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Impossible de refermer un dossier qui n'a pas divulgué tous ses secrets
Abdelhamid Salakdji. Président de la fondation du 8 Mai 1945
Publié dans El Watan le 06 - 05 - 2011

- Pour une catégorie d'historiens français, les événements du 8 mai 1945 se résument à un mouvement insurrectionnel. Qu'avez-vous à dire à ce sujet ?
C'est de l'intox. En transformant la marche pacifique du 8 mai 1945 en mouvement insurrectionnel, la France, qui ne veut pas, soixante-six ans après, abandonner sa casquette «coloniale», essaie de justifier les massacres perpétrés par son armée. Le moment est venu pour les historiens des deux rives d'utiliser le vocable approprié. Car il est inconcevable de qualifier une marche d'indigènes, désirant partager la joie des Alliés, de mouvement de révolte, d'action armée ou d'insurrection souhaitant renverser la puissance coloniale. C'est grotesque, absurde et insensé à la fois. Les porteurs de gerbes de fleurs ayant placé à la tête du cortège de petits scouts… Or, pouvaient-ils faire la guerre avec des roses ? Non. En apercevant l'emblème national, au milieu des drapeaux des Alliés, les policiers – qui de plus, n'ont pas admis des slogans nationalistes tels que «Vive l'Algérie libre», «Libérez Messali Hadj» – ont dégainé.
- Pourquoi après tant d'années, le sujet reste-t-il ouvert et continue d'envenimer les relations franco-algériennes ?
La peur de l'histoire qui ne pardonne pas effraie la France, qui n'est toujours pas disposée à faire son mea-culpa. Ces événements représentent effectivement un épineux contentieux, car la France ne veut pas assumer les crimes commis par son administration, sa police et gendarmerie, qui ont actionné la machine de guerre au nom de l'Etat français. On ne peut tourner aussi facilement les pages relatives aux crimes, exactions et répressions perpétrés contre des citoyens désarmés et le plus souvent, à l'intérieur de leur gourbi. Il n'est pas possible de refermer un dossier qui n'a pas divulgué tous ses secrets. Sachant que la répression qui s'est déroulée à huis clos a duré plus de cinq mois. Pis encore, des centaines d'exécutions sommaires ont été commises durant cette période. Pour illustration, en septembre 1945, le général Duval a, dans un de ses rapports, révélé que plus de 280 condamnés à morts ont été exécutés d'une manière expéditive. Quant aux arrestations, elles n'ont pris fin qu'au mois d'octobre. Soit six mois après le début des événements…
- Le nombre des victimes continue lui aussi à faire polémique…
Pour «rétablir l'ordre», la France coloniale qui avait mobilisé à l'époque plus de 40 000 soldats, a, de plus, utilisé les gros moyens aériens et navals pour laminer une population exténuée auparavant par la misère et la famine. Un véritable carnage a été commis loin des regards des médias français, n'étant pas à ce propos, exempts de tout reproche. Placée dans le box des accusés, la France veut, par l'intermédiaire de certains nostalgiques de l'Algérie française, faire, à travers ce volet, diversion. Alors que des historiens algériens avancent le chiffre de 45 000 victimes, des Anglais et Américains parlent de plus de 70 000 morts et de sérieux historiens français situent le nombre des martyrs entre 20 et 30 000. Après avoir «nettoyé» les archives civiles et «verrouillé» celles de l'armée, on peut, à chaque fois, revoir à la baisse le nombre des victimes. Les stratèges de l'arithmétique oublient de comptabiliser les milliers de victimes enterrées dans les fosses communes à Sétif, Aïn El Kébira, Amoucha, Beni Aziz, Aïn Roua, etc. Il est facile d'avancer un chiffre, d'autant plus que Oued Afitis de Bouandas, où on a englouti des centaines de corps, reste muet.

- Que dire de la situation des victimes et de leurs ayants droit qui, en dépit des sacrifices consentis, ne sont toujours reconnus comme martyrs ?
Le général Duval, un des artisans de la boucherie, a dans un des rapports adressés à son supérieur, le général Henri Martin, patron de l'armée en Afrique du Nord, mentionné : «Je vous ai donné la paix pour dix ans. Si la France ne fait rien, tout recommencera en pire.» L'aveu du militaire démontre que le 8 Mai a été le prélude de la révolution de Novembre. Le moment est venu de reconnaître les victimes de ces événements comme martyrs de la révolution. Car des veuves, des ayants droit et quelques rescapés, qui ont pour certains d'entre eux participé à la guerre de Libération, vivotent dans de pitoyables conditions.
- Que pensez-vous du projet de loi pour la criminalisation de la colonisation rejeté par les autorités algériennes ?
Il est vrai que la repentance est un signe de rapprochement entre les deux rives, mais il n'est pas l'objectif numéro un. Pour son indépendance, le peuple algérien a payé un lourd tribut –les martyrs mais aussi plus de 8000 villages et des centaines de tribus exterminées. Il est grand temps que la France reconnaisse officiellement les crimes commis en son nom. D'autant plus qu'elle est non seulement signataire mais rédactrice, en 1948, de la Charte des droits de l'homme. Tant que tout cela n'est pas fait, l'Algérie et la France ne peuvent devenir des partenaires à part entière.


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