Une nouvelle fois, Netanyahu se moque d'Obama et se paye la tête de Abbas. La construction a recommencé dans des colonies de Cisjordanie occupée hier, après l'expiration du moratoire sur la colonisation, mais les Palestiniens réservaient leur réponse sur l'avenir des pourparlers de paix. Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a affirmé à Paris que les Palestiniens se prononceraient sur la poursuite des négociations «après le 4 octobre», à l'issue de consultations avec les pays arabes. M. Abbas, qui réclame un arrêt total de la colonisation pour continuer à négocier, a souhaité qu'Israël «prolonge de trois ou quatre mois» son moratoire. Une option jusqu'à présent exclue par le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu. Sur le terrain, des bulldozers étaient à l'oeuvre dans plusieurs implantations de Cisjordanie, notamment à Adam, Ariel, Yitzhar, Karmè Tzur et Kyriat Arba, près de la ville de Hébron, haut lieu de tension entre colons et Palestiniens. Les chantiers doivent reprendre progressivement dans une dizaine d'autres implantations. «Nous allons construire mais tranquillement. Nous espérons que c'est (le moratoire) vraiment fini, que ce n'est pas une manoeuvre de Netanyahu et que nous allons pouvoir bâtir en grand, comme avant», a dit une figure des colons, Tzvi Katzover, devant le Tombeau des patriarches à Hébron, en marge d'un pèlerinage de 15 000 fidèles juifs. M. Netanyahu a résisté aux pressions des Etats-Unis et de la communauté internationale en refusant de reconduire tel quel le gel, des nouvelles constructions dans les colonies, au risque de compromettre la poursuite des discussions. Soucieux des répercussions de cette décision sur l'image d'Israël, il a toutefois appelé les colons à «faire preuve de retenue et de responsabilité» et demandé à ses ministres de maintenir un profil bas pour éviter qu'Israël soit tenu pour responsable d'un torpillage des négociations. Selon les médias israéliens, les contacts devraient continuer ces prochains jours pour trouver un compromis. Abbas dans de beaux draps Selon le quotidien Maariv, le ministre de la Défense, Ehud Barak, a examiné avec le gouvernement américain la possibilité de freiner de facto la construction, en échange d'un soutien américain sur des exigences israéliennes, en particulier la reconnaissance d'Israël par les Palestiniens comme «Etat du peuple juif» et de garanties de sécurité sur sa frontière orientale. La communauté internationale a pris acte de la non-reconduction du moratoire. Les Etats-Unis et l'ONU ont exprimé leur déception tandis que le président français, Nicolas Sarkozy, a «regretté que les appels unanimes afin de prolonger le moratoire israélien sur la colonisation n'aient pas été entendus». «La colonisation doit cesser», a-t-il ajouté à l'issue d'un déjeuner avec M. Abbas. De Damas, le chef en exil du Hamas, Khaled Mechaal, a appelé M. Abbas à cesser de négocier avec Israël. La fin du moratoire autorise toute personne ou toute institution à construire dans une implantation, si elles ont obtenu un permis il y a dix mois. Les municipalités des colonies sont également à nouveau autorisées à délivrer des permis de construire sur leurs terrains à partir du moment où les plans d'urbanisation ont été approuvés par le ministère de la Défense, en charge de la Cisjordanie occupée. La reprise des constructions, ralentie par la fête juive de Souccot jusqu'à la fin de la semaine, concerne à ce stade essentiellement des colonies isolées où plusieurs centaines de logements devraient être construits dans les prochains mois, le rythme dépendant de l'offre et de la demande. «Les acheteurs et les entrepreneurs ont été échaudés par le gel des constructions et attendent de voir venir», a déclaré Shaoul Goldstein, président du conseil des implantations du Goush Etzion, au sud de Jérusalem. Et comme à chaque fois, le président Obama et Ban Ki-moon ne font que constater les dégâts de l'arrogance israélienne. Tous les deux se sont dits «déçus» que le moratoire n'ait pas été allongé. Eh oui, quand il s'agit d'Israél, le sentiment personnel prend le dessus sur la fermeté qu'exige le droit international ou encore le statut de gendarme du monde.