C'est une bonne chose, mais cela reste temporaire. Les violences risquent de reprendre à chaque fois que l'Etat veut imposer ses lois». C'est en ces termes que les commerçants détaillants et grossistes que nous avons interrogés voient les mesures d'apaisement annoncées par Mustapha Benbada, ministre du Commerce, annulant les procédures obligatoires régissant les transactions commerciales.«Nous sommes les premiers à être lésés par ces mesures, quand bien même profitables pour l'économie nationale», a-t-il enchaîné. Plusieurs commerçants détaillants partagent cet avis et saluent l'intervention du ministre du Commerce considérée «louable». Les commerçants espèrent qu'avec la «trêve» annoncée par le ministère du Commerce, l'hostilité des jeunes chauffés par la colère suite à la dernière hausse des prix cessera, à leur égard, car, disent-ils : «Nous avons subi ces augmentations comme tout le monde, c'est la règle du marché». Un commerçant exerçant à Belouizdad n'a pas manqué de souligner que des pénuries ont été créées volontairement par certains grossistes et des intermédiaires afin de tirer profit de cette hausse des prix. «Mais le consommateur ne devrait pas condamner tous les commerçants. L'anarchie qui régnait en maîtresse dans le secteur a fait que le contrôle du marché est impossible et que ceux qui travaillent dans le respect des lois sont tous lésés par ces pratiques illicites», nous a expliqué un détaillant d'Alger-Centre. Pour certains commerçants grossistes, imposer des mesures pour le contrôle et la traçabilité des produits «n'a jamais été un souci». Au contraire, disent les commerçants, «cela permettra de mettre un peu d'ordre dans le circuit commercial et mettra fin au commerce informel, pour peu que les mesures soient applicables sur tout le monde». Les représentants des commerçants, dont l'UGCAA Union générale des commerçants et artisans, dénoncent la «manipulation» du cours des événements. «Les commerçants grossistes ou détaillants ont subi ces augmentations et les ont répercutées sur le consommateur.» L'UGCAA, par la voix de M. Boulenouar, estime que l'Etat devrait continuer à appliquer les procédures décrétées dernièrement, et que les commerçants n'ont à aucun moment revendiqué le contraire. La «trêve» décidée par M. Benbada réglera le problème temporairement, mais les partisans de l'anarchie frapperont à chaque fois que l'Etat voudra faire respecter ses lois. L'UGCAA a en outre instruit les grossistes à s'approvisionner directement auprès des producteurs ou des importateurs pour éviter la spéculation sur les prix. Une rencontre se tiendra, selon le porte-parole de la même organisation, aujourd'hui à Sétif, entre les représentants des commerçants pour trouver des solutions et «éviter que les commerçants ne tombent dans le piège de la manipulation».
