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«Un nouveau gouvernement tous les 18 mois !»
Les vulnérables, cas de l'Algérie de Salah Mouhoub
Publié dans El Watan le 30 - 08 - 2010

L'économiste Salah Mouhoubi dresse un état des lieux sans complaisance sur les vulnérabilités de l'Algérie * C'est la première fois que ce genre de travail est fait sur l'Algérie.
Le constat est terrifiant : «L'Algérie est minée par toutes sortes de vulnérabilités. Elle doit absolument les surmonter pour envisager avec sérénité et assurance son avenir?» L'économiste Salah Mouhoubi a, dans Les vulnérabilités, cas de l'Algérie, paru dernièrement aux éditions ENAG, pris soin de détailler toutes les failles qui risquent de compromettre l'évolution «normale» du pays. Son diagnostic se veut sans complaisance pour éviter de tomber dans le piège des faux remèdes pour de vrais problèmes. L'Algérie, selon lui, manque de vision. «C'est une lacune qui a pour résultat de renforcer la vulnérabilité. Dans tous les cas de figure, c'est l'Etat, en dernier ressort, qui a la capacité de dessiner les perspectives d'avenir», a-t-il précisé. Il a relevé que l'Algérie a opéré «très vite» une libéralisation de ses échanges alors que la politique monétaire demeure restrictive comme l'attestent les conditions draconiennes de la politique de distribution des crédits bancaires. «Par contre, la politique budgétaire est volontariste puisque l'Etat finance lui-même les infrastructures.
Or, c'est la politique monétaire qui encourage le financement pour la création d'entreprises, et donc pour favoriser la diversification et la densification du tissu économique», a-t-il noté. Aussi, est-il constaté que l'Algérie, qui a une croissance fragile soutenue par les dépenses publiques, construit des infrastructures pour une économie moribonde ! Il reste que le pays souffre d'un déficit en infrastructures, ce qui constitue également une autre vulnérabilité. «Il est difficile à un Etat, confronté au problème des infrastructures, de concevoir et de mettre en œuvre une politique de développement puisque les bases n'existent pas. C'est ce qui explique, d'ailleurs, le retard de la très grande majorité des pays africains», a indiqué l'auteur. Selon lui, le déficit des infrastructures affaiblit l'autorité de l'Etat surtout lorsque le territoire national est vaste. «Il peut même se créer des zones de non-droit qui échappent totalement à l'Etat, faisant régner aussi l'insécurité et les politiques illégales, voire maffieuses», a-t-il insisté.
Salah Mouhoubi a illustré son propos par l'exemple de la République démocratique du Congo(RDC, ex-Zaïre) où il n'existe même pas une route reliant la capitale Kinshasa à la deuxième ville du pays, Lumumbashi. La RDC, pays riche en matières premières, connaît une situation d'instabilité chronique depuis presque vingt ans. Le déséquilibre régional crée, selon l'auteur, d'insoutenables vulnérabilités puisqu'il est à l'origine d'inégalités dans tous les domaines. Pour neutraliser ce problème, il est nécessaire, d'après lui, de concevoir une politique d'aménagement du territoire inscrite dans la durée. «L'Etat doit rationaliser ses dépenses car les programmes pour le développement régional sont coûteux pour subsister indéfiniment», a-t-il souligné. L'Algérie n'a, selon lui, pas pris toutes les précautions pour protéger son économie nationale lorsqu'elle a opté pour la libéralisation du commerce extérieur.
Par conséquent, des pans entiers de l'industrie (agroalimentaire et textile notamment) sont en crise majeure. «Demain, ce sera au tour de l'agriculture de subir les assauts de la concurrence étrangère avec la mise en œuvre de l'accord d'association avec l'Union européenne(UE), d'une part, et l'adhésion à l'OMC, d'autre part», a-t-il précisé. Les négociations agricoles entre l'Algérie et l'UE devraient commencer l'automne 2010. “L'Algérie perd aussi des emplois dans le secteur industriel plus qu'elle n'en crée. Cette libéralisation n'a pas atténué l'une des plus graves vulnérabilités du pays, à savoir la dépendance exclusive de son économie à l'égard des hydrocarbures. Elle n'a pas débouché sur la diversification et la densification de son appareil de production puisqu'elle importe tout ce qui est essentiel, nourriture, médicaments, produits industriels, armement...”, a détaillé Salah Mouhoubi. La dépendance à l'égard de l'extérieur accentue la vulnérabilité puisque le pays est resté lié aux fluctuations du marché mondial. Reprenant l'analyse du prix Nobel d'économie, Joseph E.Stiglitz, l'auteur a observé que les pays d'Asie ont réussi l'ouverture parce que leur démarche était lente et progressive.
La gestion des ressources humaines présente, d'après l'auteur, des insuffisances manifestes en Algérie renforçant la vulnérabilité du pays. Insuffisances ? «Un système éducatif aux antipodes de la mondialisation, des déperditions de cadres et apparition d'un phénomène qui tend à se généraliser à savoir la fuite des cerveaux vers l'étranger. Ce exode est très inquiétant car il affaiblit considérablement le potentiel du pays. Il pose même un problème à la sécurité nationale», a expliqué Salah Mouhoubi. Selon lui, les pays développés réussissent à obtenir des performances économiques grâce à des populations formées et éduquées. Pour Salah Mouhoubi, la politique de démocratisation de l'éducation a échoué en Algérie puisque le cinquième de la population actuelle ne sait ni lire ni écrire. Reprenant des données de l'Office national des statistiques (ONS), l'auteur a souligné que le taux d'analphabètes est effarant dans le pays. Il constitue, d'après lui, un handicap certain pour l'Algérie d'accéder à la modernité et surtout pour faire partie du club exigeant des pays émergents.
“L'Algérie n'a pas su réformer son système éducatif pour le mettre au diapason de ses mutations dans tous les domaines. C'est un système rigide, hérité du passé, miné par une idéologie surannée et tournant le dos à l'élitisme, pourtant incontournable tant dans le fonctionnement de l'économie que dans la gestion des affaires publiques», a-t-il relevé. La répartition de la population peut, selon lui, aggraver les vulnérabilités sur les plans économique, social et sécuritaire. «Une population agglutinée seulement dans une portion du territoire aura pour conséquence la détérioration des équilibres économiques et sociaux et sur la cohésion nationale», a-t-il noté. En Algérie, plus des deux tiers de la population vivent sur la bande côtière d'à peine 50 km de large du nord au sud. “Les Hauts-Plateaux sont sous-peuplés, le Sud et l'extrême Sud sont carrément vides (...) La très grande majorité de la population est installée sur les terres les plus fertiles du pays, la Mitidja et la plaine de Annaba», a-t-il précisé. Par ailleurs, Salah Mouhoubi a évoqué les vulnérabilité d'ordre institutionnel. Il a rappelé que l'Algérie a adopté cinq constitutions différentes depuis son indépendance en 1962. «Cette instabilité est source de désordres de tous genres.
Car, de la loi fondamentale découle tout le reste. Depuis 1990, l'Algérie a connu 5 chefs d'Etat et plus de 11 chefs de gouvernement. Soit un chef d'Etat tous les trois ans et demi environ et un nouveau gouvernement tous les 18 mois pratiquement. Une telle valse ne permet de réaliser aucun dessein national de construction de l'Etat de droit, de la démocratie et, surtout, il est incompatible avec l'émergence d'une économie moderne et performante», a analysé Salah Mouhoubi. L'économiste a cité les cas de la Corée du Sud, de Singapour et de Taïwan qui ont réussi à transformer leurs vulnérabilités en atouts. Des pays peu peuplés, étendus sur des surfaces réduites et pauvres en matières premières. Stables, ces pays affichaient, selon lui, une efficacité et une compétitivité unanimement reconnues grâce à leur ouverture sur le monde et à la qualité des élites politiques et économiques. «Il y a donc une nécessite vitale pour l'Algérie de reconsidérer le rôle de l'Etat dans le cadre d'une doctrine économique et sociale rénovée», a-t-il suggéré.
Diplômé en économie et en sciences politiques, Salah Mouhoubi est membre du Conseil national économique et social (CNES). Il a occupé le poste de directeur général adjoint du Centre africain d'études monétaires à Dakar et plusieurs autres postes au niveau de plusieurs ministères. Il a été également chargé de mission à la présidence de la République.


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