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Berrahal ou les blessures infécondes
Le piémont de l'Eddough oublié par l'état
Publié dans El Watan le 31 - 12 - 2005

Situées à 27 km du chef-lieu de la wilaya de Annaba, la commune de Berrahal et les localités avoisinantes, formant quelque 40 000 habitants, sont touchées par une crise socioéconomique aiguë.
Ces dernières années, les préoccupations des populations sont multiples, surtout du côté du piémont de l'Edough, précisément à Metassaâ, Chetaïbi, El Marsa et Tréat. Ce sont des localités hantées à ce jour par les groupes terroristes. Dans la commune de Berrahal, la réalité désastreuse de la gestion de toute la wilaya de Annaba des précédentes années a dévoilé aux habitants l'évidence de leur misère. Le chômage et l'exclusion touchent 90% des jeunes. Les réformes économiques, engagées à partir de 2004, semblent être sans effet. Au contraire, elles ont montré l'abandon total de l'Etat de la prise en charge du quotidien des citoyens. Cette commune nous renvoie l'image de la vacance de l'Etat. Berrahal, anciennement Aïn Mokhra, centre de concentration et de torture de l'armée coloniale française, durant la guerre d'indépendance, avait inventé le combat libérateur. Ses habitants citent aujourd'hui avec fierté la longue liste de leurs martyrs. En 2005, dans les chaumières, sur la place publique et dans les cafés, les citoyens se préparaient à dénoncer les insuffisances dans la gestion de la commune en matière de lutte contre le chômage, la malvie, les atteintes à l'environnement, les maladies... On les a empêchés de le faire à l'occasion de la récente réunion du conseil exécutif de la wilaya au siège même de leur commune. Des intellectuels et des universitaires, natifs des lieux, s'agitent pour, disent-ils, « ne plus être considérés comme des parias ». Excédés d'être dépouillés de leurs biens ou bloqués dans leur ambition de concrétiser leurs projets d'investissement par des bureaucrates corrompus, les petits commerçants et les investisseurs s'agitent également. D'anciens ouvriers de la zone industrielle, au chômage depuis des années, dénoncent le régionalisme des responsables des rares entreprises publiques et privées lors des recrutements. Les cas des milliers de jeunes chômeurs, des agriculteurs sans terre, des concessionnaires de terrains agricoles ou à bâtir sans actes de concession, des ménagères souffrant des conséquences de la baisse vertigineuse du leur pouvoir d'achat, alimentent quotidiennement les discussions. Les citoyens donnent libre cours à leur dénonciation enflammées de la bureaucratie, de la corruption et du trafic d'influence. Récemment d'ailleurs, un maire et un magistrat en ont payé les frais. Gagnés par l'oisiveté générée par un chômage chronique, des jeunes sillonnent les rues, restent à la cité, sont dans les cafés, sans un sou en poche, la mort dans l'âme.
Terres écorchées
Dans cette commune, on ne se cache plus pour faire dans le trafic et le commerce de la drogue, le recel et la commercialisation d'objets volés. « Comme les autres populations de la wilaya, nous avons aussi le droit de bénéficier des avantages induits par la mise en route du programme quinquennal mis en application depuis 2004. Faute de mieux, on fait tout pour survivre », explique Mohammed Nacer, un jeune universitaire, au chômage depuis plusieurs années. Ces derniers mois, les responsables locaux multiplient les sorties et les promesses pour une sérieuse prise en charge du quotidien des populations. Les élus de cette commune sont ébranlés par le doute et les interrogations. Face à des citoyens en colère, ils promènent leur spleen et leurs désillusions au contact des décideurs, apparemment insensibles. En cette fin d'année 2005 à Berrahal, les jeunes abordent également dans leurs discussions le conflit de génération, les difficiles rapports entre la population et ceux qui gèrent leur quotidien. Selon eux, ces rapports s'expliquent par la multitude d'erreurs dans la gestion de la commune. Depuis des années, au plus fort des crises qui ont secoué la wilaya, la population de Berrahal a respecté l'ordre établi. Aujourd'hui, elle se rebiffe. « Nous n'avons que faire des promesses et des déclarations de bonnes intentions. Nous voulons des faits ! » Cette déclaration fait l'unanimité auprès des citoyens. Elle est révélatrice de la situation de révolte qui tourbillonne dans cette commune, traversée par la RN 44 à destination de toutes les régions d'Algérie. Dès qu'on accède à Berrahal, l'on est aussitôt pris par des sensations épiques transformées, ces quinze dernières années, en frayeurs tamisées. Elles sont le résultat de la présence, encore et toujours, de cette horde de hors-la-loi qui continue à hanter les collines avoisinantes du piémont de l'Edough. Berrahal, c'est surtout le sens de l'ambiguïté car s'y mêlent terres écorchées, ensanglantées et jonchées de cadavres de gens innocents, victimes des lames effilées et des balles assassines.
Pessismisme ambiant
Berrahal, c'est encore l'univers de l'ombre, la peine des habitants, transcrite à l'heure des prières par l'appel des muezzins, d'où jaillit l'équanimité au milieu des tourments socioéconomiques. Rien ne console ses 40 000 habitants lénifiés par des années de promesses et d'engagements jamais tenus. Berrahal est une commune où le hasard est omniprésent. C'est aussi une succession de collines avec une verdeur que parfois blessent des saignements de pierres de toutes les couleurs. La puanteur de la ville ressemble à une maladie endémique avec ses ruelles et ses cités abjectes, le faisceau de misères de pauvres aux épaules fracassées par les charges de jerricans d'eau potable pour s'abreuver et des fagots de bois pour se chauffer. Combien sont-ils à tourner comme une noria mortelle dans cette ville ? En bordure de la RN 44, à l'intérieur des cités et des quartiers, un marché informel de fruits et légumes et autres produits de toutes les qualités, des mélanges et même des imitations de grandes marques. Bâtiments quelconques et crassiers de chantiers surgissent de ce qui fut une zone industrielle. Ici comme dans d'autres communes, la richesse d'hier s'est métamorphosée en une immensité de misère. Même le projet de réalisation d'un autorail, prévu pour être opérationnel à partir de 2009, n'a pas tempéré le pessimisme ambiant de la population. Pourtant, il est destiné à relier Berrahal à Annaba. Malgré les différentes actions entamées par les autorités locales, le chômage a atteint le point de non-retour. Jeunes et moins jeunes des deux sexes et de toutes les conditions sociales sont unanimes à affirmer que le logement, les atteintes à l'environnement, l'absence de soutien aux activités agricoles, la faiblesse budgétaire, l'enclavement de différentes localités, l'absence de praticiens spécialistes, la marginalisation et la désocialisation de certaines catégories de citoyens font partie de leurs préoccupations dominantes. L'effacement de la dette communale, décidée par l'Etat en 1999, n'a pas eu d'impact positif sur les capacités de la commune à répondre aux attentes des habitants. Un déficit de 230 millions de dinars n'a pas permis aux élus d'améliorer le cadre de vie de leurs administrés. Conséquences : les espaces verts sont rares, une importante concentration de population, la carence dans la prise en charge de l'hygiène et de la salubrité publique, une eau potable à très haute teneur en calcaire, la multiplication des bidonvilles et des constructions illicites... Riche d'une zone industrielle très active jusqu'à la fin des années 1990, avec sa centaine d'entreprises publiques et privées et ses 8000 travailleurs en majorité habitants de la commune, elle s'est transformée par la suite en un immense tas de ferraille. Seules quelques unités publiques, comme Protuile, Naftal et Encopharm, tentent de maintenir le cap aux côtés de celles privées, ne dépassant pas une douzaine. De ce nombre de travailleurs, dissolution des entreprises et compression des effectifs aidant, il n'en reste que quelques centaines. Les 42 projets publics dans le domaine hydraulique et de l'habitat pour une enveloppe financière de 5 milliards de dinars, le lancement prochain de la pénétrante à double voie Annaba-Skikda, ainsi que les travaux de rénovation du réseau d'eau potable et des eaux usées sont une source d'optimisme. « Il fallait agir sur l'ensemble de l'environnement pour donner de meilleures conditions de vie aux habitants. Ce qui n'est pas le cas au regard des actions sans lendemains entreprises par notre APC », affirme Abdelkrim, un agriculteur confronté depuis des années à un problème d'acte de concession.
Léthargie des élus
Dans cette commune, les élus qui s'y étaient succédé n'ont jamais développé une quelconque politique de réhabilitation des quartiers et des cités. Au contraire, ils ont encouragé des projets conduisant à une modification du paysage urbain. « En matière d'urbanisme, nos élus ont toujours favorisé l'éclosion de nouvelles cités-dortoirs comme celle en cours de réalisation des 260 logements OPGI. Les constructions illicites, les bidonvilles et les marchés parallèles se sont multipliés », ajoute notre interlocuteur. Confrontée à une léthargie de ces élus, Berrahal s'est transformée en une grande agglomération où se côtoient humains et animaux domestiques. Dans ces quartiers et cités, s'amoncellent quotidiennement des tas d'ordures. La commune, qui s'enorgueillait d'avoir 98% de taux d'électrification et autant de scolarisation des enfants, ne semble toujours pas s'intéresser au secteur de l'agriculture, sa vocation. Ces aspects ont été abordés lors de la réunion du conseil exécutif des élus de la commune. Au cours des débats, le développement économique local n'aura occupé proportionnellement qu'assez peu de place. Le logement et la concession des terres agricoles du lac Fezzara ont soulevé davantage de questions. Carences, gaspillages ruineux innombrables et dysfonctionnements dans les activités de l'APC figuraient en bonne place dans la longue liste des griefs dénoncés par la population. Dans tous les domaines du quotidien des habitants, les déficits sont énormes dans cette commune, déréglée par une répartition imprécise des compétences, secouée par des scandales et affaiblie par des frictions internes. Ces déficits ne sont pas près d'être comblés au regard de l'absence quotidienne et régulière des élus, président, vice-présidents ou membres du conseil communal. « Ils sont absents » est la sempiternelle réponse d'une des préposées au secrétariat à chacune de nos multiples tentatives d'avoir de plus amples informations sur cette commune, atteinte d'un misérabilisme chronique. Si les citoyens étaient nombreux à attendre la sortie du directeur de l'exécutif pour exposer leurs problèmes à l'issue de la réunion, les élus de l'APC paraissaient s'être mobilisés pour peaufiner leur image. Dans leur approche des problèmes, ils ont soulevé l'absence de chauffage dans les écoles, la régularisation des bénéficiaires de terrains à bâtir, la fuite des investisseurs potentiels, la faiblesse des ressources fiscales et la situation très aléatoire de l'environnement. La déconvenue suscitée par les résultats presque nuls du projet de mise en valeur du périmètre du lac Fezzara est négativement exemplaire. Par bien des aspects, ce projet innovait beaucoup plus en mal dans la gestion des deniers de l'Etat. Sa mise en application, en 2002, avait été annoncée sans la concertation qu'elle exigeait avec tous les intéressés. Quatre années après, on en est à recenser les dégâts. La majorité des concessionnaires des surfaces agricoles sont toujours dans l'attente de l'aide promise par l'Etat. Lors du lancement de ce projet, le souci de l'image et de stratégie des ambitions personnelles l'a emporté sur l'efficacité et l'intérêt général. Les conclusions des experts sont formelles : le projet de mise en valeur du lac Fezzara tel que conçu est pratiquement irréalisable. Pourtant, plus de 130 millions de dinars avaient été engagés pour la mise en valeur de 2000 ha composant la 1re tranche du projet. La faiblesse du rendement à l'hectare - moins de 4 quintaux/ha -, les inondations perpétuelles et le taux élevé de la salinité du sol ont eu raison de la ténacité du reste des concessionnaires. Plus de 70 d'entre eux ont tout laissé tomber. « Nous travaillons à perte. Ils nous ont attribué des terres toujours inondées et infécondes. La réalisation de ce projet de mise en valeur est une utopie », dira l'un d'eux.


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