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Pierre Galand : "Seule une révolution démocratique peut permettre aux peuples de se réapproprier leurs droits" L'événement : les autres articles
Publié dans El Watan le 14 - 12 - 2010


Pierre Galand est le Président de la Coordination européenne pour la Palestine et de la coordination européenne de soutien au peuple sahraoui. - Qu'évoque pour vous la célébration du cinquantième anniversaire de la résolution 1514 sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux ? Elle évoque pour moi deux choses. Premièrement, une histoire : l'histoire de ces luttes populaires, de tous les sacrifices consentis par les peuples en lutte pour leur libération et la construction, petit à petit, au sein des Nations unies, après le sommet de Bandung, de tout un mouvement duquel a émané cette résolution qui est en quelque sorte la charte de la décolonisation. Deuxième aspect : elle rappelle la nécessité de marquer une halte et de faire un état des lieux. Il est important d'essayer de voir comment évolue la situation 50 ans après. Sachez qu'aujourd'hui, nous assistons à un délitement de la norme. Cela se remarque non seulement au plan international, mais aussi au niveau interne… dans beaucoup de pays. Nous assistons à une régression sur le plan social, une régression sur la manière de voir le «vivre ensemble» et la coexistence pacifique entre les peuples. - Quelles sont les conséquences de ce délitement ? Cela permet aujourd'hui à des Etats comme Israël et le Maroc d'occuper illégalement d'autres territoires malgré les interdictions et les résolutions de l'ONU dans lesquels on réaffirme sans cesse le droit du peuple palestinien d'avoir un Etat et le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Cela se produit parce que les Etats ne prennent pas les dispositions nécessaires pour que les résolutions, dont nous parlons, soient mises en œuvre et appliquées. - Voulez-vous dire que la résolution 1514 n'a pas atteint complètement ses objectifs ? Quel est, justement, le bilan que vous en faites ? Dans le cas de certains pays, elle a assurément atteint ses objectifs. L'Afrique de 2010 n'est pas celle des années 1950. C'est une Afrique qui a acquis son indépendance sur le plan politique et qui, après cela, a essayé de construire des Etats indépendants. Toutefois, cette indépendance est toujours restée fragile par le fait que le contexte international est devenu plus agressif sur les plans économique et financier. Conséquence : certains Etats dont ont attendait – avec les ressources naturelles dont ils disposent et tous les moyens qu'ils ont à leur disposition – qu'ils satisfassent allégrement les attentes et les intérêts de leur peuple ont fini par décevoir. Au Congo, par exemple, il y a encore aujourd'hui des fauteurs de guerre. Plutôt que de permettre à leur peuple d'être réellement autonome, comme le stipule la résolution 1514, ces gens préfèrent accentuer la fragilité du Congo pour pouvoir continuer à piller ses ressources. Cela prouve qu'il y a encore un travail énorme à faire. Si une page d'histoire a été remplie, eh bien, il faudrait que les gens sachent qu'une deuxième page reste aujourd'hui à écrire. - Et le travail consisterait d'abord en quoi ? A mon sens, le travail consiste à rediscuter de ce qu'était le grand projet prôné par des gens comme Salvador Allende. En un mot, il s'agit de réunir les conditions idoines pour mener une révolution démocratique pacifique, pour permettre aux peuples de se réapproprier leurs droits économiques et sociaux. - Ne s'agit-il pas aussi de permettre aux Etats d'avoir une pleine souveraineté sur leurs ressources naturelles ? Pas seulement les ressources naturelles. Il faut aussi que le principe dont vous parlez s'applique à la gestion de ces ressources et au prix des matières premières. C'est tout le projet du nouvel ordre économique international que les pays du Sud ont essayé de porter, pendant un temps, au sein de la conférence des Nations unies pour le commerce et le développement et qui a été balayé par les impératifs de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) sur le libre commerce à tout prix. Et cela s'est fait au nom de qui ? Eh bien, cela se fait au nom de quelques grandes multinationales qui contrôlent l'ensemble des marchés et qui dictent leurs conditions au développement même des pays du Sud. - Est-ce qu'en rendant à chaque fois l'«impérialisme» responsable du marasme qui sévit en Afrique, nous ne faisons pas aussi la part belle aux dictateurs en tout genre ? J'entendais récemment un éminent professeur français qui disait que le premier droit que les peuples opprimés ont acquis c'est celui d'être «auto exploités»… - Les peuples aspiraient quand même à mieux que cela en luttant pour leur indépendance… Je vous rappelle que les dirigeants aspiraient également à autre chose. Avouez quand même que lorsqu'on assassine Thomas Sankara (ancien président du Burkina Faso, ndlr) parce qu'il avait un plan pour sortir son pays du sous-développement, lorsqu'on assassine Salvador Allende parce qu'il avait un projet de société et lorsqu'on assassine Amilcar Cabral parce qu'il avait un projet de société, il y a de quoi se poser des questions. Tous ces projets de société ont toujours été combattus. Mais cela ne veut pas dire aussi que l'analyse des manquements internes ne doit pas être faite. Bien au contraire. C'est une responsabilité qui incombe non seulement aux Etats, mais particulièrement aussi aux partis politiques qui doivent veiller à la bonne gestion de l'Etat. C'est également une question de citoyenneté. Personnellement, je pense que dans tout le processus d'évolution actuel, les citoyens se doivent de prendre leurs responsabilités pour exercer pleinement leur citoyenneté et leurs droits politiques. C'est-à-dire faire en sorte que la démocratie fonctionne mieux. Mais dans le même temps, vous devez savoir qu'il y a toutes ces forces internationales qui influent négativement sur les pays en développement. Aujourd'hui, lorsque vous êtes Grec, c'est le FMI qui vous dicte les conditions de votre redressement économique. On vous oblige à faire des coupes sur tout ce qui est social. Nous sommes en train de priver le peuple grec des moyens de son bien-être et de son développement. Cela se fait, bien entendu, au profit des équilibres financiers internationaux, des banques et grands fonds de pensions. - Et qu'en est-il lorsqu'on est en Afrique ? Le raisonnement vaut aussi lorsque vous êtes en Afrique. Actuellement, le continent est en train de connaître une croissance phénoménale. Certains Etats réalisent entre 6 et 10% de croissance. C'est tout de même exceptionnel. Cela donne une perspective positive pour l'Afrique. Le continent commence à sortir de son marasme et à construire un devenir économique. Il faudrait juste veiller à ce que ce bien-être économique se fasse au profit du bien-être populaire et qu'il ne donne pas lieu à des fuites de capitaux. Il faut savoir que les grandes sociétés transnationales et les groupes privés ne pensent qu'à siphonner l'argent généré par cette croissance. Il faut aussi se méfier des lobbies de l'import-export. Sachez que dans certains pays, vous avez même des bourgeoisies compradores qui volent les actifs nationaux. C'est justement à ce niveau que les solidarités peuvent jouer pour éviter que le pire ne se produise. - L'on imagine que la société civile a aussi un rôle à jouer pour rendre possible le rêve des peuples africains... Lourde tâche. La société civile, qui est-ce finalement ? Est-ce que l'on parle des comités de solidarité comme nous les vivions il y a 50 ans, à l'exemple des luttes menées pour la libération des peuples du Sud ? Ou est-ce que l'on fait plutôt référence au monde des ONG et de l'humanitaire, etc. ? Il faut dire que quelque part les principes fondamentaux – comme le droit à la coexistence, le droit à l'indépendance, le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes – ont été faussés au nom de l'humanitaire. Ils sont présentés comme une espèce de filet de sécurité pour les peuples dans le monde. Mais dans le fond, ça ne leur donne aucun droit. Personnellement, je plaide d'abord pour que la société civile refasse une analyse de ce que sont aujourd'hui les rapports sociaux mondiaux. Cette analyse se fait en partie dans les forums sociaux mondiaux. Il y en aura d'ailleurs un qui se tiendra en février 2011 à Dakar. J'espère qu'on continuera, dans cet espace-là, à voir des groupes du Nord et du Sud faire des échanges. Ce vœu est surtout formulé à l'adresse des groupes de paysans qui s'y sont formés. Il y a de réelles articulations qui sont en train de se créer. Il est important d'avoir une conception un peu plus avancée de ce que sont les droits fondamentaux et les droits des peuples. Il faut dire que ces droits ont été un peu gommés au profit d'une vision très limitée de ce qu'est la liberté, «ma liberté» plutôt que la liberté collective qui permet de réelles avancées sociales, culturelles et économiques.

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