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La Constituante en ligne de mire
La tunisie sous état d'ivresse révolutionnaire
Publié dans El Watan le 02 - 04 - 2011

Des passes d'armes à n'en plus finir dans les travées de l'ex-chambre des conseillers, la deuxième chambre du Parlement dissous, où se tiennent depuis mardi dernier des réunions marathons de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution tunisienne.
Mercredi au soir, alors que l'Instance, qui fait office de Conseil brinquebalant de la révolution, s'apprêtait à entamer les débats autour du décret-loi relatif à l'organisation des élections de la Constituante, Chokri Belaïd, du Conseil de l'Ordre des avocats et porte-parole du Mouvement des patriotes démocrates – mouvement influent au niveau de la centrale syndicale UGTT – fait dérailler le train-train de l'Instance supérieure. Soutenu par ses alliés du «front de gauche», l'avocat propose à l'assemblée une motion dénonçant la nomination, la veille, d'un nouveau ministre de l'Intérieur en la personne de Habib Essid, un «ancien» du RCD ayant exercé dans plusieurs cabinets de ministre de l'Intérieur du temps de Ben Ali. Il n'en faudra pas plus à Yadh Ben Achour, le président de l'Instance, habituellement plus sage et pondéré, pour sursauter de son siège et menacer de démissionner. «Certains partis, déclare-t-il, font tout pour entraver le travail de l'Instance, et ce, dans l'objectif d'imposer une nouvelle date, un report de l'élection de la Constituante (prévue le 24 juillet prochain)».
La proposition de censurer le gouvernement sur la nomination du nouveau ministre de l'Intérieur ne serait, d'après lui, qu'une manœuvre dilatoire. Légaliste, il argue le fait que le décret instituant l'Instance (décret du 18 févier) dans son article 2 ne confère à celle-ci aucun pouvoir de censure du gouvernement, «juste le droit d'émettre un avis en concertation avec le Premier ministre». La séance est suspendue au pied levé. L'avocate et défenseur des droits de l'homme, Radhia Nasraoui, se dit «choquée» par la chevauchée solitaire, l'entêtement du gouvernement Essebsi, signe d'un retour à la pratique du pouvoir personnel et des vieux réflexes hérités du régime de Ben Ali. «C'est évident, il y a eu dès le début des velléités de confiscation de la révolution. Ils font tout tout seuls, sans concertation aucune. Les lois sont préparées en vase clos, la composante de l'Instance est désignée, tout comme ses missions et prérogatives (…)».
Depuis une semaine, nombre de partis du «front de gauche», notamment le Parti communiste ouvrier (PCOT), le Mouvement des patriotes démocrates, le Parti du travail patriotique et démocratique…, soutenus par la centrale syndicale UGTT (ou vice versa) dont la grande influence et la réputation de deuxième pilier de l'Etat ont eu à se vérifier ces trois derniers mois, font campagne pour le report de l'élection de l'Assemblée constituante. Début octobre, préconisent les uns, le 14 janvier, date à forte charge symbolique pour l'UGTT, proposition faite la semaine dernière par son SG adjoint Abid Briki. Les partisans du maintien de la date initiale sont aussi nombreux et se recrutent parmi les islamistes d'Ennahda, les partis Ettajdid (ancien Parti communiste tunisien), le Parti socialiste de gauche… des partis ayant soutenu notamment Ben Ali lors de son accession au pouvoir en 1987.
Noureddine B'hiri, membre de la direction du Parti islamiste (modéré) Ennahda et représentant du parti à la haute Instance, réfute l'argument selon lequel il faudrait accorder plus de temps aux partis pour se préparer, la situation de «stand-by» politique n'arrangera pas, d'après lui, les «intérêts» du peuple tunisien et «plombera davantage l'économie nationale».
Le débat tient en tous les cas en haleine l'opinion et divise l'Instance de la révolution qui se remet difficilement des blocages survenus lors de ses trois premières réunions consacrées essentiellement à la révision de sa composante politique, associative, corporatiste... et de son déficit abyssal en légitimité et en représentativité.
Pas d'élection sans «garanties» juridiques
«C'est l'extinction en Tunisie aujourd'hui de toutes les légitimités. Il n'y a plus de légitimité constitutionnelle ni de légitimité électorale. Quant à légitimité révolutionnaire, elle fait débat. La seule légitimité dont on peut réellement se prévaloir c'est celle du consensus», déclare Ahmed Rahmouni, président de l'Association des magistrats de Tunisie (AMT). Le magistrat, président du tribunal de Mahdia, et ennemi juré de clan Ben Ali/Trabelssi, pour s'être opposé à son appétit vorace d'accaparement des terres du littoral de la région balnéaire de Mahdia, a organisé samedi dernier avec l'AMT – association regroupant quelque 2100 magistrats – la Journée nationale de l'indépendance de la justice.Rahmouni plaide pour le report des élections, car les conditions, dit-il, ne sont pas encore réunies.
Des «garanties» en rapport avec l'indépendance de la justice, la neutralité des médias, l'assainissement de l'administration, le jugement de toutes les personnes impliquées sous l'ancien régime dans des crimes, des détournements de biens, corruption, doivent être avancés comme préalable. «Pour réussir pleinement cette révolution, il est primordial d'opérer une rupture totale avec la justice héritée de l'ancien régime», souligne Rahmouni, également membre de la haute Instance. Un beau monde forme ce conseil bariolé de la révolution tunisienne, dont les prérogatives et la composante ne cessent de changer de physionomie ces dernières semaines sous la pression des partis et organisations de la société civile composant le «Front du 14 janvier».
Un front mis en place dans le sillage du 14 janvier et composé d'une douzaine de partis politiques de tous bords parmi lesquels figurent les islamistes d'Ennahda, les marxistes-léninistes du Pcot, les trotskistes de la Ligue de la gauche travailliste, les baâthistes de Taliaâ (avant-garde arabe), le Mouvement des unionistes nassériens… et nombre d'associations corporatistes (avocats, magistrats, etc.) et organisations de la société civile (Ligue des droits de l'homme, association féministes, etc.). La composante de l'Instance, désignée par le gouvernement provisoire, était dominée au départ par une constellation de personnalités dites nationales, dont certaines d'entre elles avaient pris fait et cause pour l'ancien régime.
C'est le cas, à titre d'exemple, de l'ancien bâtonnier Abdeljelil Bouraoui, qui avait soutenu mordicus la réélection de Ben Ali. Mais, depuis mardi dernier, sous la pression des manifestations quotidiennes à La Kasbah, du «front de gauche» et du Conseil national pour la sauvegarde de la révolution, le nombre est porté de 71 membres à 145 et la liste reste ouverte. Les «régions», les «jeunes», certains courants politiques comme le bâath ont été admis à la haute Instance. Quant aux formations déjà représentées, l'UGTT y compris, ont vu leur présence renforcée. C'est la «victoire du Front du 14 janvier», considère Jalal Zoghlani Ben Brik (frère de Toufik Ben Brik) de la Ligue de la gauche travailliste, front qui s'est fixé au lendemain du 14 janvier «une dizaine d'objectifs, dont certains sont atteints : dissolution du RCD et de la police politique, départ du gouvernement Ghannouchi, expropriation des membres du clan Ben Ali/Trabelssi, etc.».
La planche de salut et le gros navire de la révolution
Mais la partie n'est pas gagnée pour autant. Ce Conseil souffre d'un déficit en représentativité, en sus du déficit de légitimité (révolutionnaire) – la révolution tunisienne, spontanée et sans leadership, n'a été l'émanation d'aucun courant politique en particulier – et peine à s'imposer face à un gouvernement provisoire que nombre d'observateurs tunisiens soupçonnent encore d'être un affidé et une excroissance du RCD et de suivre un «agenda» de réformes concocté par les puissances occidentales, dont la France et à un degré moindre les Etats-Unis d'Amérique. L'instance telle qu'elle a été conçue dès le départ comportait un «péché originel». L'intitulé lui-même de l'Instance, dite Haute instance, fait remarquer Bairem Benifa, représentant des jeunes Patriotes démocrates au sein de cette dernière, est révélateur des velléités de caporalisation de ce Conseil.
«On voudrait qu'elle soit une structure bureaucratique cantonnée dans un rôle strictement consultatif, et ne jouant aucunement le rôle de Conseil de la révolution tunisienne.» Le syndicaliste, membre de l'exécutif de l'UGTT, Mustapha Ben Ahmed, refuse, quant à lui, de jeter le bébé avec l'eau du bain : «Elle (Haute instance) est notre seule et unique planche de salut, et il ne convient en aucun cas de la refuser parce qu'on serait tentés d'attendre le gros navire qui en définitive ne viendra jamais pour nous transporter vers un havre de paix et de démocratie.». Le bras de fer entre les restes de l'ancien régime et les forces révolutionnaires se poursuit. La révolution aussi.


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