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Hassan Sabbâh, scènes vécues à alamut
Quand le climat s'en mêle !
Publié dans El Watan le 13 - 10 - 2005

souvent, les cassures climatiques sur la terre ferme comme sur la mer prennent l'homme au dépourvu. Bien que dévastatrices la plupart du temps, elles peuvent, parfois, être d'un grand bienfait sur le plan sociopolitique. A leur suite, on voit une nouvelle forme de vie s'installer là où l'on s'y attendait le moins.
Sans l'intervention heureuse du climat, Alamut, cette forteresse mythique bâtie sur les hauteurs donnant sur la mer Caspienne, au Nord-Ouest de la Perse, aurait pu être érigée quelque part en Afrique du Nord au XIe siècle. Certaines chroniques du Moyen Âge révèlent que Hassan Sabbâh (1035-1124), fondateur de la secte des Assassins, eut à subir le contrecoup d'un changement climatique inattendu à l'est de la Méditerranée. Le gouverneur d'Egypte de l'époque, excédé par le prêche de Sabbâh au profit de la secte ismaélite Nizârite, décida en 1081 d'expulser celui-ci vers l'Afrique du Nord, comme prélude à la ruée des tribus de Banou Hilal et de Banou Souleim. Il le mit donc à Alexandrie sur une galère à destination du Maghreb. Mais, ne voilà-t-il pas qu'une violente tempête souffla au large, contraignant ainsi le bateau à mettre le cap sur les côtes de la Syrie. Retrouvant sa liberté, mais désabusé, Sabbâh se remit à son prêche incendiaire et parvint à réunir un grand nombre de fidèles. Il finit par s'emparer de la forteresse d'Alamut et à en faire le point de ralliement de tous ceux qui ont adopté sa théorie de la gouvernance politique. Commencèrent alors des assassinats politiques organisés qui défrayèrent la chronique durant presque deux siècles. Faut-il rappeler que son sinistre modèle, bien qu'éclipsé durant des siècles, a refait surface par les temps qui courent ? Rares sont les polygraphes arabes de l'ère classique à s'être penchés, dans leurs écrits, sur de tels faits climatiques et de l'impact que ceux-ci exercent en général sur la vie de l'homme sous les différentes latitudes. On lit, sous leur plume, un tas de récits descriptifs ayant trait à la terre ferme, à certains côtés mythiques et merveilleux du commencement de la création, mais de la vie sur mer, du côté fabuleux de celle-ci. Ces mêmes écrits souffrent d'une grande indigence en dépit de la noblesse de leur style. Comme si la mer, dans toute sa vastitude et en tant que sujet littéraire et historique par excellence, n'avait pas d'existence. Du reste, on peut même s'interroger à bon droit sur le pourquoi de l'absence de la mer de la plupart des écrits littéraires et historiques arabes de l'ère classique. Pas de récits, par exemple, sur le mouvement de navigation dans l'océan Indien et en direction de l'Indonésie et des mers de Chine, alors lieux d'un échange commercial florissant et terrain propice à la propagation de la nouvelle foi. Pourtant, il y'avait beaucoup à dire sur l'immense étendue géographique et marine à l'époque du grand empire musulman. L'exemple du grand voyageur et chroniqueur andalou, Ibn Djoubair (1144-1217) en est la parfaite illustration. Il se contente, dans quelques phrases laconiques, de nous décrire la tempête qui a surpris le bateau sur lequel il voyageait en direction de la Mecque. Cela avait lieu dans le détroit de la Corse et de la Sardaigne, alors plaque tournante pour le rachat d'esclaves musulmans comme chrétiens. Cette nuit là, la tempête, cette cassure climatique, aurait pu constituer indirectement peut-être le point de départ d'une véritable étude anthropologique pour toute la Méditerranée occidentale. Autre exemple de manque d'intérêt pour les choses de la mer et des cassures climatiques d'une manière générale : Ibn Khaldoun (1332-1406) excelle en quelques phrases dans la description de la peste qui a sévi à Tunis et qui a décimé, durant sa prime jeunesse, une grande partie de la population, y compris ses propres professeurs, mais il ne dit presque rien sur le naufrage du bateau transportant les membres de sa famille à l'entrée du port d'Alexandrie. Lui, si perspicace, qui a tant voyagé sur terre comme sur mer, ne pouvait-il pas s'attarder sur le phénomène des cassures climatiques ? Pourtant, une tempête ne relève guère de la physique des quantum. On dit bien que celle-ci ne décrit pas des phénomènes, mais en prédit des résultats. On l'a vu, il a suffi d'une tempête en pleine mer pour que tout le destin de l'Afrique du Nord fasse un virage à cent quatre-vingts degrés et un virage salutaire, bien sûr ! Adresse erronée, retour à l'envoyeur, pourrait-on dire dans le cas de Hassan Sabbâh ! En effet, que pouvait-on espérer de quelqu'un qui a fait assassiner ses deux enfants dans le seul but de continuer à gouverner ? Al Makrizi (1364-1442), le plus averti peut-être d'entre tous les chroniqueurs arabes en matière de cassures climatiques, fait au XIVe siècle, la description de la famine et de la disette en Egypte en raison de la décrue des eaux du Nil. Ses écrits demeurent une source inégalée, aussi bien pour les historiens que pour les romanciers du Machrek de nos jours. On a hâte de lire, sous la plume de nos historiens, des essais traitant de l'histoire en tant que « longue durée » à la manière de l'école française des Annales, celle de Fernand Braudel, de Jacques le Goeff, de François Furet et d'autres. Emmanuel Leroy Ladurie, dans son fameux livre L'histoire du climat en l'an mille, fait une lecture sémiologique toute nouvelle du climat et de ses changements. C'est, à proprement parler, une autre dimension de l'homme dans sa faiblesse comme dans sa grandeur qui s'offre à nous et qui nous incite à ne rien négliger du macrocosme en tant que tel, et de la relation entre celui-ci et l'être humain. En bref, la tempête, triomphant de Hassan Sabbâh, a permis qu'on le veuille ou que l'on s'y refuse de changer le cours de l'histoire du Maghreb !

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