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L'entrepreneurship : Remède-choc pour la relance de la croissance et la résorption du chômage
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Publié dans El Watan le 24 - 11 - 2010

«The entreneurship spirit has proven to be the greatest force for generating wealth that the world has ever known. Entrepreneurship is the greatest engine of job creation, innovation, economic growth, and the rise of low-income communities out of poverty».
Robert Townsend
La phrase de Townsend résume à elle seule assez bien ce qu'est l'entrepreneurship et ce qu'il apporte à l'économie d'une nation. Pour lui, l'entrepreneurship a deux objectifs ou résultats majeurs : créer des richesses et des emplois qui permettent ultimement de sortir les nations à bas revenu de leur situation de pauvreté.La lutte contre le chômage et la relance de la croissance – les deux «c» considérés souvent par les économistes tantôt comme amis, tantôt comme ennemis – constituent le challenge des challenges des économies en développement en général et de l'économie algérienne en particulier.
Deux phénomènes ont contribué au cours des trois dernières décennies à accroître le premier (le chômage) et à réduire le second (la croissance) : l'arrêt presque total des investissements productifs depuis pratiquement le début des années 80 et l'augmentation du taux de croissance de la population et donc l'augmentation des flux de demandeurs d'emplois sur le marché du travail, notamment des jeunes diplômés.
Le jeu de ces deux facteurs a eu pour résultat la stagnation relative de l'économie et une augmentation substantielle du chômage, ce dernier atteignant environ 30% chez les jeunes. Pour remédier à ce double résultat, les gouvernements successifs ont créé des mécanismes tels que l'ANDI (Agence nationale de développement de l'investissement), l'Ansej (Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes), le CNAC (Caisse nationale d'assurance chômage), avec pour double objectif de :
1 - booster la croissance par la création et l'expansion d'entreprises ;
2- et réduire le chômage, notamment des jeunes diplômés. Malheureusement, ces mécanismes de nature plus administrative qu'économique n'ont constitué qu'une goutte d'eau dans l'océan des besoins de l'économie en termes de croissance et de création d'emplois.
En effet, le peu de croissance et d'emploi créé s'est fait dans les services non productifs : commerce (avec dominance du fast-food), transport urbain et immobilier. Pour que l'économie connaisse à nouveau la croissance et une baisse perceptible du chômage, le seul remède à moyen et long termes consiste à encourager l'entrepreneurship et à l'orienter vers les secteurs porteurs de croissance et d'emplois. Mais qu'est-ce que l'entrepreneurship ?
Quel est son rôle dans la relance de la croissance et la lutte contre le chômage ? Quelles sont les conditions de réussite d'une politique d'encouragement de l'entrepreneurship ? C'est à ces questions que nous tenterons de répondre dans le présent article.
Qu'est ce que l'entrepreneurship ?
On définit souvent l'entrepreneurship – ou l'entrepreneurianisme (je dis bien entrepreneurianisme et non entrepreneuriat) – comme étant la création de nouvelles entreprises. Cependant, l'entrepreneurship est un concept beaucoup plus large qui inclut bien sûr la création de nouvelles entreprises, mais aussi l'expansion des entreprises existantes. Démarrant souvent avec rien – ce n'est pas toujours le cas cependant – l'entrepreneur est celui ou celle qui crée ou agrandit une affaire, la «manage» (du mot management), tout en assumant les risques qui y sont associés (l'entrepreneur étant aussi défini comme un «risk taker»). Le mot «entrepreneurship» vient du mot français «entrepreneur» qui est défini comme celui ou celle qui fait que les choses se produisent (se réalisent).
Le terme entrepreneur est apparu dans les œuvres des physiocrates. C'est l'un d'entre eux, Richard Cantillon, dans son «Essai sur la nature du commerce en général» (1775) qui a introduit le mot pour la première fois. Jean-Baptiste Say, dans son «Traité d'économie politique» (1803) a développé, dans sa fameuse loi des débouchés, la théorie des marchés et le rôle que joue l'entrepreneur dans l'économie. Ce fut ensuite Adam Smith, dans son fameux «An Inquiry into the Nature and Causes of the Wealth of Nations» (1776) qui fera l'apologie de l'entrepreneurship et de l'entrepreneur dans ce qu'il appellera «The entrepreneurial Capitalism». Pour Smith, le libre jeu des forces du marché – les demandeurs et les entrepreneurs – assure le bon fonctionnement de l'économie à travers ce qu'il appelle «The Invisible Hand» (la main invisible).
Cependant, c'est surtout Joseph Alois Schumpeter, l'économiste américain d'origine autrichienne, qui érigera l'entrepreneur au rang de moteur de l'économie. Dans son ouvrage très connu The Theory of Economic Development, il montrera que ce qui distingue «l'entrepreneur» d'un autre homme d'affaires, c'est la «créativité» et «l'innovation». Schumpeter pense même que c'est grâce aux entrepreneurs qu'on a eu la Révolution industrielle. Il est surtout connu pour son expression «Creative Destruction» (destruction créative) par laquelle il veut dire que l'entrepreneur ne fait pas qu'inventer, mais aussi qu'il exploite ce qui a été déjà inventé (innovation).
Il distinguera cinq catégories d'activités
entrepreneuriales : innovation en produits nouveaux, innovation de marché (ouverture de nouveaux marchés), innovation dans les inputs (notamment substitution des inputs), innovation dans les nouveaux process de production (technological innovation), et l'innovation organisationnelle (managerial innovation).
L'entrepreneurship et la relance de la croissance
La création d'entreprises qui résulterait d'une politique d'encouragement de l'entrepreneurship a, comme un de ses objectifs, l'élargissement de l'appareil productif. La création d'entreprises est le moyen le plus sûr de remettre la machine économique en marche.Il faudrait cependant que la politique d'encouragement de l'entrepreneurship adoptée par le gouvernement aboutisse à une orientation des investissements vers les secteurs les plus créateurs de richesses. Malheureusement, la politique menée depuis quelques décennies consistait à laisser les entrepreneurs libres de choisir le secteur dans lequel ils veulent entrer.
Cette politique du «laisser faire» à outrance, on le sait maintenant, a conduit à la situation économique actuelle caractérisée par une floraison d'entreprises dans les secteurs de services non productifs, notamment : commerce, transports et immobilier. En dehors de quelques entreprises comme Cevital et quelques autres entreprises de dimension moyenne, la plupart de celles qui ont été créées depuis le début des années 80 concernent les services non productifs n'ayant aucun effet sur la croissance. Avec une économie essentiellement constituée d'entreprises de services non productifs, il n'y a pas beaucoup de création de richesses, au sens économique du terme.
L'économie aujourd'hui a besoin d'entreprises dans les secteurs productifs, notamment dans trois d'entre eux : industrie, TIC's (Technologies de l'information et de la communication), et le tourisme. Le premier secteur permettrait à l'économie de créer un tissu industriel et des relations interindustrielles qui assurent une intégration économique nationale, la satisfaction du marché national en biens industriels d'équipement et de consommation et pourquoi pas une exportation vers les marchés extérieurs. Le second secteur vers lequel l'entrepreneurship devrait s'orienter est celui des TIC's.
En effet, ces technologies sont utilisées aujourd'hui dans la plupart des autres secteurs, notamment le secteur industriel qu'elles permettent de dynamiser et de moderniser. Ce secteur est donc un secteur-charnière car il permet aux autres secteurs d'être au diapason de la globalisation et de l'économie de l'intelligence et de faire face à la concurrence de plus en plus dure des entreprises internationales. Les TIC's permettent aussi aux citoyens de se mettre en relation avec leurs concitoyens et les citoyens du reste du monde, augmentant ce faisant les échanges entre les continents. Le troisième secteur où l'entrepreneurship devrait être encouragé est le secteur du tourisme.
Encourager la création d'entreprises dans ce qu'on appelle dans la littérature anglosaxonne «the Hospitality Industry» (l'industrie touristique et hôtelière) permettrait de renforcer l'intégration intersectorielle déjà engagée par la relance du secteur industriel : entrainement du secteur de la construction, des transports (aériens, ferroviaires, maritimes, routiers), de l'agro-alimentaire, de l'emploi, etc. Elle permettrait aussi, et ce n'est pas le moindre résultat, une entrée de devises dans l'économie qui, à son tour, pourrait être en partie utilisée pour la relance de la croissance et qui pourrait surtout remplacer à moyen et long termes celles procurées par le secteur des hydrocarbures.
Cependant, si la liberté de création d'entreprises doit être encouragée, elle doit aussi être canalisée au sein des trois secteurs cités, vers les créneaux à fort potentiel de croissance. En effet, au sein de chacun des trois secteurs, il y a des sous-secteurs qui ont une plus forte capacité de croissance que d'autres. Il y a donc lieu d'encourager l'entrepreneur à aller vers ces sous-secteurs plutôt que vers ceux qui ont un faible potentiel de croissance. Cette thèse va en quelque sorte à l'encontre de celle selon laquelle il suffit de créer une entreprise et la croissance suivra naturellement. En d'autres termes, c'est moins la quantité d'entreprises créées qui importe que la qualité de ces entreprises et leur capacité à aller vers la phase de croissance du cycle de vie du produit. L'entrepreneur – et l'Etat qui doit l'accompagner dans son chemin vers la croissance – doit aussi avoir un autre objectif : la création d'emplois.
En effet, il se peut que le créneau choisi soit créateur de croissance mais pas créateur d'emploi. C'est le cas des secteurs dits «capital-intensive» ou «labour-saving» (c'est-à-dire qui utilisent beaucoup de capital et qui par voie de conséquence économisent du travail).
Ces secteurs maximisent la croissance mais créent très peu d'emplois. L'idéal, bien entendu, pour l'entrepreneur et pour l'économie en général est que le créneau choisi soit à la fois producteur de croissance et d'emplois.
L'entrepreneurship et la resorption du chômage
L'entrepreneurship, à travers la création d'entreprises, a pour résultat la création d'emplois, pas dans tous les cas, comme on vient de le voir, mais dans un grand nombre d'entre eux. Dans les décennies 1950 à 1980, c'était surtout le secteur industriel qui était le plus créateur d'emplois dans pratiquement tous les pays qui ont entrepris leur industrialisation. Depuis les années 1980 et surtout 1990, ce sont surtout les secteurs des services productifs – je dis bien productifs – qui sont le plus pourvoyeurs d'emplois. Dans certaines économies développées comme les Etats-Unis, ce secteur emploie plus de 75% de la population active.
Parmi ces secteurs, deux sont particulièrement connus pour leur taux de création d'emplois : le secteur des TIC's et du tourisme. Ces secteurs sont particulièrement «labour-intensive» ou «capital-saving» et se prêtent très peu à un grand machinisme à cause de leur forte teneur en «services humains». Dans ces secteurs, le produit est peut-être moins important que les services offerts aux clients. En conséquence, l'encouragement de la création d'entreprises dans ces trois secteurs (industrie, TIC's et tourisme) aurait un effet multiplicateur sur l'emploi, et par ricochet, un effet réducteur sur le chômage.
En raison de leur effet intégrateur, ces secteurs créent de l'emploi dans les industries dans lesquels ils pénètrent soit en amont soit en aval, d'où leur effet multiplicateur sur l'emploi total. Un pays comme l'Algérie a donc tout à gagner à encourager la création d'entreprises dans ces trois secteurs stratégiques qui, si cela est fait simultanément, aurait un effet cumulatif réel sur la création d'emplois et par suite sur la réduction du chômage qui reste le fléau numéro un des économies en développement en général, y compris celles dites «émergentes».
Cependant, comme nous l'avons dit pour la croissance, il n'est pas question d'encourager n'importe quelle création d'entreprises. Il faut ici aussi être sélectif et stimuler surtout les «start ups» qui ont un potentiel de recrutement élevé. Il n'est donc pas question de continuer à distribuer des avantages tous azimuts à tous les «candidats-entrepreneurs» qui choisissent l'un ou l'autre des trois secteurs-clés évoqués, mais d'encourager surtout ceux qui sélectionnent, à l'intérieur de ces secteurs, les créneaux qui ont un fort potentiel de création d'emplois.
Ce n'est qu'en appliquant une telle «discrimination positive» que l'on réussira à résorber le chômage actuel déjà trop pesant et à réduire le taux de chômage à moyen et long termes. En conséquence, l'Etat devrait arrêter de distribuer sans compter – à travers les mécanismes de l'ANDI, Ansej, CNAC, et autres – des avantages aux entrepreneurs qui choisissent des créneaux non créateurs d'emplois. Malheureusement, lorsqu'on examine les secteurs qui ont bénéficié de ces avantages depuis la création de ces mécanismes, on remarque qu'il s'agit surtout des secteurs de services non producteurs d'emplois et de croissance comme le commerce, transports et immobilier.
Comme nous l'avons vu précédemment, l'entrepreneur qui choisit un secteur et un créneau doit avoir un œil sur la croissance et un œil sur la création d'emplois. Ce choix optimal qui réalise les deux objectifs à la fois est difficile à faire – car l'entrepreneur peut être orienté soit vers la croissance, soit vers l'emploi – mais il demeure possible si une étude d'impact est bien conduite par l'entrepreneur avant de faire son choix définitif. Le choix d'un créneau porteur d'emplois est d'autant plus important qu'il existe un mythe selon lequel ce sont surtout les petites «start ups» qui créent le plus d'emplois. Des théories entières ont été développées pour appuyer cette thèse qui n'est malheureusement pas vérifiée sur le terrain.
La réalité est tout autre : le chercheur d'emploi préfère souvent—pas toujours cependant—aller vers une entreprise ayant un fort potentiel de croissance et d'emplois. A cela, il faut ajouter que dans les petites entreprises nouvelles, les salaires ne sont pas toujours alléchants ainsi que les bénéfices sociaux (assurance-maladie, sécurité sociale, etc).
Par ailleurs, les demandeurs d'emplois vont surtout vers les entreprises à forte croissance et création d'emplois car ce sont celles-là qui offrent une plus grande sécurité de l'emploi. Une fois de plus, le choix du secteur et du créneau est stratégique aussi bien pour l'entrepreneur que pour l'Etat accompagnateur.
Conditions de réussite de l'entrepreneurship : Les «4 F»
Pour encourager la création d'entreprises, il faut aussi – outre la double orientation indiquée dans les deux sections précédentes – un climat économique et politique favorable.Ce climat peut se résumer dans la mise en place d'un environnement qui favorise quatre les quatre facteurs-clés suivants – que nous appellerons les 4 F- : finances, fiscalité, foncier et formation.
Pour qu'un entrepreneur puisse réussir à passer le cap de la première phase du cycle de vie d'un produit – c'est-à-dire la phase de «démarrage» ou de «lancement» et atteindre la deuxième phase, celle de la «croissance», il a souvent besoin de capital financier. Ce capital peut venir en partie de ses propres ressources et en partie – le plus souvent la plus grande – de membres de la famille ou des banques.
Dans la plupart des pays en développement – l'Algérie incluse – les banques ne sont pas toujours prêtes à partager le risque avec les entrepreneurs. Ce qui intéresse la banque, en priorité, ce n'est pas l'effet-croissance ou l'effet-emploi que la start-up a des chances d'avoir, mais de récupérer le capital (plus l'intérêt) prêté. Il faudrait donc que les banques soient elles-mêmes encouragées à changer leur vue à court terme en une vue à plus long terme en accompagnant l'entrepreneur dans sa quête de maximiser les chances de réussite de son entreprise. Cela suppose que l'Etat crée un mécanisme qui prenne en charge l'aspect à moyen et long termes, c'est-à-dire l'aspect croissance et emplois.Pour réussir, l'entrepreneur a aussi besoin d'avantages fiscaux, notamment dans la phase de «take-off» (démarrage) qui est plus une phase de dépenses que de recettes, souvent même de pertes.
Les avantages fiscaux offerts aux entrepreneurs à travers les mécanismes actuels (ANDI , Ansej, CNAC, et autres) sont soit insuffisants, soit accordés pour une trop courte période, laissant l'entrepreneur face à lui-même au moment où il entame la phase décisive de croissance. Par ailleurs, l'entrepreneur ne connaît pas très bien les règles et procédures fiscales, ce qui rend son voyage encore plus long et complexe. L'Etat doit donc établir un système fiscal spécifique adapté à la phase de démarrage des start ups qui permet à l'entrepreneur d'aller de l'avant et d'atteindre la phase de croissance sans trop de souffrance et surtout sans se décourager et abandonner.
Le troisième frein à l'entrepreneurship est la disponibilité et le prix du foncier. Pour lancer son entreprise, l'entrepreneur a souvent – pas toujours, mais surtout pour les projets industriels et touristiques – besoin de terrain pour implanter son entreprise. Or, la situation actuelle dans le domaine du foncier est caractérisée par une totale confusion : d'abord concernant la nature et la propriété des terrains à bâtir ; ensuite dans la politique des prix de vente de ces terrains. S'il veut – comme il le dit dans les discours officiels – encourager réellement l'entrepreneurship, l'Etat doit élaborer une politique claire d'identification des terrains à bâtir et une politique des prix de vente et communiquer ces deux politiques aux entrepreneurs potentiels.Le quatrième obstacle à l'entrepreneurship est le manque — encore une fois pas dans tous les cas — de formation des entrepreneurs.
Pour éviter le risque de «mortalité» de son entreprise et maximiser ses chances de succès, l'entrepreneur doit avoir une formation suffisante dans tous les aspects qu'impliquent le lancement et le management de son entreprise.
L'entrepreneur doit, en particulier, avoir une connaissance suffisante des technologies de production de son produit, des règles et documents comptables qu'il aura à appliquer, des principes de base et outils de marketing de son produit, des règles et procédures fiscales qui lui seront applicables, des outils d'analyse financière de base, etc. L'entrepreneur a donc tout intérêt à s'informer et à se former dans les domaines du management car ce n'est que grâce à cette formation qu'il maximisera ses chances de réussite de son entreprise.
En conclusion, on peut dire sur la base de l'analyse précédente, que l'entrepreneurship est le meilleur garant de la relance de la croissance et de la création d'emploi et de la résorption du chômage à court et long termes, et par suite de la réduction de la pauvreté dans les pays en développement en général et de l'Algérie en particulier. Cependant, nous avons vu aussi qu'il y a entrepreneurship et entrepreneurship et qu'il y a lieu d'abandonner la politique de distribution tous azimuts des avantages à tous les «candidats-entrepreneurs» et s'orienter plutôt vers une politique plus sélective des types d'entrepreneurships qui encouragent la croissance et la création d'emplois.
Attention, cette politique sélective ne veut pas dire réduire les velléités de création d'entreprises – il faut toujours continuer à encourager les idées d'entreprises – mais cela signifie simplement orienter les entrepreneurs vers les secteurs les plus porteurs de croissance et d'emplois.
Cette politique doit être élaborée et appliquée strictement par l'Etat et les organismes chargés de son application. L'Etat, en second lieu, doit adopter une politique claire concernant les «4 F» (financier, foncier, fiscal et formation).
L'Etat a une responsabilité particulièrement dans les trois premiers «F» (financier, fiscal et foncier) en rendant plus «lisibles et accessibles» ces trois facteurs clés de l'entrepreneurship.
L'entrepreneur, pour sa part, doit prendre en charge le quatrième «F» (la formation) s'il veut que son entreprise dépasse la phase de démarrage et atteindre la phase de croissance et éviter le risque d'aller directement de la phase de démarrage à la phase de déclin du cycle de vie du produit. Si toutes ces conditions sont remplies, il y a de fortes chances que les objectifs de croissance, d'emplois, de résorption du chômage et de réduction de la pauvreté qui sont assignés, selon Townsend, à l'entrepreneurship, soient atteints. Se rappeler que ce n'est pas la quantité – le nombre d'entreprises – qui compte mais la qualité de ces entreprises, c'est-à-dire leur impact sur la croissance, l'emploi et la réduction de la pauvreté.


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