Dans une ville côtière des plus prisées, la moyenne du ratio en matière de verdure est de 0,15m2 par habitant. Il y a de quoi s'alarmer. En 1970, selon des taux officiels, le ratio des espaces verts dans la ville de Skikda était de 7%. Aujourd'hui, il ne dépasse même pas les 2%. Hallucinant ! Devant ce laisser-aller signifié par l'actuelle APC, et qui aggrave aujourd'hui la situation, la gestion d'une partie des espaces verts de Skikda, ou de ce qui en reste, vient d'être léguée à l'entreprise publique de wilaya de gestion des centres d'enfouissement technique, plus connue sous la désignation de Cleanski. La décision a été prise par le wali qui, apparemment lassé par les lenteurs des élus locaux à prendre en charge leur propre cité, a inscrit à son compte l'un des aspects citadin de Skikda. Cleanski n'a d'ailleurs pas trop tardé à engager quelques petites opérations qui, en moins de deux semaines, ont donné un peu de vert à quelques espaces. Selon la directrice de Cleanski, les actions que l'entreprise publique aura à entreprendre, seront essentiellement axées sur «l'ornement de ces espaces en leur apportant beaucoup plus de couleur et de fraîcheur». Trois endroits, choisis en fonction de leur proximité et de la stratégie de leur emplacement, seront ainsi repris par Cleanski. Que ce soit dans le carré de Bab Qcentina, au terre-plein de Ben Houria ou au niveau de la stèle de la gare routière, les employés de l'entreprise assurent une activité quasi quotidienne pour agencer ou entretenir ces lieux. Interrogée au sujet d'une éventuelle prise en charge de l'ensemble des espaces verts de la ville par l'entreprise, la directrice dira que de par sa vocation publique, Cleanski reste à la disposition des pouvoirs publics. «Nous disposons de beaucoup d'expérience et d'un potentiel humain et matériel en mesure d'assurer une telle mission. Néanmoins il appartient à l'APC de décider d'une telle mesure», a-t-elle ajouté. Une telle décision permettrait à Skikda d'avoir des espaces verts à la mesure de son cadre méditerranéen et en finir avec un laisser-aller qui a trop duré. A titre d'exemple, des habitants de l'immeuble «Casorec» ont tenu à faire part de leur inquiétude devant la situation alarmante du jardin public jouxtant leur bâtiment. «Cet endroit sert désormais, de jour comme de nuit, de toilettes publiques à quelques énergumènes. Cet incivisme est encouragé par l'absence d'un gardiennage permanent ». Une gestion chaotique Ce qui ne devrait pas étonner outre mesure car l'entretien et la mise en valeur des espaces verts de la ville de Skikda sont à l'image de la gestion chaotique de l'actuelle APC: apocalyptiques. Abandonnés à leur sort, ces lieux, servent beaucoup plus de paravent aux élus locaux pour se faire «une propagande électorale» via les ondes de la radio locale. Cette dernière, en voulant certainement jouer son rôle, risque de faire dans «la publicité mensongère» en donnant la parole à des élus qui raffolent de micros et ne se lassent jamais de parler d'espaces verts et d'éternels projets sans prendre le temps de s'en occuper. On semble plutôt croire qu'il suffit de planter un arbre pour comptabiliser l'action sur le registre d'aménagement de nouveaux sites. Plus grave encore, selon un document du ministère de l'Environnement, les espèces les plus cultivées à Skikda sont le palmier, le figuier, l'eucalyptus et même le pin maritime. Ce n'est pas le barrage vert, mais ça lui ressemble. Pour encore mieux situer la dégradation, il suffit juste de faire une petite comparaison au niveau national pour comprendre le déficit enregistré localement. La moyenne nationale en terme de ratio espace vert par habitant est de 1 m2. Certes ce n'est pas l'éden, mais quand on apprend que la moyenne à Skikda est de 0,15 m2 seulement, on devrait alors tirer la sonnette d'alarme, surtout quand on apprend qu'à El Bayadh, Saïda et Nâama, des zones presque désertiques, cet indicateur est nettement supérieur. C'est honteux pour l'une des villes les plus arrosées du pays qui, depuis l'Indépendance ne parvient pas à créer de nouveaux espaces ni à préserver ceux qui existaient.