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Le camp de la déchéance humaine
Plus de 16 000 refugiés à la frontière tuniso-libyenne
Publié dans El Watan le 24 - 03 - 2011


Arrivée massive de Ghanéens,
Maliens, Nigérians et Soudanais au moment où le rapatriement des Bengalis se fait timidement. Au camp de Benguerdane, à la frontière tuniso-libyenne,
plus de 16 000 réfugiés vivent dans des conditions inhumaines d'insalubrité.
Après la contestation des Bengalis, c'est au tour des Soudanais d'organiser des marches de protestation dans le camp…
Ras Jdir (frontière tuniso-libyenne).
De notre envoyée spéciale
lus d'un millier d'Africains, en majorité des Maliens, des Ghanéens et des Nigérians ont franchi durant la nuit du lundi à mardi le poste frontalier tuniso-libyen de Ras Jdir. Ils étaient depuis plus de deux semaines bloqués à l'aéroport de Tripoli, avant que leur ambassade, avec l'aide d'El Gueddafi leur organisent des départs, à bord de 12 grands bus, pour rejoindre le sol tunisien. Pour la première fois, de nombreuses femmes avec des enfants de tout âge et des bagages font partie du voyage, alors que depuis le début de la crise, les réfugiés arrivaient sans rien, ou avec seulement une couverture. «Nous ne pouvions plus supporter la situation à l'aéroport de Tripoli qui débordait de monde. L'enceinte portuaire s'est transformée en une immense poubelle. Les vols étaient quasiment bloqués, et il fallait trouver une solution. Nous avons alors harcelé nos ambassades qui ont fini par trouver une solution avec les autorités libyennes.
Des bus ont été mis à notre disposition pour nous transférer jusqu'à la frontière tunisienne. Même les fouilles au niveau des barrages étaient très souples», explique une Malienne portant dans les bras un nouveau-né âgé d'à peine un mois, et qui toussait tout le temps. Selon les chiffres de l'Organisation internationale pour les migrations, (OIM) vers la fin de la journée de lundi dernier, près de 2900 nouveaux réfugiés parmi lesquels 450 Maliens, 425 Ghanéens, 218 Nigérians, 117 Soudanais, 119 Bengalis, 17 Tchadiens, 44 Somaliens, 24 Egyptiens, 17 Tchadiens, 10 Nigériens, 1 Néo-Zélandais, 7 Indonésiens, 3 Togolais, 3 du Libéria, mais aussi 4 jeunes Algériens arrivés très tard le soir puis rentrés au pays. Tous ont mis toute une journée pour traverser les 169 km qui séparent Tripoli de la frontière tunisienne, à cause des nombreux barrages militaires où la fouille corporelle et des bagages y est systématique. Les véhicules transportant des Libyens sont passés au peigne fin. «Les militaires ont une liste de noms à la main et semblent être à la recherche de personnes particulières», déclare un Libyen qui se plaignait d'avoir fait le plus long voyage de sa vie.
«La ville de Tripoli est calme. Les militaires l'encadrent, mais la population est terrorisée, elle ne peut rien faire. Dans les commerces, il n'y a presque plus rien. Les sociétés étrangères et même libyennes sont paralysées. Les établissements scolaires ont fermé leurs portes. Rien ne fonctionne, la population a très peur…», raconte un commerçant libyen. Le poste frontalier est bondé de monde en cette nuit glaciale. Les enfants courent dans tous les sens entre les centaines de valises et cabas entassés par-ci, par-là, alors que les femmes vont à la recherche d'eau et de biscuits offerts par les associations de bienfaisance et le Croissant-Rouge tunisien, dont les représentants ont installé des tentes sur place. Tous les nouveaux venus sont orientés vers un hangar à quelques centaines de mètres du poste. «Nous ne pouvons pas les installer au camp de Choucha, jusqu'à ce que les 4000 réfugiés, soient rapatriés». Certains refusent de s'y installer, ils veulent rentrer chez eux par leurs propres moyens. «Non jamais, vous vous mettez avec tout le monde et vous partirez avec toute le monde», crie le représentant de l'OIM. Il peine à instaurer la discipline. Plusieurs Ghanéens n'ont pas de papiers sur eux, et de nombreux Nigérians présentent des documents confectionnés d'une manière douteuse.
«Beaucoup de documents présentés sont faux. Il suffit de les lire pour le comprendre. Le faux est fait de manière grotesque. Des vérifications avec leur ambassade sont nécessaires avant toute opération de rapatriement. Ce qui est certain, c'est qu'ils ne peuvent rester en Tunisie…», déclare le représentant de l'OIM. Quelques Africains téméraires tentent quand même de profiter de la nuit pour disparaître, mais ils sont rattrapés quelques kilomètres plus loin. Totalement désertique, la zone est quadrillée par les militaires. Personne ne peut franchir le dispositif, et la première ville après le poste frontalier, est à une quarantaine de kilomètres. C'est vers le lever du jour que les réfugiés sont transférés dans le noir, sous un froid glacial vers le camp de Choucha. Pour manger, ils doivent attendre le lendemain. Les trois cuisines qui préparent les repas sont dépassées. Elles ne s'arrêtent que tard la nuit, en laissant une partie des réfugiés sur leur faim, après des heures d'attente. Les volontaires du Croissant-Rouge tunisien, algérien, qatari, émirati ainsi que ceux des comités des villes tunisiennes n'arrivent plus à répondre à la forte demande. Les queues n'ont plus de fin, et souvent s'enchevêtrent, engendrant des disputes et des bagarres. Les plus malins arrivent à manger deux à trois fois, et les plus patients arrivent devant les serveurs une fois les marmites vides.
Vent de sable, pluie diluvienne et froid glacial
Le camp semble débordé. Chaque jour, de nouvelles tentes sont installées, mais elles ne suffisent pas. Une bonne partie des réfugiés préfère dormir à la belle étoile, supportant non seulement le froid mais surtout les odeurs nauséabondes des excrétions fécales qui parsèment les lieux. Les nombreuses toilettes mobiles rejettent tout dans des fosses non couvertes, ce qui fait craindre l'apparition de foyers épidémiologiques. Des montagnes de sachets d'ordures éventrés jonchent les espaces libres du camp, envahis également par les bouteilles et les assiettes en plastique utilisés lors des repas. Dans ce camp, ou comme l'a si bien défini un médecin, de «désastre écologique et sanitaire», 16 208 réfugiés y ont passé la nuit. Ils étaient 15 753 la veille. Les rapatriements ont touché 2650 d'entre eux, pour être remplacés par plus de 3000 nouveaux arrivés. Les plus nombreux restent les Bengalis, avec 8445 (1854 rapatriés la veille) suivis des Ghanéens avec 3008 personnes, et des Maliens avec 2312 ressortissants. Le camp abrite également 499 Soudanais, 624 Somaliens, 577 Nigérians, 115 Erythréens, 33 Nigériens, 54 Tchadiens et 11 Ivoiriens. Les conditions de vie sont inhumaines, le stress et l'angoisse provoquent des réactions violentes chez bon nombre d'entre eux. Les rixes, qui éclataient entre Bengalis et Africains, touchent maintenant les Africains, notamment les Ghanéens ou encore les Maliens. Des blessés sont dénombrés et certains sont gravement atteints, comme le cas d'un Malien souffrant d'un traumatisme crânien à la suite d'un coup reçu à la tête après une altercation verbale avec un de ses compatriotes.
Les fils barbelés et les cordes qui entourent les tentes ne servent plus à rien. Ils sont facilement enjambés par les réfugiés, tandis que les vigiles recrutés récemment sont peu nombreux pour assurer la sécurité. Hier matin, un puissant vent de sable a soulevé de nombreuses tentes et paralysé les cuisines. L'air est devenu irrespirable et les yeux irrités par la poussière. Impossible de trouver un abri. Les Bengalis font l'évènement en organisant une marche de protestation. Hissant des pancartes sur lesquelles on peut lire : «Donnez-nous nos passeports et laissez-nous partir. Nous voulons rentrer chez nous», faisant de nombreux tours dans le camp en criant de toute leur force. Ils reçoivent des remarques acerbes des Soudanais et des Nigérians qui, eux aussi, veulent partir. Les contestataires se mettent en face des militaires qui les somment de se calmer, mais en vain. Depuis que le nombre d'Africains augmente, ils n'arrivent plus à supporter le climat. Normal, bon nombre d'entre eux ont franchi la frontière il y a deux semaines. Les Soudanais, pour leur part, persistent dans leur isolement. Ils jouent au chat et à la souris avec les militaires. Les tentes, qu'ils installent le matin à l'extérieur du camp, sont enlevées l'après-midi. Ils tentent d'attirer l'attention sur eux, en organisant un rassemblement de protestation. Après la tempête de sable, une pluie diluvienne rafraîchi les lieux, transformant le camp en marécage sablonneux. Les cuisines reprennent le travail en début d'après-midi, ce qui complique le programme de la préparation des repas et allonge les files interminables.
Au poste de Ras Jdir, seules les processions de voitures libyennes affluent. En fin de journée, les réfugiés commencent à arriver par groupes. Les Africains sont toujours les plus nombreux. Des Egyptiens, des Tunisiens et des Bengalis sont parmi les nouveaux arrivés. «Il n'est pas exclu que d'autres réfugiés arrivent massivement en début de soirée. Les routes sont parsemées de barrages militaires, ce qui retarde sensiblement leur arrivée au poste. Durant toute la semaine écoulée, le plus grand flux a franchi la frontière dès la fin de journée et pendant la soirée», explique un cadre de l'OIM. En fin de journée, des files interminables d'Africains arrivent, parmi eux, l'ambassadeur d'Inde à Tripoli et son staff.


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