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Brésil : Une «utopie réalisable» pour l'Algérie ?
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Publié dans El Watan le 03 - 03 - 2011

La transposition «brute» d'un modèle de développement économique et social florissant sous d'autres cieux, à un contexte macro et micro économique national «boiteux», relève, a priori, de l'utopie.
D'ailleurs, tous les experts et les économistes, quelles que soient leurs sensibilités, s'accordent à penser quasi-unanimement que les spécificités de notre culture, de notre régime politique, ainsi que de notre passé historique, rendraient toute tentative d'imitation «systémique extranationale», contreproductive, dénuée de sens, et serait par voie de conséquence une illustration (une de plus ?) de l'incompétence «crasse» de nos dirigeants.
Par contre, l'inspiration que pourrait susciter et engendrer, chez nous, le développement exponentiel de pays émergents, tels que le Brésil notamment, est potentiellement possible. Effectivement, par certains aspects «naturels», démographiques et paradoxalement culturels (peuple fervent catholique), ce pays peut se rapprocher, toutes proportions gardées, du «cas pathologique» algérien !
Le bilan de Lula
L'élection récente de Dilma Rousseff, première femme présidente de la République brésilienne (ce qui n'est pas mince !), consacra incontestablement les 8 ans de gouvernance du Président le plus populaire au monde (84% d'opinions favorables) Lula da Silva. Certes, celle-ci fut marquée par des hauts et des bas, mais l'opinion publique internationale retiendra sa volonté farouche de faire reculer la pauvreté et les inégalités sociales, de désenclaver les «favelas» (bidonvilles), d'étendre le champ des libertés ; de renforcer le fonctionnement démocratique, via la participation citoyenne à la décision publique ; de redonner espoir à une jeunesse désenchantée, caractérisée par l'expression terrifiante d'une violence exacerbée (sujet d'actualité !) ; tout cela, en ayant comme souci permanent de continuer à «muscler» l'appareil productif brésilien, le stimulant notamment par l'investissement étranger.
Aussi, en exploitant, à bon escient, ses ressources naturelles diverses et variées (dont regorge notre pays d'ailleurs !), et ce, en maîtrisant les équilibres budgétaires. Bref, une alliance étroite, entre compétitivité économique et progrès social. Résultat, le Brésil est aujourd'hui la 8e économie mondiale. Le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté a baissé de 20 millions, sur une population globale de 190 millions d'habitants. La croissance du produit intérieur brut (PIB) est en moyenne de 8%. Celui-ci atteint aujourd'hui 2000 milliards de dollars US, le revenu moyen par habitant est de 10 600 dollars US, la valeur du real (monnaie brésilienne) a doublé face au dollar. Les inégalités ont sensiblement diminué ; preuve en est, les revenus des 10% les plus pauvres ont augmenté cinq fois plus vite que ceux des 10% les plus favorisés, l'inflation a été maîtrisée, le chômage n'a jamais été aussi bas (8%) et l'illettrisme a considérablement chuté ; sans oublier que 29 millions de Brésiliens ont rejoint la classe moyenne, ce qui est déterminant pour le dynamisme de l'économie de marché (la demande), et ce, en plus d'un commerce extérieur excédentaire.
Résultats spectaculaires pour un pays qui était au bord de la faillite économique en 2002 (avant l'arrivée de Lula au pouvoir), «sauvé» in extremis par «l'aide philanthropique» du Fonds monétaire international (FMI), «aide» qui s'éleva à 30 milliards de dollars. Ironie du sort, c'est aujourd'hui le Brésil qui prête de l'argent au «gentil» FMI !
La situation économique et sociale en Algérie
En opposition et par effet de contraste, les chiffres de l'économie algérienne sont beaucoup moins reluisants. Un produit intérieur brut (PIB) qui atteint difficilement les 160 milliards de dollars en 2010, une croissance économique qui peine à décoller, 3% en moyenne par an, le revenu moyen par habitant est environ de 5000 dollars US ; si ce chiffre peut paraître «honorable» au premier abord, il faut rappeler que ce dernier est «gonflé» par la rente pétrolière. De plus, il masque, en grande partie, des inégalités sociales qui ne cessent de se creuser. Le taux de chômage, quant à lui, atteint selon les statistiques «officielles» 12%, et l'inflation des produits de première nécessité a du mal à être maîtrisée. Nonobstant ces résultats décevants, une analogie reste d'actualité entre le Brésil et l'Algérie, sur beaucoup d'aspects et de paramètres.
Les similitudes
A titre de comparaison, sur le plan démographique pour commencer, les similitudes sont frappantes. La proportion de jeunes de moins de 30 ans par rapport à la population globale est d'environ 60% au Brésil, 65% en Algérie. L'âge médian de la population est de 28 ans au Brésil, 26 ans en Algérie. Le taux de croissance de la population est de 1.1% au Brésil, 1.7% en Algérie. La part de la population urbaine est de 80% au Brésil, 65% en Algérie. Sur le plan éducatif, les différences en matière de niveau de développement, entre les deux pays, commencent légèrement à se faire ressentir. En effet, le taux d'alphabétisation est de 88% au Brésil, 70% en Algérie, le nombre moyen d'années passées à l'école est de 15 ans au Brésil, 13 ans en Algérie ; en ce qui concerne les ressources naturelles, même si elles sont de natures différentes, celles-ci sont très importantes dans les deux pays.
L'Algérie est riche comme chacun sait, de son énergie fossile (pétrole, gaz), mais aussi de son énergie solaire, inexploitée du reste ; néanmoins, des projets importants visant à combler ce déficit sont en cours de réalisation (DESERTEC). Par ailleurs, notre pays dispose de quantités plus ou moins importantes de certains métaux (fer, zinc, etc.). Quant au Brésil, sa principale source de richesses naturelles se trouve bien évidemment en Amazonie, qui regorge de matières premières de toutes sortes (platine, uranium, pétrole, phosphates, bois de construction, énergie hydraulique...). Au niveau agricole, le Brésil a un avantage certain, lié au climat qui est le sien (tropical) et par conséquent à la fertilité de ses terres, même si la part de l'agriculture ne représente que 6,1% de son produit intérieur brut (PIB).
Toutefois, elle reste une grande puissance d'exportation agricole. Effectivement, certaines cultures commerciales, telles que le soja ou la canne à sucre (utilisée en particulier pour l'éthanol qui sert de biocarburant) sont en plein essor.
Pour ce qui est de l'Algérie, la part de la valeur ajoutée agricole dans le PIB est de 10,1%. Au demeurant, le secteur de l'agriculture est en plein développement et dispose d'énormes potentiels en termes de parcelles agricoles (Mitidja, Seybouse, Soummam, les Hauts-Plateaux, Touat, Biskra, etc.). Malheureusement, le stade de l'autosuffisance est loin d'être atteint pour l'instant.
Les différences
Sur le plan de la dynamique économique, la différence majeure entre les deux systèmes réside dans la capacité de l'un (le Brésil) à attirer les investissements directs étrangers (IDE), et à les instrumenter comme moteur de croissance économique, et de création d'emplois et d'activités ; et dans l'incapacité de l'autre (l'Algérie) à attirer et à capter ces mêmes IDE.
Ce désavantage peut s'expliquer par plusieurs facteurs, dont celui qui paraît essentiel et incontestable, à savoir le choix de politique et d'orientation économique. Faut-il rappeler, à ce propos, que la loi de finances complémentaire 2009, votée au Parlement par la majorité présidentielle, a été décriée par beaucoup d'économistes, lui reprochant en partie de choisir la «mauvaise voie», celle du «protectionnisme», voire du «patriotisme économique» qui pourrait constituer un obstacle, et par ricochet freiner les potentiels investissements directs étrangers (IDE).
En effet, selon le chef de mission du Fonds monétaire international (FMI), Jeol Toujas-Bernate, l'Algérie aurait enregistré une baisse des investissements étrangers de 60% en 2009 par rapport à 2008. Le Brésil, quant à lui, a consolidé ses conditions d'attractivité aux yeux des investisseurs étrangers. Il suffit d'analyser les tendances de ces investissements, qui sont de plus en plus diversifiés. D'ailleurs, le stock d'IDE en 2009 a atteint 408 000 millions de dollars US ; ce qui atteste de la réussite des plans menés par Lula, visant à attirer les investissements étrangers. C'est en partie cela qui pourrait expliquer la courbe ascendante que suit le Brésil actuellement, sur le plan économique et social, en opposition à la stagnation, voire la régression que vit et subit en ce moment l'Algérie sur ces mêmes plans.
Les grandes divergences
Par contre, là où la comparaison prend tout son sens, car elle se décline de façon divergente, voire antinomique entre les deux pays, c'est celle qui concerne le sujet délicat du pluralisme médiatique et démocratique. Le Brésil a choisi clairement la voie du libéralisme politique : 293 quotidiens de presse, 218 chaînes privées, 2000 radios indépendantes, des élections transparentes, une représentation nationale réellement démocratique, des syndicats autonomes, un recours à la démocratie directe via des comités de quartier, qui élisent leurs représentants, qui siègent dans les différents parlements, etc.
L'Algérie, elle, a choisi une autre voie depuis son indépendance, et même si des efforts et des progrès ont été accomplis depuis, particulièrement dans le domaine de la presse écrite, le chemin à parcourir reste encore long : refus de l'ouverture et de la libéralisation du champ médiatique, restriction des libertés d'expression, interdiction à peine voilée d'une expression syndicale autonome, conception monopolistique du fonctionnement de l'économie, manque de cohérence et de visibilité dans le fonctionnement des collectivités locales et territoriales, procédés de financement des partis politiques visant à empêcher délibérément l'avènement d'une vraie opposition, etc.
De la nécessité d'un sursaut national
C'est pour ces raisons et d'autres encore qu'une réussite, aussi exceptionnelle soit-elle que celle du Brésil, qui pourrait d'ailleurs légitimement laisser rêveur, devrait au contraire déclencher chez nous, et en nous Algériens, un sursaut et une prise de conscience généralisée, de nos élites notamment ; car les facteurs de développements potentiels de notre pays, et ceux des grands pays émergents ne sont pas si différents que cela. En effet, si on prend la peine de les regarder et de les analyser de plus près, l'on constatera que c'est la «philosophie» politique choisie (démocratie) qui fait la différence et qui a permis, en partie, à ces pays précisément d'émerger – mis à part la Chine qui est un «cas» particulier.


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