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Education : Séparer le bon grain de l'ivraie
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Publié dans El Watan le 14 - 08 - 2011

Le célèbre moraliste La Bruyère reconnaît l'homme d'esprit du sot en regardant simplement leurs allures et leurs démarches. Chez nous, l'homme d'esprit admet que la mémoire qui sauvegarde l'éducation dans nos écoles est défaillante.
Passant près d'une école, il remarqua que les allures et les démarches des gens se ressemblent. Perdu dans les contrariétés des comportements civiques, il s'arrêta pour demander aide à un sot sortant de cette dernière. Le sot lui répondit : «Désolé, je ne sais quoi faire quand l'éducation s'efface de ma mémoire. De plus, ma raison politique ne me permet pas d'assister en urgence une personne hors de cette école qui n'a pas la même démarche que la mienne.» En entrant à l'école, il entendit un maître discuter et commenter avec ses collègues la phrase suivante : «A l'école nationale de démagogie, un sot s'assied toujours comme un débile mental et ne se lève jamais comme un homme d'esprit.» La discussion était bien intéressante. Elle vaut bien ce débat.
Les deux mots grecs démos et agôgos nous donnent le fameux mot démagogue. Le démagogue est celui qui conduit un peuple par des concepts malicieux. C'est cette qualité horrible qui attribue à ce mot une connotation dévalorisante. La dévalorisation ne dégonfle pas les sots qui gèrent nos écoles par les flatteries pompeuses et régentent nos universités par un laïus politiquement velouté. Monsieur démagogue est devenu noble chez nous. Il s'appelle M. De Magog. Monsieur De Magog est très sordide, il exploite le mécontentement de la houle populaire et utilise la mélodie de Chab Mami pour calmer les chahuts de nos gamins. Il prétend que l'éducation dans nos institutions est informellement française et avoue que son application est «cosmétiqua-égyptienne». M. De Magog éduque nos enfants dans un lieu où parfois le kif et l'opium se mélangent. Mais quel sens faut-il donner au verbe «éduquer» lorsque les stupéfiants deviennent des faits banaux et la débrouillardise provisoire outil de succès dans le temple du savoir ?
La légitimité des délits veut qu'après une éducation stupéfiante, nos enfants sachent chanter et danser, mais ignorent la méthode du raisonnement correct. Notre école a tellement réussi que l'homme de la rue a inventé cet affreux barbarisme pour caractériser le niveau de nos enfants (analphabètes trilingues). Mais on oublie que quand on est analphabète on n'écrit aucune langue, le qualificatif qui suit ce mot et superflu. La faiblesse de notre école développe l'anarchie. L'anarchie enfante la misère. La misère est la mère de tous nos vices.
Le 9 juillet 1849, Victor Hugo, qui avait demandé un débat sur le problème de la misère, monte à la tribune de la Chambre des députés dans un silence de cathédrale. 650 députés étaient en séance. «Messieurs, songez-y, c'est l'anarchie qui ouvre les abîmes, mais c'est la misère qui les creuse. Vous avez fait des lois contre l'anarchie, faites maintenant des lois contre la misère !» N'est pas Victor Hugo qui veut, certains apprécient mal leur valeur réelle, et gonflés par leur mégalomanie politique se font prendre pour des rois dans le royaume des aveugles. On est loin du vieil adage ''A chacun son métier et les vaches seront bien gardées''.
Qui parmi nos élus possède le courage et la sincérité d'entamer un tel débat ou de faire un discours politique honnête et droit pour reformer l'éducation de nos enfants ? Certains de nos élus s'aveuglent dans le luxe malhonnête et d'autres observent les citoyens moisir dans l'anarchie et la misère et ne prêtent pas attention. Pauvres électeurs, le ciel a verrouillé ses portes. L'Eternel n'envoie plus ses présages et encore moins ses sherpas pour contrôler l'activité de nos sacrés élus. En 1849 en France, la feuille de présence des élus indiquait 650 députés en séance. Combien de députés sont en séance pour débattre de notre destinée politique un siècle et demi après Victor ? L'absentéisme politique chez nos élus au moment voulu n'est pas fortuit. Quelques mains levées et plusieurs sièges vides exaltent le beau spectacle démocratique de si Salah! Le sérieux algérien est à l'image de nos députés et nos sécateurs. Je m'excuse, je voulais dire sénateurs.
Dans un pays dit musulman, certains élus respirent l'air parfumé importé de Paris, alors qu'une grande partie du peuple est asphyxiée par le fumier d'une bureaucratie puante. L'avenir délicat de nos enfants «dans la démocratie de façade» n'est en réalité qu'un reflet d'une situation plus sombre et plus dangereuse que celle des années noires. C'est bien dommage qu'un pays remarquable par sa nature, riche par son sous-sol, embelli par son capital humain très jeune et célèbre par sa révolution, se noie dans la gestion du couffin social de Ramadhan. Une longue queue, un bruit inutile et les insultes accompagnent le «coup-fin» de la honte. Certains dénoncent et crient à haute voix : «Pourquoi tout ce chichi alors que le spectacle politique dégrade notre école et la voyoucratie humilie notre dignité. Un monde fou et faux aux funérailles d'une souris blanche décédée non loin de Tlemcen est le qualificatif de ce bricolage économique emballé dans un couffin dilapidé et mal mérité.»
Dans ce cafouillage politique, certaines personnes aiment porter des titres pompeux et occuper l'écran plasmatique pendant le mois sacré. Un cheikh ignorant se nomme savant des savants dans un temple marbré de politique de garniture. Un autre charlatan se baptise professeur anesthésiste pour une jeunesse très éveillée. La manie des médias traduit cette nouvelle extravagance et cette excentricité qui se distinguent par les oripeaux de la science et les serpillières de la politique exposés aux feux de la rampe. Devant cette situation on reste perplexes. Les spectacles des «coups-fins» pendant le mois de jeûne illustre bien la dignité algérienne. Trois mille balles et tais-toi devient un geste auguste sur un sol pétrolé.
Nous avons besoin d'un Victor Hugo pour faire le constat de notre anarchie. Les marchands de melons et les boutiquiers de colza façonnent l'anarchie et découpent l'éducation en costumes transparents pour nos enfants. Sommes-nous réellement des musulmans ou tout simplement des robots hypocrites qui s'attroupent face aux caméras dans une mosquée bien choisie pendant les occasions religieuses? Sommes-nous des automates sans foi et sans loi qui ne gagnent qu' hypocrisie cryptée de faim et de soif durant le mois de carême?
Au royaume de l'absurde et des miracles la longévité en poste politique est une coutume incontestable. Chez nous l'incontestable longévité politique notifie le défi et le traduit par la crainte d'un lendemain calvaire. La chanson Au-delà de mon hip-hop politique c'est l'enfer vaut bien une illustration FLN. Parfois l'enfer dans la dignité fait bonne demeure pour les braves. Un plat de colza et une tranche de melon comme dessert au paradis du naturaliste belge reflètent la rusée éternelle dans la glace politique algérienne.
En 1805, le naturaliste belge, M. Aprilfool, «inventa» malgré lui un nouveau fruit bien connu, le melon. Le croisement du concombre et la pastèque a donné ce fruit délicieux. Un animal hibernant transporteur de pollen est à l'origine de cette invention.
Le hasard fait bien les choses. De la même manière, le pollen de la courgette de Tizi Ouzou déposé sur le pistil de la pastèque de Laghouat produit une nouvelle plante hybride : le melon politique de chez nous. En politique botanique, les idées du nouveau FLN, déposées sur le pistil de son fils aîné le RND, ont produit un melon de marque hip-hop. La technologie dans le domaine de la génétique politique est très complexe chez nous. Le croisement du navet de Tébessa et du chou de Jijel donne le colza politique actuel. Un comédien algérien, spécialiste dans la transposition politique, nous informe du changement possible dans le futur proche et confirme ses idées créatrices par une permutation amuseuse «la permutation du S du MSP avec le T du PT nous donne deux nouveaux produits : le MTP (Mouvement des Travailleurs Paresseux) et le PS (Produit de Synthèse). Les idées du MTP mélangées aux concepts du PS nous donnent un colza de label hop-hip».
Le hip-hop et le hop-hip composent la mélodie de la dance naïly du trio politique. Pour jouer cette mélodie, nous avons besoin d'un animal transporteur de pollen. Cet animal hibernant, aujourd'hui disparu d'Europe, (le dernier spécimen vivant ayant été observé à proximité d'Edimburg - Ecosse - en 1953, une année avant la Révolution algérienne). En Afrique, cet animal persiste au darwinisme. Ilvit encore et se nomme M. De Magog. Chez nous M. De Magog se nomme top politique au lieu de taupe boulimique. Cette taupe navigue entre le hip-hop et le hop-hip. Le lexique politique démontre que M. De Magog diffère de M. pédagogue. Le terme pédagogue possède la même racine latine et signifie «guide d'enfants» (du grec paidagôgos). Un pédagogue est un éducateur qui éclaircit les idées dans les esprits des gamins qui lui sont livrés. Il les éduque par une formation progressive. Cette formation leur permet de développer une capacité intellectuelle qui les mène à décider par eux-mêmes de leur propre avenir. Après éducation solide, les gamins arrivent à distinguer le top politique de la taupe boulimique.
Hélas ! On ne s'improvise pas Victor Hugo, on le devient après un dur labeur. Mais de nos jours, les escrocs «magots» se sont installés dans les temples du savoir et dans les zaouïas de culte. Il y a pire, nous sommes entrés de plain-pied dans la civilisation du paraître, celle de l'être s'est éclipsée et nous vivons dans un monde de (sous) culture spéciale. Le paraître et l'avoir ont chassé l'être. Les feux d'artifice font spectacle dans le royaume des aveugles.
Même l'université est devenue un lieu de hip-hop. Dans certaines universités, nous vivons le temps d'escroquerie intellectuelle. Une époque où n'importe quel farfelu essaye de nous faire prendre des vessies pour des lanternes et propose de faire de l'Algérie une île dorée comme son nom l'indique. Le pays de Cocagne est devenu l'éldorado tribal des «Béni-Yes» !
Brume et brouillard entourent le métier d'éducateur. De nos jours, il est devenu difficile de distinguer la graine de l'ivraie. Enseigner aujourd'hui à l'université, c'est la croix et la bannière. Faute d'échelle des valeurs, seuls les étudiants sont en mesure d'apprécier la valeur de leurs enseignants.
Dans certaines universités, le vrai scientifique est humble et sérieux dans son travail qu'il considère comme un sacerdoce. Son humilité, sa sagesse et sa simplicité le protègent des agissements des escrocs qui ont occupé le temple de la science et lui servent de carapace pour vivre dans un monde austère où l'aridité et la sécheresse scientifique font ravage.
L'homme de science chez nous devient ermite «zouhdi». Chez lui, il fréquente ses auteurs favoris et s'enferme dans sa tour d'ivoire. Le satellite et Internet escortent sa solitude.
Notre université est devenue une institution qui n'a de scientifique que le nom. Dans les grèves politiquement visqueuses, elle patine en adéquation avec les exigences du temps moderne. Alors que le capital humain est devenu la clef du développement économique et l'édifice sur lequel se bâtissent les civilisations, M. De Magog a clochardisé l'éducation et nos universités sont devenues plus des usines à diplômes (dévalorisés) que des espaces où se forme l'homme qui relève le défi technologique et économique du 21e siècle. L'expérience nous enseigne que l'université est le fief des têtes pensantes. Mais chez nous, dans le pays des miracles, il s'agit plutôt des têtes «penchantes». Descartes n'est pas algérien, ce n'est plus je pense donc je suis, mais je me penche (je fais des courbettes pour le dire en plus clair), donc je suis.
Oui, tel le sphinx, l'espoir finira toujours par renaître de ses cendres. Les propagateurs des ténèbres ont voulu faire tomber notre cher pays dans la vassalité politique, économique et religieuse. Les assassins de la raison ont mis à sac nos écoles. La corruption a sclérosé l'esprit des citoyens et a détruit une jeune nation qui cherchait à se frayer un chemin vers la modernité, la stabilité, la justice et la fraternité.
En conclusion : dans ce microcosme enveloppé par la «tchipa» avancée, le barbarisme et l'égoïsme extrémiste, il reste quand même une lueur d'espoir dans le pays, ce sont ces nationalistes qui travaillent à l'ombre loin des feux des projecteurs et qui maintiennent le souffle de l'intelligence, empêchant celle-ci d'être anéantie par les ténèbres rampantes qui ont obscurci ces dernières années le ciel de la raison.


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