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Ce n'est pourtant pas Byzance !
Ruée des Algériens en Tunisie
Publié dans La Tribune le 28 - 08 - 2008


Photo : A. Lemili
De notre envoyé spécial à Nabeul
A. Lemili
«Selon les informations dont nous avons disposé à la fin de la saison estivale de l'année 2007, la population de Nabeul a augmenté de 300%. Celle-ci compte habituellement 40 000 âmes environ. Il est par conséquent facile de déduire que près de 120 000 touristes y ont passé les mois de juillet et août, une période où les pics d'affluence sont largement dépassés». M. Ayed Mohamed, chef de bureau du quotidien tunisien la Presse ajoutera à notre intention : «La sérénité a plané durant toute cette période sur la cité. Nos frères algériens s'intègrent facilement, avec du doigté et énormément de considération pour le mode de vie des autochtones», lesquels, est-il besoin de le préciser même si notre confrère, par correction, ne s'y attarde pas, ont besoin d'exploiter cette manne véritablement divine qui permet à tous les Tunisiens en général de vivre dans une relative dignité humaine en ce sens que la mondialisation n'a épargné personne.
Juillet et août 2008 auront marqué Nabeul par une véritable invasion d'estivants algériens venus de toutes les régions. Il suffirait pour cela de jeter un coup d'œil sur les plaques minéralogiques des véhicules en stationnement en milieu urbain, garés à côté de villas, à hauteur des plages et circulant dans les deux sens vers Hammamet pour saisir l'ampleur de l'intérêt que suscite cette partie de la Tunisie dont il est dit que le climat s'apparente à celui des villes côtières algériennes. Les personnes bien intentionnées mettent en garde déjà au niveau des postes-frontières d'autres qui s'aviseraient de choisir de s'installer à Sousse, Hammamet-Nord ou Hammamet-Sud. Quant à la capitale, elle est vivement déconseillée à juste titre. La première image qu'offre Tunis est celle d'une ville enveloppée d'un halo, un condensé d'humidité, une intense circulation sur plusieurs kilomètres parsemés de feux tricolores, entrecoupés de rails du tramway, d'un possible passage de train, de la priorité qu'il faut à chaque fois laisser aux transports collectifs mais également à la conduite désarticulée des chauffeurs de taxi peu amènes dans leur comportement mais surtout très peu portés sur le respect des règles de conduite. C'est ce que semble avoir compris nos compatriotes ou du moins ceux qui aspirent à profiter de réelles vacances et qui s'arrêtent soit à Tabarka avec cette impression d'être en Algérie sur le plan de la proximité et en Tunisie pour tout ce qu'ils ne trouvent pas au pays. Des détails sans doute mais qui pèsent tellement sur le choix de passer des vacances en terre presque pas étrangère tellement elle est voisine.
Pas de blues face à une mer si bleue
Des détails font donc la différence entre une tranche de saison estivale passée au pays et une autre en Tunisie et c'est leur assemblage qui conduit les Algériens qui s'y rendent pour la première fois à prendre la résolution souvent irréversible de ne plus partir en vacances autrement que là-bas. Un là-bas où les plages sont identiques aux nôtres et parfois même moins belles sauf qu'elles sont plus propres, des espaces où personne ne s'avisera de planter son parasol à côté du vôtre dès que l'ombre d'un doute de déranger l'effleurera, où les filles s'habillent pour aller se baigner en hidjab à côté de celles qui, exceptionnellement sur des plages populaires, font exactement le contraire en enlevant le maximum pour n'arborer que le bas. Des plages où il n'y a pas un seul sachet en plastique qui vienne casser le paysage, pas de jongleurs de plage et autre Ronaldhino à la petite semaine dont le ballon tombe à chaque fois sur le dos d'un plaisancier au moment où il s'y attend le moins, pas de bouteilles de vin, cannettes de bière, vestiges d'une beuverie homérique de la veille. Il y a peu de chances aussi d'être importuné par de nouveaux riches, des jet-setistes contre-nature qui étrennent leur dernier jet-ski, et pourtant ce ne sont pas les moyens de faire dans la frime qui manquent. Les jeux sur l'eau sont plutôt à tendance écolo : planche et barque à voile, virée sur la réplique d'un navire corsaire, envolée en parachute sur mer pour une somme modique, etc.
Mais c'est aussi cette attitude tellement ordinaire mais ô combien significative des commerçants à quelque niveau que ce soit de faire l'appoint de la monnaie à rendre aux clients et ce, au centime près. Voir des pièces de cinq centimes, dix, vingt en circulation et en obtenir le bénéfice à hauteur d'une caisse d'épicerie modeste tout comme dans celle d'une grande surface à l'image de Carrefour et/ou Géant ne peut que fournir un motif de respect pour la valeur de l'argent non dans le sens de sa valeur fiduciaire mais dans celui de la dimension humaine qui permet de le gagner et des moyens de le mériter et par extension de le dépenser à bon escient… Au programme, c'est toute une culture du rapport de l'homme, du travail, de l'effort fourni à l'argent. Ailleurs, c'est également tomber les masques et évacuer tous types de honte à sens unique, cultivés forcément à rebrousse-poil dans l'hypocrisie ambiante sinon comment expliquer que femmes, filles et hommes se ruent dans les échoppes de tatoueurs pour s'encanailler à titre temporaire en livrant qui le haut de son épaule, son pied, sa main, son tour de bras et repartir avec un encrage (harqouss) représentant une fleur de lys, un dauphin, une tête de mort, le «Che», etc.
«Acheter en Tunisie…ce que nous avions chez nous au cours des années 70»
Nos compatriotes se découvrent une âme de poète, préférant un coucher de soleil en bord de mer pour ensuite laisser éclater leur trop-plein d'énergie en soirée animant la ville de Nabeul. En la remplissant d'abord pour s'éclater dans les limites de la correction sous le regard goguenard des Nabeuliens et plus particulièrement des agents de l'ordre public très conciliants et surtout respectueux de consignes venant de haut lieu.
Au beau milieu d'une série d'hôtels classés (3 étoiles et plus) auxquels il est permis d'accéder et d'assister aux spectacles quasi quotidiens organisés pour prendre une consommation (non obligatoire car ne sont engagés que ceux qui s'attablent), les rencontres entre Algériens sont bruyantes. Réflexe grégaire par excellence, ils se retrouvent entre des gens du sud, de l'ouest, du centre et de l'est du pays par centaines sur les allées Habib Bourguiba versant sur une esplanade où il est plus que certain de retrouver toute personne dont on serait à la recherche. Nos compatriotes mettent le feu sur les lieux à partir de 22 h jusqu'à 2 h, voire 3 h du matin. S'y retrouvent des familles entières. Nul ne ferme l'œil, ni les adultes et encore moins les jeunes dans la mesure où même des enfants sont de la fête.
Les jeunes Algérois sont les plus fêtards parmi les visiteurs, les chants guerriers importés de Bologhine, du 5 Juillet, de Belcourt, donnent la chair de poule aux gens qui les regardent faire les fous. Ils entonnent sans exclusive et sous de stridents youyous des femmes des hymnes à la gloire de l'USMA, du CRB, du MCA et s'achètent une conduite en restant très fair-play les uns envers les autres. «C'est ce qui s'appelle se serrer les coudes…», nous dira un habitant de Mila visiblement ému par ce qui l'a tout de suite rapproché du pays, l'hymne national entonné par des jeunes scouts agitant l'emblème national.
Un confrère d'un grand quotidien national francophone algérien rencontré sur place aura cette explication lapidaire mais qui renseigne énormément sur l'état d'esprit qui anime des milliers, si ce n'est des millions d'Algériens à se rendre en Tunisie. «Je vous concède que chez nous les gens ne sont pas exigeants. Ils ne sont pas portés sur le clinquant et encore moins le bling-bling qui est servi jusqu'à l'overdose ici. Malheureusement, ils sont contraints de venir acheter ici ce que nous avions pour rien en Algérie jusqu'à la fin des années 70.»
Halte au poste-frontière… l'ultime brimade
Jusqu'à la fin des années 70 ! Le mot est jeté. Des villes accueillantes, des côtes chantantes et chatoyantes, le camping écologique avant terme, la vie pas très chère, tente, sac à dos, auto-stop sinon dormir en route, déplacement par bus déglingués et poussifs, relations nouvelles nouées, une vie de bohème qu'il n'est plus possible de renouveler et que même l'argent ne permet plus, à moins d'en flamber dans des palaces inaccessibles pour des prestations qui ne seront jamais égales à celles fournies en terre tunisienne pour des sommes comparativement moins importantes au bout des calculs, de tous les calculs faits et refaits.
Et comme pour fausser par anticipation un séjour agréable annoncé, les fonctionnaires de la police des frontières et les douaniers viennent en rajouter en malmenant par des procédés bureaucratiques outranciers les candidats à la sortie comme cet agent qui quitte son guichet à 7h50 du matin au motif que c'est la «fin de travail» histoire de dire qu'il faut attendre la relève, une relève qui vient évidemment à un pas de sénateur pour s'installer à répétition et entamer sa tâche selon l'humeur du moment. Leurs collègues tunisiens feront tout le contraire et pour cause et comble, du paradoxe, nous apprendrons sur place que, pour certaines fonctions toutes ces contraintes sont plus ou moins allégées pour ne pas dire que ceux qui s'en revendiquent disposent d'une relative priorité sur les autres citoyens. Les journalistes font partie de la liste et peuvent par voie de conséquence bénéficier du privilège consenti.
Un Constantinois résumera superbement la situation une fois la frontière franchie de quelques mètres et un arrêt improvisé juste pour regarder derrière soi : «A partir de cet instant, je suis en liberté provisoire.» Et c'est pour cela que Nabeul pour les jeunes Harrachis, Husseindéeens, Belcourtois, saint-eugènois régulièrement rencontrés dans les artères de la cité restera «Nabouli»… clin d'œil évidemment à Napoli.


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