L'Assemblée populaire communale d'El Eulma vit au rythme du conflit latent qu'elle couve depuis plusieurs mois. Le conseil composé de 23 élus est divisé en deux groupes. Le P/APC de tendance Islah, qui tient pour l'heure les rênes, fait actuellement face à la rude opposition de onze autres membres. La défiance s'est transformée en guerre larvée. Les deux parties s'adonnent, par correspondances et par points de presse interposés, à un véritable pugilat. Saisi au sujet de la gestion de la municipalité, le wali a dépêché les 30 et 31 juillet dernier une commission d'enquête. Cette dernière vient de transmettre ses conclusions dans un document de quinze pages. El Watan, et en exclusivité, rend publics les principaux points traités par les enquêteurs qui ont épluché certains dossiers et ont entendu les différentes parties du conflit. La vérification des documents inhérents à la délibération n°79 du 28 juillet 2004 a fait ressortir des irrégularités. En effet, la promotion donnée par un élu à un autre pour le représenter dans toutes les réunions est, selon les enquêteurs, nulle et non avenue, du fait, disent-ils, que la procuration ne peut être valable que pour une seule séance. La transcription du PV minute (procès-verbal) sur le registre montre que deux personnes distinctes l'ont établi alors que le secrétaire de séance était le directeur financier. La commission constate par ailleurs qu'une feuille a été greffée sur la feuille n°108 du registre. Cette anomalie a fait, selon le même document, l'objet de déclarations contradictoires du P/APC et du secrétaire de séance. La commission met le doigt sur deux copies du même deuxième feuillet de la même délibération, n'étant, selon elle, pas identiques. Elle fait aussi part des phrases rajoutées sur la copie approuvée par le chef de daïra en date du 14 septembre 2004 sous le n°60. Concernant la location d'un bulldozer et d'un rétrochargeur appartenant à deux associés, la commission révèle que l'un d'eux, qui ne possède ni bulldozer ni rétrochargeur en son nom, joue, d'après les conclusions, le rôle d'intermédiaire. Ce qui constitue, dit la commission, une infraction très grave à la réglementation du commerce. A propos de la délibération du 15 juin 2005, de nombreuses remarques ont été transcrites par les envoyés spéciaux qui considèrent que ce jour-là, il n'y a pas eu lieu de délibération dans le sens conventionnel. En consultant le dossier de l'éclairage public, confié le 14 décembre 2004, pour un montant de 5 896 800 DA, la commission fait état de plusieurs infractions. Elle mentionne qu'aucun avis n'a été lancé. L'absence de fiche technique correspondant aux travaux a été soulignée. Le recrutement de 123 agents, l'autre point ayant fait déborder un vase trop plein, s'est, dans certains cas, effectué à l'encontre des conditions fixées par le décret n°293/95 du 30/09/1955 de l'article 11 notamment. Les enquêteurs ont cité, par ailleurs, les noms des onze élus étant derrière l'embauche de 22 agents. De son côté, le P/APC, qui a animé le 18 octobre une conférence de presse, réfute les accusations de l'opposition et dit en substance : « Si j'ai volé, ces ex-membres de l'exécutif se sont, par leur complicité, associés à cette besogne », souligne-t-il. « Ces gens qui effacent d'un trait leur implication dans la gestion des affaires durant deux années nagent dans des eaux troubles. C'est parce qu'ils n'ont pas admis leur limogeage qu'ils affabulent. La perte de privilèges fait tourner la tête à ces élus dépassés par les événements. » Le président de l'APC, qui a répondu aux questions des journalistes, ne s'est pas empêché d'ajouter : « Toutes les opérations consignées dans le rapport transmis au wali ayant dépêché une commission d'enquête ont été réalisés selon la réglementation en vigueur, avec en sus une délibération du conseil. » Le maire s'est par la suite attardé sur les points relatifs aux fournitures de bureau (consommables) et couffins de ramadan : « En matière de fournitures, les chiffres avancés sont erronés, l'APC n'a dépensé de janvier 2001 au 10 octobre 2005 que 7 516 949,79 DA. Le sensible panier de ramadan fait l'objet d'une soumission chapeautée par une commission, n'octroyant le marché qu'au moins-disant. » L'acquisition de la nacelle usagée pour la modique somme de 18 millions de centimes a permis, dit-il, à l'APC d'économiser plus de 7 millions de dinars. Concernant les travaux réalisés à l'hôpital, je persiste et signe, l'APC est plus que jamais décidée à soutenir les efforts des gestionnaires de la structure qui envisagent d'agrandir le service des hémodialysés. Les commerçants, qui ont décidé d'équiper le bloc opératoire de neurologie, ont tout notre soutien. A propos de la gestion des affaires de la municipalité, le maire estime que « le conseil se réunit régulièrement. Le boycott de la réunion du 13 octobre n'a en rien altéré les travaux. Les onze élus qui réclament la révision de la composante des commissions et l'évaluation des bilans du comité des fêtes doivent se rendre à l'évidence que le blocage préconisé, qui ne dit pas son nom, n'aide pas la commune qui aspire à mieux », conclut-il. Les antagonistes tout comme l'opinion publique attendent avec impatience et curiosité la réaction de la tutelle éclairée par le rapport susnommé ainsi que par les écrits des uns et des autres. L'expectative n'arrange personne sachant que 39 autres communes sur les 60 que compte la wilaya connaissent, nous dit-on, les mêmes turbulences que l'hôtel de ville de l'ex-Saint Arnaud.