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La mendicité, une profession
Moussa, Ouarda, Karima et les autres
Publié dans El Watan le 09 - 03 - 2011

Vrai, dans notre pays si riche, il y a de la misère l Et il y a aussi ceux qui en font, toute honte bue, un fonds de commerce.
Beaucoup a été dit sur ces gens qui squattent les trottoirs du boulevard principal de la ville, s'adonnant à la mendicité. Nous avons tenté plusieurs fois de les approcher, mais, à chaque fois, nous avons été repoussés. «Laissez-moi tranquille, je n'ai rien à vous dire», répondaient certains tandis que d'autres nous lançaient: «Vous croyez qu'on se plaît à se faire humilier tout le temps comme ça?» Mais pour en savoir plus, nous avons saisi l'occasion qui nous a été récemment donnée de sortir avec la commission de wilaya chargée de l'assistance aux SDF et de la lutte contre le vagabondage et la mendicité. Tôt le matin, escortés par la police, nous avons pris place dans l'ambulance municipale avec Anouar, un jeune employé du filet social. Le véhicule prend la direction du boulevard principal, plus connu sous par Route de Biskra.
Et en moins d'un quart d'heure, nous nous sommes arrêtés devant un gargotier pour «ramasser» le premier mendiant, un septuagénaire handicapé moteur, disant s'appeler Moussa. Des jeunes du quartier aident Anouar à l'installer dans l'ambulance. «Où m'emmenez vous, j'ai quatre enfants, et l'aînée n'a que 8 ans, si je ne fais pas ça, comment vais-je nourrir ma famille, je suis handicapé de naissance», crie Moussa en résistant aux agents. Dans un autre quartier, la brigade repère Karima, une jeune femme de 32 ans, mère de cinq enfants, qu'elle traîne à longueur de journée dans les rues en demandant la charité. Il a fallu du temps aux éléments de la police pour la convaincre de monter dans l'ambulance, mais, dans la foulée, sa fillette de 10 ans a réussi à prendre la fuite dans une petite ruelle à proximité de la mosquée El Attiq. Au début, sa mère s'est montrée très inquiète, puis elle n'a plus rien dit. «Elles savent où elles doivent se rencontrer plus tard», nous souffle un agent de police.
La misère les a poussés…
Ensuite, ce sont trois autres femmes qui sont ramassées: Nacira, une veuve agée de 44 ans, mère de huit enfants dont deux sont en prison, Ouarda, la cinquantaine, divorcée et grand-mère d'une petite fille de quatre ans et El Hadja, une septuagénaire qui a refusé de donner son nom. Au policier qui était avec nous, Moussa et ces femmes disent ce qui les pousse à mendier. Conduits au poste de police, où des P.-V., leur ont été établis, ils ont été libérés sous condition de rentrer chez eux et de ne plus reprendre leur activité. Mais avant leur départ, l'une des femmes a accepté de nous parler. Il s'agit de Ouarda, qui souffre d'une hémiplégie; elle a perdu sa fille de 27 ans en 2007 dans un accident de la route. Elle nous en a parlé en ces termes: «Je n'ai plus rien à cacher, tout le monde à Batna me connaît. Ma fille se prostituait pour nous faire vivre. Maintenant elle est morte et j'ai encore à m'occuper de sa fille. Je loue une chambre à Bouakal pour 7000 DA et je fais la manche pour payer ce loyer.» Sur Nacira, elle nous a appris que c'est une pauvre femme qui a perdu son mari alors qu'elle était encore jeune, et c'est en mendiant qu'elle a élevé ses huit enfants. Il en est de même pour Karima qui s'est retrouvée seule à élever ses gamins, après l'incarcération de son mari. El Hadja, quant à elle, a été abandonnée par ses fils avec une fille souffrant d'une maladie chronique.
Cependant, de sources sûres, nous apprendrons que Ouarda n'a pas dit toute la vérité. Il est vrai qu'elle et les autres femmes sont victimes de situations sociales les ayant menées à leur état actuel, mais elles obéissent aussi à d'autres circonstances et dépendent de personnes, qui veillent à ce qu'elles ne rompent nullement avec la mendicité. Difficile à croire. Notons que, selon notre source, Ouarda, malgré son âge avancé et son handicap, travaille pour le compte d'un voyou qui lui soutire les revenus de son «métier». Nacira, par contre, fait de la mendicité un business familial; même ses enfants, ne dépassant pas la quinzaine, font la manche. En ce qui concerne Karima, elle est déposée, chaque matin au centre-ville de Batna, avec ses cinq enfants, par un proche qui les récupére en fin de journée. «Elle fait partie des Beni Adass, des nomades connus par le charlatanisme et la mendicité», précise notre source. Sur El Hadja, nous n'avons pas pu savoir grand-chose; à part qu'elle vient chaque matin de la commune de Tazoult pour y retourner le soir.
Un métier qui rapporte…
Notre sortie n'étant pas encore achevée, nous avons accompagné Anouar (qui se donne à fond dans sa mission bien qu'il ne soit rémunéré qu'à 3000 DA par mois) à Djerma pour déposer Moussa chez lui. Arrivant à la commune, il a fallu passer par le siège de l'APC pour informer du cas de celui-ci. Nous avons été accueillis par l'un des vice-présidents de l'assemblée populaire communale. Ce responsable n'était pas étonné de voir Moussa qu'il connaît manifestement bien. «On le prend en charge avec sa famille, ses enfants bénéficient du transport scolaire et de la cantine; il est inscrit au programme de l'aide sociale des ayants besoin et il perçoit la pension des handicapés. On lui a même proposé le logement rural, mais il a refusé, puisqu'il préfère l'argent en main. Tout cela sans parler de l'aide que lui apportent les citoyens», affirme notre interlocuteur. Après un moment de discussion entre le responsable et Moussa, nous sommes allés au domicile de ce dernier, une vieille bâtisse construite au milieu de nulle part, entre Djerma et Seriana.
Devant la maison, nous avons rencontré sa femme et ses trois enfants en bas âge. «Je l'ai connu à Oran et c'est là qu'on s'est mariés. Il a une première épouse et deux garçons qui ne veulent pas travailler. Je lui ai demandé à plusieurs reprises de rester à la maison mais il refuse», raconte la femme, qui paraît bien plus jeune que son époux. Sur la manière du déplacement de son mari jusqu'à Batna malgré son handicap, elle précise: «C'est un clandestin qui vient le prendre le matin et le raccompagne le soir.» L'homme est-il payé pour son service ? Parfois, a-t-elle répondu. Et d'ajouter: «Il touche 800 DA par jour».
Rentrés à Batna, au siège de la direction des affaires sociales, culturelles et sportives de la commune, nous avons eu un entretien avec Hacène Inezaren, vice-président à l'APC, qui, manquant de statistiques, nous a déclaré que le nombre de mendiants est très important et que la majorité de ceux qu'on trouve dans la ville sont étrangers à Batna; ils viennent des wilayas limitrophes ou du Sud.


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