Plus de la moitié des 36 familles relogées dans ce site vivent le calvaire dans ce qui devait être leurs nouveaux logements. «Ils nous ont trahi !». C'était avec cette expression que nous avons été accueillis par des familles relogées, il y a près d'un mois, à la cité Fatma Zohra Boussalem, dans la commune de Douéra. La joie de quitter les chalets de Bateau-Cassé n'a duré que quelques minutes. Leurs logements se sont avérés, dans leur majorité, «inhabitables et rien ne les différencie des chalets de Bordj El Kiffan», se lamente une mère de famille. Invités à visiter un F3, sis au rez-de-chaussée, nous avons découvert, à notre grand étonnement, un appartement plutôt désagréable et peu confortable. Des fuites d'eau qui proviennent du plafond de la salle de bains, d'autres fuites jaillissent du plancher, le niveau du carrelage est disproportionné, les cloisons fragiles, la cuisine inachevée, des raccordements d'AEP mal faits, un réseau d'assainissement bouché et des chambres exiguës. Au dernier étage, une occupante d'un F2 raconte, la mort dans l'âme, que son appartement a été inondé lors des dernières pluies. «La dalle est perméable, on dirait qu'elle a été réalisé avec du carton et non avec du ciment !», s'est-elle exclamée. Les habitants affirment que tous les appartements connaissent des problèmes liés à des défauts de réalisation. «Les eaux usées de chacun d'entre nous sont déversées sur le voisin de l'étage inférieur et ce, à cause de défauts dans l'installation des réseaux», se plaignent-ils. Ainsi, plus de la moitié des 36 familles relogées dans ce site vivent le calvaire dans ce qui devait être leurs nouveaux logements. «Ma famille est composée de 10 personnes, j'ai bénéficié d'un F3 avec des pièces anormalement exiguës», s'est plaint un père de famille. Un autre citoyen bénéficiaire d'un F2 a indiqué que son appartement n'est qu'un F1 transformé en un deux pièces. Faute de travaux d'aménagement des espaces limitrophes aux immeubles, les habitants craignent le débordement des eaux pluviales. Un mur de soutènement a été réalisé du côté supérieur des bâtiments, mais sans que les habitants soient rassurés. «Regardez, contrairement à nos immeubles, les rez-de-chaussée des anciennes bâtisses ont été aménagés en locaux commerciaux, et non pas en appartements d'habitation ; pourtant, ils sont moins exposés au risque d'inondation», fait remarquer un autre résidant. Face à cette situation, plusieurs familles ont introduit des recours auprès de toutes les autorités compétentes, mais sans qu'aucune réaction ne vienne les délivrer de leur cauchemar. «Jamais je ne resterai dans cette cité, j'ai laissé mes bagages dans la maison de ma sœur, l'appartement est tellement exigu qu'il ne peut pas les contenir. J'ai surtout peur pour la santé de mes enfants, c'est infect ici…», dénonce une résidante, ajoutant que «les services de la circonscription administrative de Zéralda ont promis d'envoyer des équipes pour effectuer les travaux manquants et réparer les défauts, hélas, personne n'est venu, ils nous ont abandonné.» Outrés par l'indifférence des autorités et déçus par le mauvais état de leurs nouveaux logements, plusieurs habitants nous ont signifié leur volonté de regagner leurs chalets. «Ici ou là-bas, c'est du pareil au même», dira, désenchanté, un homme d'un certain âge.