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Nicolas Tchakotine, le viol des foules
L'intégrisme est-il soluble dans la démocratie ? (II)
Publié dans El Watan le 21 - 07 - 2005

Tout d'abord disons que l'intégrisme - puisqu'il faut bien l'appeler par son nom - n'est forcément ni religieux ni encore moins exclusivement islamiste. Il existe même sous une forme institutionnelle médiocratique.
Un doctorat d'Etat en littérature et civilisation américaines (discipline rarissime chez nous) est bloqué depuis huit ans dans un département de l'université algérienne sous le fallacieux prétexte qu'il porterait sur un écrivain « intégriste » (ce qui est un non-sens !) John Eliot (1604-1690) et devait être présenté par un enseignant sérieux, rigoureux et intègre qui n'a que le tort d'être un responsable syndical national du pourtant officiel CNES (démocratie comme tu nous fais défaut !). Ce département d'anglais qui, des années durant, ne sortait des diplômés qu'au compte-gouttes n'a rien à envier à ce niveau d'obstruction, à son médiocratique voisin. Les mêmes causes produisant les mêmes effets (« asinus asinum frecat », disaient les Latins). C'est bien tout un système universitaire qui est en cause et non des individualités par ailleurs fort partagées entre d'honnêtes enseignants sérieux (une majorité silencieuse écrasée et enserrée dans des difficultés de survie qui la rend malléable, fragile et peu volontaire) et de médiocres « raboujes » (une minorité d'affairistes voyous). Un certain collègue Lyès Maïri écrivait, il y a quelques années, un pamphlet plaidant pour la fermeture de l'université algérienne. C'était déjà en 1989. Et il savait de quoi il parlait. A quand le coup de balai qui nettoiera les écuries d'Augias ? Faute de quoi, aucune réforme quelle qu'elle soit ne saurait porter de fruits, le terreau étant fondamentalement vicié et corrompu. Ni le pavot ni même le cannabis n'y pourront pousser. La fosse pour être septique n'en est pas moins stérile. Toutefois, la question de l'intégrisme fort pertinente est d'une actualité qui m'obligerait à l'évacuer ou à l'éluder en raison du projet référendaire sur la concorde nationale sur laquelle je me suis déjà exprimé. Mais il est de mon devoir d'intellectuel et de citoyen démocrate d'y répondre vaille que vaille. La question venant d'un étudiant et de quelques habitués de la Librairie El Ghazali (Abou Hamed, tient à préciser Sid Ali, et non le FM réfugié et bichonné aux frais du contribuable et qui sema la fitna chez nous), je ne saurais sous peine de me dédire et de manquement à mes engagements me soustraire d'y répondre franchement et ouvertement. Cette question ayant un lien direct avec la chronique consacrée à John Locke (El Watan du 16 juin 2005), la réponse portera quant à elle sur deux plans. D'abord, le cas concret de la société anglaise en prise avec des guerres de religion ou guerres des trois églises (presbytérisme, catholicisme et anglicanisme - 1642/1682), puis le cas plus récent de la société algérienne face à l'internationale terroriste, devenue, semble-t-il aux dernières rumeurs, une maffia trilatérale, multinationale, voire même mondialiste dans les pays d'Islam (!) et une secte réactive socio-culturelle de déclassés, de marginalisés et de revanchards et néanmoins citoyens qui ont vu humilier leurs parents confinés dans des statuts d'infériorité et souffrants de racisme, de xénophobie et de marginalisation, y compris professionnelle, dans les pays développés puritains, catholiques, intégristes hébreu ou même enragés laïcs. Afin de mieux saisir l'apport de John Locke (mais il faudra tout de même approfondir la recherche et ne pas se contenter d'une chronique assurément réductrice et insuffisante qui n'apporte que des réponses lapidaires), il y a tout lieu de souligner que le fondamentalisme libéral (c'est apparemment un paradoxe, mais seulement apparemment) trouve ses sources et ses causes dans l'histoire de l'Angleterre et de sa longue crise socio-économique et politico-religieuse entre, d'une part, la République régicide d'Olivier Cromwell (Puritan Revolution, 1642-1649 ; exécution de Charles I en 1648 ; abolition de la monarchie de droit divin ; établissement d'une dictature puritaine 1648-1658 ; proclamation de l'Habeas Corpus 1679), et d'autre part le rétablissement de la monarchie anglicane parlementaire avec Guillaume III, dit d'Orange (1689-1702). Cette monarchie parlementaire est en fait un régime où la primauté revient au Parlement qui limite le pouvoir du monarque, le contrôle et garantit aux sujets et aux citoyens les libertés individuelles essentielles. On comprend aisément la lecture intelligente et fine autant que pertinente que Locke aura pu faire de Machiavel comme penseur et stratège antiabsolutiste (et non comme on aura voulu le lire et à ce jour avec l'avènement des dictatures médiocratiques, surtout celles nées de la décolonisation). La lecture anglaise de Machiavel éclaire d'un jour nouveau le sens de son œuvre alors que la lecture française aussi bien l'absolutiste que la jacobine auront imposé l'exécrable image que l'on connaît du manipulateur, le père spirituel de Tchakotine(*). Le parlementarisme se révélait, de fait, la meilleure garantie contre l'absolutisme. La monarchie est ensuite rétablie après la mort de Cromwell et le Parlement impose alors la proclamation des libertés et des droits de la personne (1679). La monarchie devra rester anglicane jusqu'à ce que Jacques II, un Stuart, tente de rétablir le catholicisme que la société anglaise associait jusqu'alors à l'absolutisme politique. Le roi est renversé l'année suivante et le Parlement appelle Guillaume d'Orange qui prend le pouvoir en rétablissant l'anglicanisme, en respectant les prérogatives du Parlement et en s'engageant à assurer le respect des libertés. Le puritanisme anglican n'étant pas très éloigné d'une espèce d'intégrisme qui rappelle le puritanisme excessif de Cromwell (pas de joie, pas de fêtes, pas de spectacles, pas de cérémonies, pas de réjouissances), on se rend alors à l'évidence que le système anglais repose sur un savant et judicieux alliage de parlementarisme démocratique - que nos pères avaient connu avec les défuntes III et IV Républiques du temps colonial entre la Commune et le Front de salut public - et d'un intégrisme culturel et religieux - que nous avons connu il n'y a pas si longtemps et qui sous des formes soft perdure fébrilement, dixit un ancien chef d'état-major. C'est dans ce contexte de fin de guerre civile anglaise que la pensée de John Locke se forge et donne toute la mesure de cette originalité montrant combien il est séduisant d'allier des contraires en faisant toujours reposer le système de gouvernement sur la fameuse philosophie de l'équilibre apollonien, si chère aux Grecs anciens (la pensée de midi comme l'appelait A. Camus). Or, cet équilibre difficilement concevable chez les Méditerranéens, plutôt passionnément dionysiaques, illustre bien cette réflexion-question de la dissolution de l'intégrisme dans la démocratie. Mais pour que l'intégrisme se dissolve dans la démocratie, il faut impérativement que se réalise au moins une condition sine qua non, à savoir l'existence d'une société politique et civile active, mobilisée, assurée du fonctionnement démocratique et du respect des libertés fondamentales, une société qui se donne les moyens de se défendre contre les fraudes électorales, contre les sabotages économiques qui préludent à la vente des entreprises au sou symbolique, contre les démagogues de tout poil. Cela, l'Angleterre du XVIIe siècle l'avait compris et s'était donné ces moyens adéquats et indispensables pour juguler les guerres de religion par l'imposition d'une culture de tolérance et d'égalité comme aussi pour contenir les guerres politiciennes grâce à un système politique fondé sur le respect scrupuleux et intégral des libertés individuelles et sur l'indépendance des institutions garantissant la séparation des pouvoirs sans laquelle il ne saurait y avoir de démocratie. La stabilité résultant de la résolution des crises permit à l'Angleterre de devenir une société de prospérité et de développement, puis de prétendre à être une grande puissance qui, malheureusement, adopta la devise pascalienne en matière de libertés et de droits de la personne : « Vérité en deçà, erreur au-delà. » La devise ne devait, hélas, pas rester confinée dans la spatialité géographique. Elle trouva à s'appliquer jusque sur cette terre anglaise qui enfanta le premier système démocratique moderne, qui oublia pourtant que la démocratie n'est pas une affaire de peau, ni de faciès ni de statut, mais d'abord et avant tout de dignité humaine.
(*) Nicolas Tchakotine, Le Viol des foules, Gallimard NRF-Tell- Paris, réédition 2000.


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