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Les paradoxes du mois sacré
PROSTITUTION, VOL, MENDICITE...
Publié dans L'Expression le 26 - 10 - 2005

Le mois de jeûne perd de plus en plus de sa sacralité. Le péché et le proscrit prennent place à la faveur de phénomènes et maux sociaux de tout bord.
Ce mois sacré est désormais réduit à sa plus simple expression. Les uns font en sorte que ces trente jours passent sans commettre trop de bourdes tandis que les autres laissent libre cours à leur hypocrisie. Les vices, de tout genre, sont au menu quotidien de ces derniers. Prostitution, vol, mendicité, drogue...Croire que ces fléaux disparaîtront pendant le mois de ramadan c'est se tromper sur toute la ligne. Car c'est durant cette période de l'année que les «abonnés» à ce genre de phénomènes pratiquent et avec persévérance, leurs funestes habitudes. Ils résistent farouchement à la faim et, derrière leur misère, glisse un cri assourdissant de l'instinct. Faut-il ou pas y répondre? Souvent on y répond. On se laisse faire et advienne que pourra, tant pis pour les remords de conscience...quand ils existent.
La capitale, au petit matin, cela ressemble à une ville paisible. Les grandes artères algéroises, durant les matinées prennent l'allure de celles d'une ville sécurisée et préservée de tous les dangers. Mais dès que l'affluence devient de plus en plus importante, des cris appelant «au voleur!» commencent à fuser pratiquement de chaque recoin de la ville. Alger n'est plus à l'abri. Ceci est une réalité qu'on doit désormais prendre au sérieux.
«L'éclosion» des pickpockets.
Les pickpockets, les voleurs à la tire et autres «spécialistes» en la matière font florès. Impossible d'échapper à leur prise. Les lieux publics, comme les marchés, les gares routières, les bus, les trains, et la liste n'est malheureusement pas exhaustive, sont peuplés de ces personnes, souvent poussées à commettre leurs délits, poussées par une misère qui ne cesse de les ronger à petit feu. Des histoires relatives à ces pratiques, on en entend presque quotidiennement. Tout le monde en parle. Mustapha, la trentaine, est l'une de ces victimes. «Je venais juste de faire mes courses au marché Ali Mellah. Trois types m'ont poursuivi jusqu'à la sortie et avant même que j'en franchisse le seuil, l'un d'eux passa son bras autour de mon cou, je ne pouvais pas bouger ni même respirer. J'étais évanoui, quelques secondes plus tard sous l'effet de «l'yabssa» (le procédé dont nous venons de parler )» nous raconte Mustapha qui n'arrive toujours pas à se remettre de son traumatisme. «On m'a délesté de tout ce que j'avais. On m'a pris les trois quarts de ma paie, mon portable. Et le hic, c'est que j'étais agressé au vu et au su de tout le monde. Personne n'a daigné venir à mon secours» poursuit notre interlocuteur. Au niveau des Abribus de Mohammadia (ex-Cinq maisons) de telles histoires arrivent quasi quotidiennement. Dimanche dernier, une femme, la quarantaine environ, s'est vu piquer son sac par un jeune âgé d'à peine vingt ans avant de prendre ses jambes à son cou. «J'étais effarouchée et prise de terreur. Mon agresseur m'a presque traînée par terre tellement je refusais d'abdiquer. Mais il était plus fort et plus prompt que moi. Je n'avais pas plus eu peur pour l'argent qui se trouvait dans mon sac, que pour les papiers de mes enfants» nous raconte-t-elle. «Et comble de mon bonheur, poursuit-elle, le voleur a été arrêté quelques mètres plus loin par deux policiers en civil. Le délinquant a perdu connaissance sous les coups des deux agents de la Sûreté nationale avant qu'il ne soit embarqué et emmené au commissariat». En plein centre d'Alger, gare au promeneur solitaire et paresseux qui exhibe son téléphone portable se croyant être en toute sécurité. Une main, presque invisible, appartenant à ces jins maléfiques, survient on ne sait d'où et...adieu le beau portable qui vous a coûté les yeux de la tête. Et à quelques mètres du lieu de l'agression, n'arrivant plus à vous relever de votre colère, vous croisez, dans un coin, un mendiant qui vous supplie pour lui donner un sou afin de calmer sa faim ou acheter un sachet de lait pour le nourrisson qui dort, innocemment. Que faire? Ceux qui arrivent à se maîtriser, mettent la main à la poche pour y ressortir quelques pièces avant de les tendre au pauvre mendiant. Les autres par contre, déversent leur colère en les traitant de tous les noms.
En ce mois de jeûne, la capitale regorge de tous ces mendiants qui viennent de toutes les régions du pays. Il est impossible de les compter tellement leur affluence va grandissant. Leur nombre en effet ne cesse d'augmenter jour après jour. «Mon mari m'a chassée du domicile conjugal et la rue m'a accueillie. Il m'a privée de tous mes droits. Où voulez-vous que j'aille à part rester dans mon coin et essayer de tirer quelques misérables sous à des passants charitables», raconte Zoulikha essayant de retenir son enfant qui tente de s'éloigner. «Heureusement que les gens de bonne famille existent encore» lança-t-elle en soupirant. Zoulikha n'est pas la seule. Elle fait partie de ces centaines ou peut-être des milliers de femmes qui ont bu le calice jusqu'à la lie. Et le même calvaire se reproduit chaque jour. Et quand vient le soir, le moment de l'Adhan appelant à la rupture du jeûne, elle ne peut compter que sur la charité des bienfaiteurs. Finira-t-on un jour par appliquer le nouveau code de la famille? Garantira-t-on à tous ces enfant, exposés aux dangers de la rue, de grandir en sécurité? La pauvreté en Algérie finira-t-elle par frapper à la porte du ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale, M.Djamel Ould Abbès pour démentir ces déclarations? Pour rappel, ce ministre de la République a déclaré, il y a de cela quelques jours, qu'il n'existe pas de pauvres en Algérie. Certainement, le ministre de la République attend à ce qu'on meure de faim pour croire en cette amère vérité.
En outre, le cas cité plus haut n'est qu'un échantillon infime du mal qui mine la société algérienne. Cependant, comme le faux s'est presque infiltré dans le fondement même de notre pays, il existe de faux mendiants. Pire, la mendicité est devenue un fonds de commerce. Et ceux qui s'adonnent à ce genre de pratique sont bien structurés et obéissent à une hiérarchie digne d'un réseau. Des témoins oculaires attestent avoir vu des voitures déposer des vieilles personnes dans des emplacement «stratégiques» pour s'adonner à la mendicité. Le soir, les mêmes voitures reviennent pour les récupérer. Ces personnes on les voit un peu partout à Alger : la Grande Poste, Belcourt, Place Audin...En sus, ceux qui sont habitués à emprunter les bus auront certainement remarqué ces vrais-faux mendiants qui les prient de leur donner quelques dinars «pour se rendre chez eux». Plusieurs d'entre eux, jouissant d'une santé telle qu'ils sont capables de soulever un fardeau d'une tonne, ne cessent de déclamer: «Aidez-moi! Je suis malade et orphelin! J'ai pas de quoi me soigner». Ils n'oublient pas de signaler: «Si je mens, Dieu m'en voudra». Et pendant le mois sacré de jeûne, ces gens redoublent d'activité. De la mendicité à la prostitution, si le chemin est le même, le résultat est différent.
Le quitte ou double des prostituées
Les filles publiques sont adeptes, souvent malgré elles, du jeu du quitte ou double. On tente le tout pour le tout. Le «métier» est périlleux néanmoins en ce mois de Ramadan, le danger se multiplie par cent; car il faut bien se méfier des âmes sensibles. Alger, Place Audin, quelques heures après l'ftour. L'affluence est au beau fixe. Nous choisissons un coin, juste pour observer. Celles qui font le trottoir sont facilement repérables par leur physique, leur fard excessif et leurs tenues vestimentaires exhibitionnistes. Elles sont deux, à quelques mètres seulement des policiers qui réglementent la circulation. Une voiture arrive, s'arrête devant elles. L'une d'entre ces filles s'incline et échange quelques mots avec le conducteur. Les négociations, apparemment, n'ont pas abouti. La voiture démarre sur les chapeaux de roues et la jeune fille déverse un chapelet d'injures et d'invectives. Nous attendons quelques minutes, le temps que la bourrasque passe et on s'approche d'elles. Nous dévoilons tout de suite notre identité. «Vous êtes journaliste? Y'en a tellement à qui on s'est adressé, mais cela finit toujours par nous attirer des ennuis». Nous calmons le jeu en leur promettant de ne révéler ni le nom ni quoi que ce soit. Marché conclu donc. «Personnellement, je n'ai pas le choix» déclare enfin, celle qu'on a appelé délibérément Salma. «Nous sommes à dix à se partager un minable F3. Mon père a été tué par les terroristes. Mieux vaut se prostituer que de voir ses frères et soeurs mourir de faim...» Salma a donc fait son choix, quand bien même difficile. D'autant plus malaisé pendant ce mois sacré de Ramadan. «C'est difficile parce que, avec le nombre impressionnant de policiers qui rôdent pendant la nuit, on ne peut vraiment pas bouger» lâcha notre interlocutrice. D'ailleurs une malencontreuse aventure lui est arrivée, au quatrième jour du mois sacré. «Une voiture s'arrêta devant moi. Un type assis sur le siège avant juste à côté du conducteur, sort du véhicule. C'était un barbu. Il s'est tout de suite jeté sur moi en lâchant un chapelet d'insanités et d'injures. Je me suis tout de suite enfuie, sinon j'aurais été certainement lynchée» raconte Salma. «Ramadan, j'aimerais bien le faire comme tout le monde, c'est-à-dire sainement. Mais que voulez-vous, la vie serait plus dure que les châtiments de la Providence. Allah Ghafour Rahim (Dieu est Clément et Miséricordieux)». Nous laissons Salma poursuivre son aventure nocturne. Nous changeons de cap. Cette fois-ci vers le square Port Saïd. La place pullule de délinquants, de prostituées, de drogués, de voleurs...Ce sont des personnages sortis tant droit des romans hugoliens. Ici, à partir de 22h, on retrouve même des Noires africaines en train de se livrer au commerce de la chair. «1500 DA la passe» indiqua l'une d'entre elles, alors que nous nous apprêtons à pénétrer dans la placette. Nous essayons de négocier le tarif, devant l'entêtement de cette Africaine. Impossible. A ce moment, un type, (un proxénète, selon toute vraisemblance), avança vers nous et apostropha d'un air menaçant: «1500 DA, soit vous êtes partant ou partez». Sur ce, nous laissons tomber les «pourparlers» et nous quittons les lieux. Ailleurs, à l'Itfc, aux environs de Ben Aknoun, sur les hauteurs d'Alger, ce sont des étudiantes qui s'adonnent à la prostitution. Mais cela est un autre sujet sur lequel on reviendra plus tard. Ainsi donc, va le Ramadan : les uns le font par devoir envers Dieu; les autres pour une certaine crainte religieuse, tandis que pour certains, ce n'est que par obligation sociale. Dur, dur est le mois de jeûne lorsque la misère sociale continue de grignoter des pans entiers de la société. Et avec le spectre du chômage et des milliers de travailleurs qui seront licenciés... Ramadan sera le mois «de la croissance» de tous les vices.


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