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L'Etat devra abandonner son statut d'actionnaire principal
Réda Amrani. Consultant en économie industrielle
Publié dans El Watan le 12 - 11 - 2010

Le secteur industriel public peut être amélioré si l'Etat abandonne progressivement son statut d'actionnaire principal au profit de celui de régulateur du marché en Algérie puisque le secteur recèle de potentialités et de compétences, indique Réda Amrani, consultant en économie industrielle, qui propose dans cet entretien accordé à El Watan économie, d'en faire l'inventaire dans le cadre du programme quinquennal 2010-2014 pour une meilleure prise en charge des marchés publics.
- Le gouvernement compte moderniser l'outil de production, soit l'industrie algérienne, en citant les cas de la SNVI à Rouiba, du complexe de Sidi Bel Abbès, de l'usine à vélo de Guelma, de l'usine de moteurs pour moissonneuses de Constantine et d'autres entreprises industrielles. Pensez vous que cela est possible ?
Une grande partie du potentiel industriel algérien est en léthargie et n'a survécu que grâce a l'acharnement et à l'obstination dont ont fait preuve les gestionnaires et les collectifs de travailleurs. Ce type d'industrie conçu et développée à la fin des années 60 et au début des années 70 a perduré car basé sur des technologies classiques à rémanence lente sauf pour l'électronique. La production mécanique et électronique se caractérisent notamment par un savoir faire collectif et une réelle complexité technologique. Ces entreprises ont continué à s'organiser, à produire et à entrer en concurrence avec des industriels étrangers auxquels le marché algérien a été offert sans contrepartie de production industrielle locale ni de partage des connaissances et des innovations technologiques. Après une longue période de désinvestissement il est réaliste de penser que la mise à niveau de ces entreprises et le lancement d'investissements matériels et immatériels avec l'aide de partenaires étrangers de grand renom permettrait d'atteindre les objectifs annoncés. En tout cas les aptitudes des effectifs, le potentiel organisationnel, les compétences collectives et individuelles ainsi que le marché sont disponibles. Cependant l'environnement de l'investissement industriel devrait être audité et des mesures de correction et de mise à niveau devraient être prises dans les plus courts délais, l'environnement de notre économie est placée à la 134ème place dans le monde par l'étude « Doing Business » (Doing Business 2011 report, covering the period June 2009 through May 2010) de la Société Financière Internationale de la Banque Mondiale et cela ne saurait rester une fatalité. Un exemple parmi tant d'autres aujourd'hui seules 20% des entreprises algériennes utilisent les NTIC pour leurs activités techniques et commerciales alors que le e-business est devenu incontournable dans tous les pays émergents pour ne pas parler des pays développés.
- Qu'avez-vous à dire sur le secteur industriel public actuel ?
En dehors du secteur des hydrocarbures et de la production de l'énergie électrique, tous les secteurs industriels sont sinistrés faute d'investissements de mise à niveau et aussi et surtout d'amélioration qualitatif du management voire de sa motivation matérielle et immatérielle. Même les secteurs de l'agro alimentaire et des matériaux de construction qui semblent émerger du reste du potentiel industriel du secteur public seraient peu compétitifs par rapport à leur concurrents étrangers et du secteur privé local. Pendant plusieurs années les entreprises publiques ont été baladées de dossiers d'évaluation en dossiers d'évaluation et seule la privatisation sous forme de vente à des investisseurs étrangers étaient envisagée à défaut de la fermeture définitive. Une atmosphère de fin de règne s'est installée dans les entreprises publiques et leurs usines, bureaux d'études et réseaux commerciaux avec tous les phénomènes de démobilisation, de découragement des collectifs et de clochardisation de l'outil de production et de ses structures d'appui.
- Le message actuel du gouvernement envers le secteur industriel productif est quelque peu salvateur et porteur d'un réel espoir mais n'est-il pas venu un peu tard pour certaines installations industrielles ? Au-delà de 407 grandes entreprises appelées à être «redressées'' qu'en sera-t-il des autres entreprises publiques ?
Un autre défi attend les entreprises publiques, il s'agit du retard accumulé en termes de formation d'organisation et d'amélioration des compétences.
Le potentiel industriel et surtout ses infrastructures industrielles prêtes à être remises au travail ou à être restructurées totalement est effectivement disponible mais l'Etat propriétaire est- il disposé à abandonner progressivement cette mission d'actionnaire principal pour devenir un Etat régulateur de marché, notamment en suscitant des initiatives privées et des investissements risqués, alors qu'il n'a pas toujours les ressources et la flexibilité managériale que requièrent ces activités. En économie industrielle, la confusion de l'organe de gestion et de l'organe de contrôle présente parfois des synergies négatives, même si l'Etat peut demeurer un acteur-clé de l'économie, notamment dans des secteurs industriels stratégiques d'intérêt général ou d'intérêt commun. Mieux prises en mains ces infrastructures industrielles, et les compétences algériennes existent encore, peuvent donc en quelques années redevenir compétitives en termes de production, de commercialisation, et surtout de reconquête de leur marché intérieur pour affronter sereinement les marchés de l'exportation.
- Quelles sont les possibilités qui se présentent pour l'industrie algérienne actuellement ?
Notre industrie reste extravertie car une immense partie de ses inputs est importée et un grand retard s'est accumulé au niveau des industries de base chimie, pétrochimie, engrais, sidérurgie, non ferreux, automobile et industrie mécanique pourvoyeuses de biens intermédiaires pour les PMI. Il y a là un réel marché pour le gaz naturel algérien en ces périodes de concurrence du gaz non conventionnel, car ces industries sont énergétivores et permettent non seulement de pourvoir aux besoins locaux mais permettent aussi une exportation réellement maîtrisable et profitable de l'énergie sous forme de produits pétrochimiques, d'engrais, d'acier, d'aluminium, de verre et même de fibres synthétiques. Les industries manufacturières grandes pourvoyeuses de main d'œuvre sont elles aussi en léthargie que ce soit au niveau des secteurs publics et privés. Là aussi il existe des opportunités réelles de reconquête du marché intérieur et même de l'exportation à travers des partenariats que rendront possibles les investissements de mise à niveau des industries et des institutions en charge de la logistique de transport et de la normalisation (contrôle de qualité). En tout cas un immense parc d'usines bien réalisées en termes d'utilités et d'espaces de production est disponible et sa modernisation ou sa profonde restructuration permettront une reprise d'activités productives rentables dans de courts délais.
- Quelle lecture faites-vous des réformes proposées par le gouvernement en matière de marchés publics ?
Il est devenu nécessaire de déconcentrer les missions de la Commission nationale des marchés publics. Il s'agira aussi d'élargir les prérogatives des commissions de Wilaya des marchés publics afin de permettre le traitement rapide et le suivi. Le choix des membres de ces Commissions devra se baser sur l'excellence et la spécialisation. Le système partisan devant être totalement exclu dans la nomination de ces cadres supérieurs. Ces réformes du code des marchés publics doivent être suivies de celle de la Cour des Comptes afin de permettre tant au niveau national qu'au niveau des cours des comptes des Wilayas à créer et à développer un meilleur contrôle de l'octroi et de l'exécution des marchés publics. Les rapports annuels de la Cour des Comptes au niveau national et au niveau de chaque wilaya devront constituer un complément du contrôle effectué par les commissions des marchés publics lors de l'octroi des marchés et cet encadrement permettrait une amélioration du suivi et du compte rendu comme de la bonne exécution des projets financés par le Trésor public et approuvés par les commissions des marchés publics.
Avoir une étude d'avant projet définitif est une nécessité après l'étude de faisabilité pour tout projet présenté au financement public intégral ou partiel chose évidente pour tout investissement important par le secteur privé. Aujourd'hui les écarts en matière de réalisation concernent aussi les surcoûts, les délais, les malfaçons et la formation à l'exploitation et à la maintenance. L'intervention de la Caisse Nationale d'Equipement pour le Développement (CNED) devrait aussi être élargie vers la vérification que le contrôle et le suivi des réalisations par un engineering de maîtrise d'ouvrage et pris en charge par tout opérateur public qui se lance dans la réalisation et la gestion d'un investissement.
- Que vont apporter les nouvelles dispositions du code des marchés publics ?
Il faut aussi saluer les nouvelles dispositions du Code des marchés publics qui permettent au gouvernement d'utiliser les achats publics de biens et services comme la réalisation des infrastructures publiques les plus diverses pour favoriser les entreprises locales d'études, de réalisation et de production. Cela est pratiqué partout à travers le monde et permet notamment la création locale de postes d'emplois, l'émancipation technologique et le développement serein des entreprises locales à capitaux publics, privés ou mixtes.
Cette question appelle aussi un autre développement car les investissements envisagés par le plan quinquennal 2010-2014 dépasseront les 60 milliards de dollars par an dont une très large majorité d'investissements publics.
Il s'avère nécessaire de faire un vaste inventaire des potentiels algériens en études et réalisations par rapport aux besoins en la matière induits par cet immense programme quinquennal. Ce travail permettra d'identifier les écarts en termes de capacités humaines et matérielles, de booster les entreprises actuelles du secteur public comme du secteur privé et d'évaluer les besoins en formation, en investissements organisationnel et matériels ainsi qu'en besoins de partenariat technologiques et commerciaux bien ciblés. En tout état de cause pour un grand nombre de réalisations à effectuer en Algérie le nouveau code des marchés publics prévoit l'obligation de ce type d'association entre les entreprises locales et les entreprises étrangères.
Il s'agit donc pour relever ces défis de procéder à une vaste mise à niveau que je considère comme prioritaire pour toutes les entreprises d'études et/ou de réalisation à caractère national ou local en vue d'atteindre notamment l'amélioration qualitative du management et quantitative des capacités de ces entreprises d'études et/ou de réalisation. De nouveaux investissements en capacités d'études, d'engineering et de réalisation seront incontournables aussi pour assurer une offre locale ou mixte de qualité et augmenter les chances de réussite de ce vaste programme.


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