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Empreinte
Les Algéroises selon Picasso (III)
Publié dans El Watan le 16 - 06 - 2005

la tendance à consigner les trois personnages essentiels du tableau (il y en a trois versions) de Delacroix qui est arrivé en Algérie avec l'armée française en 1830 (mais il n'y restera que très peu de temps dans la mesure où il allait être chargé de réaliser les relevés topographiques et les schémas d'arpentage militaire au... Maroc dont l'occupation avait été programmée de très longue date.
Pays où il séjournera très souvent et où il peindra de superbes toiles qui cassent très vite la vision orientaliste et y ajoutera une sorte de métaphysique et de presque-remords) ; contraste sur un plan bidimensionnel avec le traitement minutieux de la grande figure appelée communément par les critiques d'art « la figure de gauche ». « La tendance ornementale, donc, atteint son paroxysme dans cette dernière composition dite de gauche : tous les plans rouges, verts, bleus et jaunes qui ont pris possession des cinq dernières toiles sont liés par l'entremise du noir et un ensemble de masse aux volumes accrus », écrit K. Gellwitz. C'est, en effet, l'exubérance par rapport aux cinq premières toiles grises. Comme si Picasso avait compris au fur et à mesure qu'il travaillait à ces Femmes d'Alger, d'après Delacroix, que la victoire de la révolution algérienne était inéluctable. La compagne du peintre avait écrit dans ses Mémoires qu'il peignait ce retable de quinze toiles en écoutant les informations sur un petit transistor... Les trois tableaux de Delacroix, repris en quinze tableaux par Picasso, étaient devenus méconnaissables. Si ce n'était le titre générique repris textuellement, on ne pourrait pas se douter qu'il s'agit d'un travail de réécriture. Peu à peu, Picasso s'était oublié et s'était éloigné du sujet de base. Ce qu'il n'a pas fait avec Millet, Cézanne, Velasquez, Monet et tant d'autres, il va oser le faire avec Delacroix. L'actualité brûlante à l'époque de la guerre qui se déroulait impitoyablement en Algérie allait aveugler Picasso. « Il était devenu hargneux, insupportable et susceptible, pendant cette période de travail sur les Femmes d'Alger », avait écrit Aragon dans Les Lettres françaises de mars 1958. Donc, peu à peu, et presque inconsciemment, Pablo Picasso s'éloignait de la trilogie de Delacroix, alors que le genre avait de tout temps ses règles et les limites qu'il ne fallait pas dépasser. Picasso était allé très (trop ?) loin. Comme s'il avait voulu effacer jusqu'aux traces de Delacroix. Le peintre en arrive alors à des solutions draconiennes. Ces « quinze paraphrases générales », comme il aimait les appeler comme un clin d'œil au Chant général de son ami Pablo Neruda, semblent être avant tout un hommage de Picasso à l'émancipation générale des peuples colonisés. L'Algérie étant mise à part et ayant la part du lion dans la mesure où elle était la seule colonie de peuplement de la France et avait l'envergure d'un peuple en lutte. Du coup, les trois tableaux de Delacroix sont devenus à peine un prétexte lié à l'actualité du moment. Ce que le peintre n'a jamais fait auparavant. Quand il peignait selon tel ou tel peintre, c'était pour lui rendre hommage. Avec Delacroix, l'hommage, qui était clair et sincère, était entaché du soupçon colonial, comme aurait pu écrire Frantz Fanon. Il était dès lors naturel que Picasso règle ses comptes politiques avec Delacroix qu'il vénérait comme un peintre novateur et qu'il détestait comme officier supérieur des renseignements militaires français de l'époque. Plus, peindre des prostituées et donner au triptyque le titre de Femmes d'Alger dans leur appartement avaient froissé Picasso qui avait un sens politique aigu de l'histoire et une vision humaniste du monde. Ce « règlement de comptes » allait donc donner ces quinze superbes toiles où l'élève prodigieux prend sa revanche sur le maître génial. Et permettre donc la relecture de cette Algérie et de ces Algériens et Algériennes, qui ont été si malmenés par la colonisation, cette « très longue nuit coloniale », plutôt ! L'Algérie vue par Picasso est alors aussi bien femme que terre ; aussi bien sang que boue ; aussi bien instinct de vie qu'instinct de douleur. Cette « mater dolorosa » allait devenir sur la toile de Picasso une forme extrême de la jubilation, une fête picturale, une logorrhée du génie à l'état pur. Une génie capable de cerner un thème tellement vrai et réel, à travers une technique, un style, un art transcendental. Unique ! C'était aussi une façon pour Pablo Picasso de réfuter toute la tradition de la peinture orientaliste qui avait fait de l'Orient une immense maison de tolérance, un éden idyllique d'odalisques rondouillardes et richement habillées (déshabillées ?). Picasso s'insurgea contre le contresens barbare de l'histoire qui fait l'essence même de l'idéologie coloniale ou impérialiste. Puis ces femmes d'Alger ressemblent tellement à celles de Guernica. C'est dire combien le peintre avait ressenti l'Algérie douloureuse de l'époque comme l'Espagne douloureuse de la période franquiste.

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