrent l'importance d'une telle élection. Juste quelques affiches sur lesquelles est inscrit « Avec toi » représentant les membres de la liste électorale de Saâd Al Hariri avec en arrière-fond le portrait de son père, Rafic Hariri. Ce sont là les quelques indices qui montrent que le pays se prépare pour une importante échéance électorale. Sinon, le gros de l'actualité libanaise est accaparé par le retrait des soldats syriens qui symbolise l'indépendance aux yeux de la population. Le vote semble importer peu, d'où le faible taux de participation. Mais ce n'est pas la seule explication du taux d'abstention important, constaté après les deux premières étapes du scrutin législatif. Les Libanais ont souhaité la révision de la loi électorale avant d'aborder toute échéance. Le docteur Jean Karam, professeur universitaire et directeur du centre de la recherche et de la formation, un organisme rattaché au quotidien arabophone à grand tirage An Nahar, est l'un des Libanais qui soutiennent le scrutin législatif qui se déroule au Liban, le premier depuis trois décennie sans tutelle syrienne. « Il est vrai que la loi électorale de 2000 est synonyme d'une falsification légale des élections ; d'ailleurs, on ne peut pas instaurer une nouvelle république avec des lois hybrides imposées par les moukhabarate syriennes, mais c'est aussi important de tenir les élections dans les délais », a-t-il affirmé. Comme la majorité des Libanais, Jean Karam croit à l'indépendance et au nouveau Liban. Comme la plupart de ses concitoyens, il espère retrouver la liberté après le départ de 14 000 soldats syriens. Le professeur Joseph Khallil a estimé, de son côté, que le scrutin serait plus salutaire s'il avait été reporté de façon à se donner le temps de concocter une nouvelle loi à même d'assurer une élection équitable pour tous. « On ne tient pas des élections dans n'importe quelles conditions », a-t-il souligné. Les deux, comme la majorité des opposants libanais, ne cachent pas leur aversion envers les Syriens qui, selon eux, ont pillé les richesses du pays et instauré un climat de haine et de psychose à Beyrouth en mettant en place des procédés d'intimidations et de menaces. Selon nos interlocuteurs, les Syriens qui ont quitté le Liban sans les honneurs ont laissé un pays exsangue, gangrené par la corruption doublée d'un endettement insurmontable. Selon nos interlocuteurs, le retrait des forces militaires syriennes a entraîné dans son sillage le départ du Liban de près de 500 000 ouvriers syriens. Le spectacle raconté par les Libanais rappelle le sauve-qui-peut des pieds-noirs qui s'est produit dans le vacarme au lendemain de l'indépendance de l'Algérie. En en début de soirée, rien de mieux qu'une virée du côté de Down Town, un quartier chic de Beyrouth. Le quartier, avec sa propreté et ses tours en verre, est fascinant. Des restaurants aux terrasses bien agencées, des hôtels princiers et des dancings ajoutent au charme de la citadelle. « Tout ça, c'est grâce à Rafic Hariri », témoigne gracieusement Justin. Nous sommes aussi surpris par le civisme des Beyrouthins. Malgré leur opulence visible, ils ne sont guère bavards. Tandis que nous sommes noyés dans les contemplations, Justin arrête un taxi pour, a-t-il dit, « un tour en ville ». Le tarif est vite négocié. Le chauffeur s'appelle Hassan, il est musulman chiite, originaire du Liban-Sud, une région largement contrôlée par les deux formations chiites, le mouvement Amel et le Hezbollah. Hassan n'a pas du tout l'allure d'un fanatique. Il a épousé une chrétienne, il fréquente les night-clubs et picole de temps à autre. Il nous propose de nous faire visiter Djounieh. « C'est une région à dominante chrétienne. Ses habitants veillent jusqu'à une heure très avancée de la nuit et les restaurants y sont en abondance », a-t-il soutenu. Après consensus, on a laissé tomber Down Town et Djounieh pour se fixer sur les Grottes de Jeita, un site touristique situé à 25 km à l'est de Beyrouth. En montant à bord du taxi, nous n'avons pas imaginé un instant que le trajet étanchera notre curiosité de journalistes. Grâce à Justin, nous avons pu écouter tout le mal que pensent les Libanais, à l'exception des chiites, de leur voisin, la Syrie. Le silence de Hassan trahit son mécontentement. Etant pro-syrien, il ne partage pas l'avis de son concitoyen maronite. « La Syrie n'a pas fait autant de mal que les Israéliens au Liban », a-t-il tranché. Justin est agacé. « Notre pays était pendant des années écumé par une main-d'œuvre envahissante au détriment de la jeunesse libanaise qui pâtit d'un chômage galopant. Le régime syrien a mis en place de puissants services de renseignements et des relais dans la société », a tonné Justin. Ce dernier terminera ses études l'année prochaine sans espoir de pouvoir décrocher un emploi. Comme la plupart des Libanais, il est très politisé malgré son jeune âge. « Je ne peux pas me permettre de rendre hommage aux Syriens qui ont longtemps joué aux pompiers pyromanes et qui sont les premiers responsables des conflits confessionnels qui se sont produits au Liban », a-t-il accusé. Justin laisse libre cours à ses propos : « Le régime des Al Assad a toujours voulu libérer son Golan à partir des frontières libanaises et avec du sang libanais. » Les élites intellectuelles et les opposants politiques n'étaient pas les seuls à avoir été filés et surveillés par les services secrets syriens. « La filature, les écoutes téléphoniques et les intimidations de tous genres étaient autant de procédés utilisés par les moukhabarate pour épier toute sensibilité politique antisyrienne », a-t-il tempêté. « Quel est le mérite des Syriens ? », s'est-il interrogé avec la candeur qui anime les Libanais. « Ils ont éliminé, ou tout au moins, marginalisé toute personnalité qui a osé parler d'unité, de liberté. Ils ont mis en place une caste de dirigeants pourris qui se sont enrichis à nos dépens, qui ont érigé la corruption en institution, ils ont construit chez eux ce qu'ils ont détruit chez nous. » Hassan garde toujours le silence tout en laissant échapper quelques légers sourires. Justin ne s'arrête pas là : « Les Al Assad et leurs collaborateurs d'ici nous ont imposé nos présidents, députés, ministres, directeurs généraux et même portiers, ils nous ont obligés à signer avec eux des traités qui nous tiennent à la gorge en nous traitant d'agents israéliens, d'isolationnistes et de vendus à l'Occident. » Le chiite tente une dérobade pour échapper à la vague déferlante du maronite. « Je pourrai, si vous voulez, vous faire visiter demain le Liban-Sud », a-t-il proposé. « Pourrait-on rencontrer les combattants du Hezbollah ? », avons-nous demandé. « Les leaders sont à Beyrouth et les guerriers se planquent à l'ombre », a-t-il répondu. Justin aurait compris la pirouette de Hassan. « La région de Djounieh vous émerveillera avec la splendeur de ses caves », a-t-il affirmé. On est arrivé au site dix minutes après l'interruption des conversations, soit vers 18 h. Plusieurs gardiens veillent au grain. La barrière de sécurité est baissée. « Le parc ferme à 17 h 30 », nous informe un gardien. Nous avons eu des pincements au cœur pour n'avoir pas pu visiter la merveille libanaise. Le chemin de retour était moins animé. Nos deux amis libanais sont restés de marbre quand ils ont su que le terrorisme a fait 200 000 morts en Algérie en l'espace de dix ans alors que la guerre civile chez eux a fait 150 000 morts en quinze ans ! Ils connaissent très peu de choses de l'Algérie. Nous leur expliquons qu'au moment où les factions politico-religieuses signaient en octobre 1989 à Taef le Document de l'entente nationale, destiné à mettre fin à la guerre civile libanaise, l'Algérie s'apprêtait à entrer dans un terrible cauchemar. Hassane nous dépose une demi-heure plus tard à Down Town, non sans insister pour nous faire visiter d'autres régions. Durant notre séjour au Liban, nous avons discuté avec nos hôtes libanais du communautarisme, du confessionalisme et de l'avenir du Liban. Le docteur Jean Karam espère, à la faveur des élections législatives, une refonte totale du système politique libanais. Avec des arguments en fer, il a remis en cause les mythes fondateurs de son pays et suggéré une refondation nationale sur des bases extraconfessionnalistes. « La survie du Liban dépend d'une nouvelle constitution qui permettra de dépasser les clivages de clans et cela passera par une véritable réconciliation nationale », a-t-il expliqué.

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