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Que reste-t-il du Festival de Timgad ?
Un rendez-vous de plus en plus controversé
Publié dans El Watan le 19 - 07 - 2011

Avec la même assurance dont il est le seul à avoir le secret, Lakhdar Bentorki, commissaire du Festival international de Timgad et patron de l'ONCI, a affirmé que la 33e édition du Festival de Timgad est une réussite. C'était lors d'une conférence de presse tenue mercredi 13 juillet, à l'hôtel Chelia, à Batna, quelques heures avant le coup d'envoi du spectacle de clôture. Les mêmes réponses ont été livrées pour les mêmes questions des journalistes locaux, qui exprimaient le malaise de la société locale à l'égard de cet événement de plus en plus controversé.
En effet, d'un rendez-vous culturel majeur, le Festival de Timgad, né dans l'euphorie culturelle des années 1960, n'est aujourd'hui que l'ombre de lui-même, s'accordent à dire les acteurs de la région. Entre la conception du commissaire du festival et celle de l'élite de Batna, il y a comme un océan de mésentente. Il est indéniable que des milliers de personnes, des jeunes, des familles trouvent l'occasion de se défouler durant les soirées offertes par le festival. A part cela, le festival ne profite en rien à la région, et en premier la population de la commune de Timgad.
Issam, Mustapha et Tarek, jeunes chômeurs de la ville, sont catégoriques là-dessus : «Ce festival ne nous rapporte rien, à nous les jeunes de la région, on est toute l'année en état de chômage et on continue à l'être durant le festival. Ce qui change, c'est qu'on passe nos nuits à danser aux dernières places, quand on a la chance d'y accéder», affirme Issam. L'arrivée des visiteurs produit-elle un quelconque apport pour eux ? «On aurait aimé voir ces visiteurs la journée dans les ruines, ou au moins quelques heures avant le lancement de la soirée, ou même durant la soirée, mais aucune commodité n'existe sur le site, aucune», renchérit
Mustapha. Pour ces jeunes, tant que le festival se résume à des soirées musicales, il ne peut rien leur apporter. «Il n'y a pas de mouvements culturels et touristiques qui accompagnent les soirées. Les artistes, des stars qui passent chez nous, on ne les voit même pas visiter les ruines
romaines ! Une seule photo d'un artiste dans la ville antique de Timgad pousserait des centaines de ses fans à y venir et la visiter, alors la ville serait animée et vivante tout au long de l'année», conclut Tarek.
La vox populi est encore plus corrosive quand il s'agit de commenter la société VIP qui s'est formée autour du festival : «Aujourd'hui, les organisateurs se contentent eux et leurs proches, ainsi que ceux des responsables de la wilaya, de prendre des photos avec les stars pour se vanter sur leur mur Facebook», ironise encore Tarek.
Chez les artistes, il est difficile de trouver une seule voix qui pourrait approuver ce qui se passe. Hanafi Meliani, chef de l'orchestre philharmonique de Batna et président de l'association philharmonique Aurèsienne affirme que ce festival n'est d'aucun apport pour la région. «C'est seulement de l'argent gaspillé. Un festival doit apporter quelque chose, surtout pour l'artiste. De par sa définition, un festival c'est une école pour faire connaître les autres arts aux public.» Il détaille encore plus en revenant sur le cas des artistes qui ne profitent en rien de l'événement. «Il devrait y avoir au moins des master classes entre artistes algériens et étrangers», ajoute Meliani.
Même son de cloche chez le musicien chaoui, Nouari Nezzar, pour qui le festival a dévié de son but initial : «Au lieu d'être un festival des arts populaires, il devient un truc de variétés qui ressemble plus à une fête destinée à plaire aux autorités plutôt qu'à la plèbe.» L'artiste, qui ne cache pas son boycott, considère que le fond du problème réside dans le fait que «les gens viennent se défouler et non pour se cultiver. C'est devenu un dancing-club créé par des non-professionnels de la culture qui ont donné cet aspect dancing aux concerts artistiques.»
Un gouffre financier
Avec le regard d'une journaliste qui a couvert l'événement et assisté à sa reprise en 1997, Ouarda Lakhal, responsable de la production à la radio locale de Batna, se souvient de la reprise de l'événement après des années d'interruption due à l'insécurité. «C'était une lueur d'espoir pour sortir des malheurs de l'Algérie et l'aider à briser l'embargo qui lui a été imposé par une certaine situation. Les familles commençaient à sortir à des heures auxquelles elles n'osaient pas le faire avant. Et le festival avait un but de réanimer la région avec un tourisme culturel, au moins intérieur. Les jeunes avaient plus d'opportunités de se faire un petit pécule, même saisonnier, en assurant les fonctions d'agents de sécurité ou d'hôtesses pour les filles. Les chanteurs de la région avaient plus de chance de se produire sur la scène de Timgad et de se faire connaître.» Après plus de dix ans d'existence, que reste-t-il de ce cahier des charges ? Ouarda Lakhal est elle aussi pessimiste et estime que le festival n'avance pas. «On est carrément sortis du festival d'antan. Où est la commercialisation du produit touristique ? Qu'a-t-on a récolté de la forte présence de grands noms étrangers ? Quelle est l'image qu'ils ont gardée de Timgad ?», s'interroge encore la journaliste.
Ces avis sont partagés par Cherif Menaceur, directeur d'une agence de voyages, et promoteur d'un projet d'hôtel qui n'a pas pu voir le jour à Timgad. Pour lui, le seul point positif est la construction d'une réplique du théâtre antique qui lui sera préservé.
Nous avons aussi interrogé des personnalités politiques, bien que le premier que nous ayons contacté, un député FLN, a refusé de s'exprimer de peur d'éventuelles représailles, a-t-il argué ! Toutefois, Yazid Bedaïda, sénateur et ex-président de l'Assemblée populaire de la wilaya de Batna, a répondu à nos questions avec un langage tout aussi tranchant que celui des jeunes et des artistes. «Quand j'étais P/APW de la wilaya de Batna, je n'ai pas cessé, et je continue à dire que ce festival ne rapporte rien à la wilaya de Batna et même à la commune de Timgad. Par contre, il nous faire perdre de l'argent. L'APW verse chaque année entre 20 à 30 MDA pour l'hébergement, le transport et la restauration de la route entre Batna et Timgad. Tout ça pour ne rien avoir en retour», a-t-il soutenu. Cet élu dit avoir une autre idée sur un festival international : «Un festival doit au moins profiter au tourisme. Je suis contre ce qui se fait actuellement. L'artiste arrive à minuit et repart à six heures du matin ! Mon avis risque d'aller à l'encontre de ce que veut le simple citoyen, celui de se défouler durant la période du festival et puis c'est bon, mais j'y tiens.»
Comme lui, Khaled Bouali, poète et dramaturge ne cesse de clamer que «les raisons d'un tel désastre résident justement dans le fait que les véritables compétences artistiques et culturelles sont mises à l'écart et que les actuels organisateurs ne songent qu'à s'enrichir sur le dos de la culture.» L'organisation devra-t-elle changer de main pour de meilleures performances ? En tous les cas, c'est une idée qui semble faire l'unanimité chez les citoyens de Batna.


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