Ala DGED, le contre-espionnage marocain, c'est forcément une mauvaise nouvelle qui devrait froisser tout le monde : le Front Polisario, par la voix autorisée du ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek, a démenti formellement que les trafiquants de drogue arrêtés il y a dix jours (le 9 décembre) au Mali et en Mauritanie soient issus de ses rangs. Le Polisario dément catégoriquement tout lien, de près ou de loin, avec Al Qaîda, le terrorisme et la drogue et tous genres de pratiques immorales», a répondu sans ambages le chef de la diplomatie sahraouie à une question d'El Watan lors de son passage hier au forum d'El Moudjahid. Pour le ministre, cette affaire est «cousue par les services de la DGED dirigée par Mohamed Yassine Mansouri» et qui vise à établir coûte que coûte le lien entre Al Qaîda, les trafiquants de drogue et le Polisario afin de discréditer ce dernier. Raté, selon M. Salek, précisant que non seulement les éléments de la bande arrêtée n'ont rien à voir avec le Polisario mais plus encore, «sont des Maliens». «Tout le monde sait que les noms de tous les habitants de la région sahélo-saharienne se ressemblent, que ce soit au Mali, en Mauritanie, au Niger ou bien au Sahara occidental. Mais, à présent, tous les Sahraouis — comprendre les habitants du désert — sont estampillés systématiquement Polisario, a fortiori quand ils versent dans la drogue et le terrorisme !» Pour le ministre des Affaires étrangères de la RASD, les informations rapportées par une grande agence de presse citant des «sources sécuritaires au Mali» sont dénuées de tout fondement. «C'est une manipulation des services marocains, pour accréditer leur thèse selon laquelle le Polisario est lié à Al Qaîda et par là même discréditer son combat pour l'autodétermination aux yeux de la communauté internationale», souligne M. Salek. Fausses liaisons, vraie manipulation Il en veut pour preuve que le démenti envoyé à l'agence «n'a pas été diffusé». Le MAE sahraoui affirme en outre que le Maroc s'active «depuis trois ans avec les Etats-Unis» dans la région du Sahel et du Sahara à créer des «lobbies et des pseudo centres reliés à la DGED avec pour mission de trouver des liens entre le Polisario et Al Qaîda». M. Ould Salek, nullement affecté par cet énième «coup fourré» des services marocains, martèle que son mouvement se situe de l'autre côté de la barrière : «Qu'il soit clair, le Polisario condamne le terrorisme et ses crimes abominables et nous sommes un élément de stabilité et non pas source d'insécurité !» Le diplomate sahraoui jette même la pierre au Maroc qu'il qualifie de «plaque tournante de la drogue». «Imaginez la situation si le Polisario laissait passer les tonnes de drogue en provenance de l'Amérique latine via l'Afrique de l'Ouest traverser les territoires libérés ? s'interroge M. Salek, précisant que l'Armée de Libération du Sahara stationnée derrière le ‘‘mur défensif'', empêche l'infiltration des trafiquants de drogue du côté marocain.» «Sans nos militaires, se serait la catastrophe !» tonne le diplomate qui dit connaître le mode opératoire des services marocains pour désigner du doigt le Polisario. Il faut rappeler que des «sources sécuritaires» maliennes ont prétendu, rapporte une agence de presse, qu'une bonne partie du groupe de trafiquants de drogue «lié à Al Qaîda» démantelé est issue soit du Polisario ou des camps de réfugiés de Tindouf. Pis encore, le nommé Soultani Ould Ahmadou Ould Baddi y est présenté comme étant le chef de la bande et «cadre du Polisario». Les journaux marocains et les sites internet visiblement bien «briefés» donnent même les pseudonymes de chacun des éléments de la bande !