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Les forçats de la pierre
Tizi Tghidhet (Yakouren)
Publié dans El Watan le 19 - 11 - 2005

La réputation de notre village est due à la production de la pierre, un matériau dont la demande est de plus en plus grandissante », vante Farid, un habitant du village de Tizi Tghidhet, appelé également Tizi Boudghagh.
En empruntant la RN12 reliant Tizi Ouzou à Béjaïa, nous apparaît ce village reconnaissable par les milliers de pièces de pierre étalées en amas des deux côtés de la route sur des centaines de mètres. Cela a fait de ce village un véritable marché de la pierre. Sa renommée fait que des extracteurs des autres communes vendent leurs marchandises pour les revendeurs de ce village, en l'occurrence les communes d'Ifigha et Adekar. Salah, qui est extracteur et revendeur, nous dit que la production de la pierre est un secteur à promouvoir, puisque des sommes colossales d'argent y sont investies. « La demande de la pierre s'amplifie de plus en plus, notamment par les grandes sociétés, à l'instar de Cevital, Danone et Ifri qui ont fait de ce matériau un objet d'ornement très prisé. Mon capital dépasse les 700 000 DA, généré par le travail de la pierre que j'ai débuté en 1996. » Parfois, c'est toute la route qui est engorgée par les camions de gros tonnage attendant leur chargement. « Ils viennent de toutes les wilayas du pays et reviennent régulièrement, ce qui fait la renommée de notre production. La majorité des chauffeurs sont des revendeurs en provenance de l'Est, de Barika, de Takout (Batna) et de Sétif », ajoute-t-on. Les jeunes, qui représentent la majorité écrasante de ce village, tiennent éperdument à ce métier. Avec le problème du chômage qu'endure la commune, soit 70% de la population, les jeunes ne trouvent aucun autre métier que celui d'extraire la pierre, hérité de leurs grands-parents. Une trentaine de masses, cet outil indispensable, des marteaux et une forte corpulence suffisent pour gagner sa place parmi les anciens « forçats ». L'essentiel reste de choisir la bonne roche pour l'écouler rapidement une fois découpée. Ils ont investi la forêt d'Akfadou là où existe la roche de qualité. Farid nous décompte une dizaine de sites d'extraction, dont on a retenu seulement Agoulmim, Amdik-Bwakli et Tamajart.
Un marché national
Le choix de la roche s'effectue en premier avec quelques coups de marteau. Une fois choisie, les travailleurs entament l'enlèvement des panneaux à l'aide des masses de 4 kilos puis de 6, disent les jeunes rencontrés au village. Le panneau levé sera découpé en pièces variant entre 8 et 11 kilos. A noter que « pour résister aux coups de marteau, il faut être robuste », ajoute Farid en souriant. La vente se fait sur place à 45 DA la pièce, le reste est à la charge des revendeurs qui louent des tracteurs à longueur de journée pour acheminer la production achetée vers le « marché » du village et l'exposer sur le talus. « On paye les débardeurs, y compris les ouvriers qui ont chargé et déchargé la pierre à un prix variant entre 1000 et 2000 DA, selon la distance », explique Mohand, qui nous a aussi donné une fourchette sur l'ensemble des prix affichés sur le marché. « Les prix intéressants amènent les villageois à ce métier pourtant très ardu. Les prix varient selon la couleur et la compacité de la pierre. La blanche par exemple est cédée entre 65 et 75 DA la pièce. La pierre mouchetée de jaune et de blanc est cédée de 65 à 80 DA. La pierre qui reste un produit luxueux sur le marché est la rose qui est vendue à un prix allant jusqu'à 160 DA. Sa demande se réduit à de petites quantités. Cependant, les revendeurs préfèrent surtout la pierre tuf cédée à bas prix, soit 60 DA la pièce, parce qu'elle est facile à tailler d'où l'économie de disques à meule. » Le chargement est généralement effectué par des collégiens, lycéens ou même par des universitaires qui travaillent les jours fériés, les week-ends et pendant les vacances pour gagner de l'argent de poche. 200 DA pour un chargement sur tracteur et plus de 300 si l'on fait sur un camion, dit-on. Quant aux revendeurs, le capital grimpe en flèche. Pour 2000 pièces vendues en moyenne par jour le chiffre d'affaire tourne au tour des 175 000 DA. Un montant qui fait rêver une dizaine d'extracteurs voulant se reconvertir en revendeurs. Mais cela ne dure pas. Ils sont confrontés quotidiennement à beaucoup de risques. Le plus redouté est celui d'érosion qui peut survenir au moment de l'enlèvement de la roche.
Les forestiers aux trousses
Des fois, la masse se détache du manche et frappe brutalement l'extracteur sur son visage ou sur sa poitrine. « Pas de couverture sociale ni de prise en charge médicale. Un accident inopiné survenu lors de cette tâche a failli coûter la vie à mon associé. Ses chevilles sont écrasées. Il a dès lors cessé de travailler », déclare Farid. Quant à Hakim, il a préféré travailler dans le dispositif du filet social à 3000 DA que de crapahuter sur les collines rocailleuses. Il a attrapé une hernie discale pendant les années passées à extraire la pierre. « Ma colonne vertébrale a cédé au poids d'une pierre de 10 kilos que j'ai maladroitement soulevée. » A côté de lui, un jeune peu prolixe, nous révèle que son frère a frôlé la mort et qu'il a occupé une chaise roulante pendant 2 ans. « Il a fait une chute vertigineuse sur une roche de plus 6 m de hauteur. On le croyait mort, ce n'est qu'après trente minutes qu'on s'est rendu compte de sa survie. Sa mâchoire a été déboîtée et ses jambes ont été gravement atteintes. Les villageois très touchés par cet accident nous ont fait une quête pour le prendre en charge. » Maintenant que son état s'est amélioré, il a repris le travail et s'est mis à couper et à vendre la pierre, subsistance oblige. Même s'il prend des précautions maximales, le souvenir de son accident est gravé dans sa mémoire. En quittant ce village, un jeune nous a interpellé sur les problèmes qu'ils rencontrent avec les services forestiers qui les accusent de pillage. Au passage, il nous dit qu'il souhaite avoir un poste en dehors de celui de la pierre et mener une vie meilleure que celle des forçats.


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