Les gens de la corporation font face durant l'exercice de leur mission à des responsables dont la plupart ont horreur de la transparence. Les rédactions centrales des différents organes de la presse écrite sont mieux loties en matière de sources d'information que les bureaux régionaux, et dans la Capitale les représentants des différentes institutions publiques et privées sont plus prolixes que ceux exerçant à l'intérieur du pays. Ceci est une évidence partagée par beaucoup de correspondants de presse à travers la majorité des villes et villages de l'intérieur du pays. A Souk Ahras qui ne déroge pas à la règle, certains responsables cultivent depuis des décennies le culte du secret et se complaisent, dans le meilleur des cas, dans la gestion d'une information distillée à doses homéopathiques depuis le circuit semi-formel. Bennacer correspondant du quotidien arabophone El Massa, fait part du verrouillage des sources d'information en déclarant: «Il est très difficile d'avoir une information depuis une source responsable, et c'est avec peine que nous arrivons à récolter des détails importants pour notre mission journalistique.» Même avis chez Aribi, journaliste d'Essakr (quotidien national arabophone) qui affirme ceci : « Recueillir des informations auprès de nos gestionnaires locaux est une tâche ardue pour nous. Même si vous arrivez, avec peine et insistance à faire parler un responsable, vous devez compléter ailleurs le plus important du scoop.» Si les uns continuent à évoquer la subjectivité et le manque de professionnalisme décelés dans la corporation, force est de rappeler que la rétention de l'information en est la première cause. Black-out Sur la longue liste des secrets de polichinelle, le journaliste à Souk Ahras est privé d'information sur les nouvelles réalisations dans certains secteurs névralgiques, sur un déraillement de train de marchandise, un accident de la circulation, un suicide, l'arrestation d'un malfaiteur, le nombre d'élèves inscrits, et autant d'autres événements où certains comportements frisent le ridicule. La presse écrite est, par ailleurs, sollicitée lors des querelles de clochers et dans les cas d'un bulletin de bonne santé recommandé par la tutelle. «Nous sommes en face d'interlocuteurs qui ont horreur de la transparence. Si on ne requiert par l'anonymat pour faire passer le message on t'oriente vers le subordonné, sinon ce sont les sempiternelles dérobades et rendez-vous non respectés», signale H.Fraga de l'Est Républicain. La situation devient plus délicate quant le responsable sollicité est concerné par des questions ayant trait à une doléance d'un citoyen ou quand il se sait partie prenante d'un scandale. «Personnellement je n'ai pas de problèmes de sources d'information s'agissant de faits divers ou de renseignements sur des événements courants sauf dans les cas où le gestionnaire est ciblé par une enquête judiciaire ou quand l'entité qu'il gère est directement ébranlée par une contestation. Là c'est le black-out total…», précise Hayet Touafchia, représentante du quotidien En-Nahar. Informer juste ou susciter l'intox ? Une affaire de tous.