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Au pays de la fausse opulence
Aïn El Bya fait face à une vraie décrépitude
Publié dans El Watan le 05 - 01 - 2006

Difficile de ne pas confondre le nom de Aïn El Bya, commune distante d'une trentaine de kilomètres à l'est d'Oran avec celui de la grande plateforme pétrochimique adjacente du géant groupe Sonatrach. De son nom initial de Damesme, jadis endroit balnéaire coquet et reclus, Aïn El Bya est devenue, en l'espace de deux décennies, une immense fourmilière aux enchevêtrements les plus marqués et aux problèmes les plus inextricables.
Les onze villages Sonatrach, qui jouissaient d'une totale prise en charge par le groupe national depuis leur réalisation durant les années 1960,1970 et 1980, sont actuellement livrés à eux-mêmes. Légués à leurs habitants, ces derniers ne manquent aucune occasion pour dénoncer ce qui leur semble un « abandon brutal et un lâchage injuste ». Effectivement, il est loin le temps où Allemands, Américains, Français et Anglais, jouant au tennis ou déambulant avec leurs caniches, faisaient partie du décor le plus anodin du quotidien de ces villages, autrefois cloisonnés et protégés des regards des envieux. Les associations de quartiers très actives sur le terrain essayent tant bien que mal de préserver le minimum nécessaire pour une vie commune. « L'eau potable, par exemple un problème parmi tant d'autres, est cédée au tarif industriel, c'est-à-dire 70 DA le m3 au lieu de 16 DA pour l'usage domestique », comme le précisera M. Kherbouche, le représentant des résidants du village n°8. Et celui-ci d'expliquer que « le compteur collectif installé au début des années 1980, encore d'usage, n'a pas été remplacé par des compteurs individuels. Les factures de L'ADE même soutenues à hauteur de 50% par l'ex-Asmidal qui a géré cet îlot d'habitations jusqu'à l'année 2002, sont de l'ordre de 1500 DA en moyenne pour chaque foyer ». Ce camp, où le gaz naturel fait défaut, est alimenté en gaz butane grâce à la grande citerne que les résidants remplissent en collectant l'argent chaque fois, elle fait office d'un mini-poste de distribution. Et là, le danger est omnipotent, précisent des habitants. Le réseau d'assainissement est défectueux dans quelques villages.
une cession inéquitable
La mort par asphyxie récente de 3 jeunes, dont 2 frères du Camp 5, pourtant le mieux entretenu parmi les 11 villages Sonatrach, renseigne amplement sur la problématique. La cession, même si elle vient d'être entamée, n'a concerné, pour la majorité des camps, que les baraquements construits en préfabriqué. La cession du terrain d'assiette est un autre problème tant la propriété revient de fait à l'agence foncière propriétaire du bien domanial. Là, on peut entendre des 200 m2 cédés à 3 millions de centimes ou 650 millions pour la même superficie. Ici, les décrets et les dates se mélangent et fusent de partout pour illustrer à celui qui veut bien comprendre l'imbroglio des cas les plus déraisonnables. Le terrain d'assiette par exemple du Camp 8, nul ne sait à qui il appartient, même pas l'agence foncière. Et tous les villages vivent les mêmes problèmes. Haï Essalam( ou Phoenix), qui stigmatise à lui seul toutes les tares nées d'une cession mal accomplie, est un immense bourbier. L'insécurité y règne en maître des lieux. Agressions, vols de voitures, cambriolages, drogue y sont devenues monnaie courante dans cet immense labyrinthe. Et ce n'est pas le statut faussement privilégié, érodé, des travailleurs de Sonatrach ou des unités filialisées qui peut prémunir une progéniture livrée à l'oisiveté contre toutes les dérives. Là, on projette, dans les prochains jours, la fixation d'un poste de gendarmerie pour veiller à la tranquillité des lieux. La pollution, qui est un problème majeur dans la localité, n'est pas seulement une préoccupation élitiste, bien au contraire. Tout le monde en fait le constat, mais personne ne peut quantifier. M. Bahloul, président de la fort connue association Echems faisant dans l'écologie, précisera à ce propos que « le taux d'asthmatiques qui avoisine les 6% de la population locale est le double de celui enregistré à Oran ». Ajoutant : « Aucun dispositif n'a été installé dans cette agglomération pour mesurer l'ampleur du problème. » Le seul polluant visible est le nuage jaunâtre formé par l'oxyde d'azote que dégage Asmidal, devenue entre temps Fertial avec l'entrée des Espagnols de Villar Mir à hauteur de 66% dans le capital de l'entreprise. M. Bahloul dira : « Il n'y a pas seulement Asmidal qui doit être pointée du doigt mais aussi toutes les autres unités à l'image du Complexe GNL 3, GPL 2, raffineries entre autres qui tout aussi empestent l'air de matières polluantes. »
Une rétrocession mal assumée
La solution réside selon cet interlocuteur « dans l'interdiction de toute délivrance de permis de construire dans les alentours pour l'implantation de nouvelles unités industrielles, la création d'une nouvelle ville sur le plateau de Ayayda, qui est situé plus au Sud, à quelques encablures du pôle pétrochimique et enfin la réalisation d'un sanatorium qui fera aussi office de centre de prévention contre les maladies pulmonaires qui affectent durement la population locale ». « Sonatrach, qui s'est désistée de la gestion de presque tous les camps sauf ceux de passage, doit au moins assainir tous les reliquats et tout remettre en ordre : voirie, AEP, éclairage public, assainissement. » Cela est l'avis unanime ressassé par tous les représentants des résidants. Le maire de Aïn El Bya, M. Kebaili, qui se trouve soudainement confronté à un problème né d'une rétrocession mal assumée, devant le wali d'Oran, en tournée d'inspection récemment dans la localité, a tenu les mêmes propos : « La gestion de ces villages Sonatrach, de par l'enchevêtrement des problèmes et l'énormité des besoins, ne doit pas être rétrocédée à la mairie dans des conditions pareilles. Les situations doivent être en premier lieu assainies et les passifs financiers épongés comme ceux dus à Sonelgaz et à l'ADE. Si l'APC a bien consenti à s'acquitter de quelques travaux, comme ceux de l'éclairage public réalisés aux camps 1et 9, elle ne peut, au vu des moyens disponibles de l'institution, résoudre tous les problèmes. » Aussi, « les villages Sonatrach ne doivent pas éclipser l'arrière- pays et les soucis quotidiens de ses habitants », dira plus d'un autochtone. Chehairia, Ayayda et le chef-lieu, qui vivant tout autant de similaires problèmes, ne font pas pour autant plus de bruit que les autres. Chehairia, qui verra bientôt le gaz naturel arriver, vit d'autres problèmes, transport, éloignement enclavement notamment. Les jeunes de ces localités et bien d'autres des alentours sont montés récemment à Oran, à la wilaya pour faire entendre leur voix sur le problème du chômage qui les touche durement. Sonatrach attise les regards et suscite les envies pour des lendemains meilleurs. « Le seul fait d'habiter dans le voisinage doit octroyer un droit préférentiel pour une embauche vitale dans cette entreprise. » C'est l'avis de tous les demandeurs d'emploi habitant ces localités qui, vrai ou faux, dénoncent l'opacité qui règne en matière de recrutement. Ces derniers temps, on embauche à tour de bras, mais comme partout ailleurs le diplôme ou la qualification est devenu le préalable incontournable, diront les chefs d'entreprises, souvent saisis par les autorités locales sur le problème. Maçons qualifiés, coffreurs ou conducteurs d'engins ne chôment pas ; on voit des affiches du genre à longueur d'année sur les panneaux d'annonce accrochés à la mairie de Aïn El Bya et de Bethioua. Mais tous les autres, ceux qui n'ont pas le diplôme de BTS ou d'ingéniorat, ne peuvent pas tous être des agents de sécurité, disent les officiels qui réfutent les accusations. Il y a la sous-traitance avec les nombreuses unités industrielles et pétrochimiques implantées dans la région pour les plus hardis ou les plus introduits. Le catering, l'hygiène, le génie civil, l'alimentation en gros peuvent par contre vivre d'une proximité toute bénéfique. La zone industrielle, séparée par un mur de cloisonnement au début des années 1990 sur une longueur de 20 km, longeant le bord de mer d'Arzew jusqu'à Mers El Hadjadj, a pénalisé les commerçants qui ne voient plus tous les passagers venant d'Oran transiter par le village pour aller vers Mostaganem, Relizane ou ailleurs vers l'Est. Cette dépossession est vécue comme une blessure et une frustration par les uns qui n'ont même plus le droit d'aller fouler le bord de mer, situé pourtant à quelques dizaines de mètres des îlots d'habitations. Aïn El Bya et ses flambeaux éternels illuminant le ciel de cette portion d'Algérie salutaire ont fait des heureux et des moins bien heureux. Tout le reste n'est que question d'accommodation et d'adaptation.


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