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l'enfer à... bord
Train Oran-Alger en classe tous risques
Publié dans El Watan le 27 - 07 - 2005

Samedi 16 juillet, 7h30. Les voyageurs vers Alger se bousculent encore devant le guichet de la gare d'Oran. A un quart d'heure du départ, ils arrivent à obtenir des billets en 2e classe. La « first » affiche complet.
Un couple accompagné d'un bébé de 6 mois, résolu à prendre des places en 1re, supplie le préposé de revoir sa liste. « Sait-on jamais ! », balbutie le mari à l'adresse d'un guichetier impassible. « Inutile de me supplier, je n'ai plus de places en 1re », tranche le préposé de la SNTF. Sur les quais, les retardataires pressent le pas. Le démarrage du Rapide Oran-Alger est programmé à 7h45. L'horaire est respecté à la seconde près. A bord, la température est clémente, égalant celle de l'extérieur. Alors que le pays suffoque, Oran est mystérieusement épargnée en ce juillet caniculaire. Les voyageurs prennent d'assaut les quelques sièges inoccupés. Inutile de trop circuler dans des voitures bondées de monde. On guette la moindre place encore vide. Les plus chanceux décrochent une place du côté de la fenêtre. Là où est installé, en forme rectiligne, le système de climatisation. Comme s'ils se sont donné le mot, ils ne cessent de mettre la main dessus afin de s'assurer de la propagation de l'air comprimé. La faible fraîcheur artificielle sera de courte durée car, à une quarantaine de kilomètres d'Oran, le système tombera en panne. Le train a déjà franchi le seuil de l'enfer. Le mercure monte à une vitesse vertigineuse, dépassant les 40 degrés. Les gens protestent auprès des contrôleurs. « Au lieu de contrôler nos billets, pensez plutôt à réparer le système de climatisation. Nous suffoquons ! » L'un des contrôleurs, avec ses cheveux blancs qui lui donnent une allure d'ancien cheminot, ne semble pas apprécier l'interpellation. Il est d'autant plus gêné lorsqu'un voyageur enchaîne : « J'ai payé 700 DA (aller simple en 2e classe Oran-Alger) pour voyager à l'aise. Regardez sur le billet, c'est écrit noir sur blanc : « Confort assuré ». Le nombre des contestataires augmente.
Voyage debout
Dans de pareilles conditions, le plus stoïque des voyageurs a du mal à garder sa langue dans la poche. Un quinquagénaire hausse le ton. « Je suis accompagné de ma vieille mère de 82 ans. Nous n'avons pas trouvé de places assises. Il a fallu qu'un jeune lui cède son siège après l'avoir vue allongée à même le sol, respirant difficilement. Expliquez-moi pourquoi paye-t-on nos places pour se retrouver debout le long d'un trajet de 430 km. » Le contrôleur répond aimablement, s'efforçant d'expliquer qu'il n'en était nullement responsable. « Si les gens n'ont pas trouvé de places assises, c'est la faute au guichetier. La responsabilité incombe au chef de gare. Lui, comme ses préposés, auraient dû se conformer au nombre exact de places assises du train », se défend-il, promettant au passage de toucher un mot au technicien affecté à bord concernant la climatisation. Le train continue sa course dans une zone isolée, au milieu d'immensités de terres jaunies par un soleil de plomb. Celles-ci offrent une image similaire à celle des Hauts Plateaux sétifiens. Pas âme qui vive en dehors des quelques douars qui longent, de temps en temps, la voie ferrée. « Allah Yestar ! (que Dieu nous préserve, ndlr) », nous lance le chef de train, en nous invitant à « discuter » dans sa cabine. En aparté. Loin des passagers. « J'ai la trouille à chaque fois que je traverse ce bled perdu. J'appréhende les pannes car je ne fais pas trop confiance au matériel », confie-t-il. Vieux routier du rail, il a commencé en 1968, lorsque la SNTF était SNCFA (Société nationale des chemins de fer algériens). « A l'époque, le chemin de fer était beaucoup mieux géré malgré le système à 4 classes (la 4e classe était caractérisée par ses sièges en bois). Le rail algérien était à l'écoute du client, à l'instar de n'importe quelle compagnie européenne. Il ressemblait beaucoup au système français », dit-il. Et d'expliciter les causes qui ont mené à la décadence : « Pour la seule région de l'Ouest, pas moins de 400 voitures ont été détruites par le terrorisme. Des dizaines de locomotives ont fait aussi les frais de cette folie destructive. Le parc est de fait réduit à de vieilles machines, obsolètes, manquant aussi de maintenance », ajoute le fonctionnaire de la SNTF qui s'apprête à prendre sa retraite. « Dès qu'il franchit le seuil de la gare, un train est immédiatement emmené aux ateliers de maintenance. Il est censé être passé au peigne fin. Et là, une armée d'agents, sous la responsabilité de chefs d'équipes, est tenue de tout revoir. Réparer une lampe grillée, nettoyer les voitures, jeter un coup d'œil dans le système de climatisation, etc. Cela devrait se passer ainsi. » Cela révèle indubitablement la situation dans laquelle se débat la SNTF. Le voyage du 16 juillet 2005 est comparé à ces dessertes ferroviaires burlesques qui sillonnent la haute Egypte et que les cinéastes de Oum Dounia n'ont aucun complexe à filmer. Des mères de familles, des bébés, des vieilles personnes installés par terre. Faute de places. La tension monte d'un cran lorsque le « train d'enfer » atteint le point culminant du mercure. Les voyageurs regrettent déjà la « fournaise » de Oued T'lélat, Relizane, Oued R'hiou, trois points de passage laissés derrière. Le rapide se frotte à la banlieue « météorologique » de Chlef, localité tant redoutée et appréhendée par tous les occupants bien avant le départ.
Pas d'infirmerie à bord
Quel temps fait-il dehors ? 47, 49, 50 degrés à l'ombre ? Et à l'intérieur du train ? « 3 ou 4 degrés en sus ! », avance un agent chargé de la sécurité des trains. « On n'a pas besoin d'être météorologiste pour le savoir », ajoute-t-il. Soudain, un jeune homme se joint au groupe. « Une femme enceinte est en train de souffrir. Mais faites quelque chose, bon sang ! » Branle-bas de combat. Un passager, médecin de son état, quitte précipitamment son siège. « On dit qu'une femme enceinte a besoin d'assistance. Elle est où ? » demande-t-il. « Avez-vous une carte professionnelle ? » lui rétorque le contrôleur. L'heure n'est plus à la vérification. Le médecin de 26 ans n'a pas le temps d'aller chercher sa « carte », cachée dans son sac à dos. « Elle va bien. Son pouls bat normalement et sa tension est normale », assure-t-il. « Un train de 700 passagers doit être doté d'une infirmerie. Avec une chaleur pareille, on enregistre régulièrement des malaises, surtout chez les hypertendus », souligne-t-il. A midi, le train n'est pas encore sorti de l'enfer. Les 700 voyageurs prennent leur mal en patience, en s'efforçant de se... taire. Pas besoin de gaspiller sa salive surtout qu'il n'y a plus d'eau à la buvette. Toutefois, le silence sera rompu par un homme d'un certain âge. Frisant la dépression, il crie à qui veut l'entendre : « J'aurais aimé voir le PDG de la SNTF parmi nous ! » 13h30, arrivée à Agha-gare (Alger). Un ouf de soulagement général chez les passagers malgré la chaleur caniculaire enregistrée à cette heure-ci à Alger.


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