Ahmed Ouyahia a trouvé dans les travaux de l'université d'été, organisée par son parti, le week-end dernier à l'université de Constantine, une tribune idéale pour répondre aux détracteurs du gouvernement et de l'Alliance présidentielle. Ragaillardi par les 1769 militants de son parti venus des quatre coins du pays pour prendre part à ce rendez-vous et sa « réconciliation » avec le général Betchine, le secrétaire général du RND s'est d'abord employé à battre en brèche les rumeurs le présentant en désaccord avec le président Bouteflika. « Nous avons soutenu et nous continuerons à soutenir le président Bouteflika car nous sommes convaincus au RND que son programme constitue la solution pour renforcer la stabilité du pays », a-t-il déclaré. Pour marquer la complète adhésion de son parti au programme du président de la République, Ahmed Ouyahia a animé lui-même une conférence-débat au cours de laquelle il a loué les vertus de la réconciliation nationale. La réconciliation nationale Lors de la présentation des fondements et des objectifs de la réconciliation nationale, il a cependant pris le soin d'avertir que le concept, tel que porté par le programme du chef de l'Etat, ne peut être rapproché avec celui développé par les anciens animateurs du groupe de Rome. Le secrétaire général du RND a exclu la possibilité, en outre, que la réconciliation nationale version Bouteflika débouche sur une amnistie générale. Il a mentionné aussi que la « réconciliation nationale ne correspond pas à un projet de société ». Evitant de donner un contenu précis au concept, Ahmed Ouyahia a indiqué que « la moussalaha al watania » consiste globalement à réaliser le programme du président de la République et à « offrir aux Algériens la possibilité d'avoir une vie normale ». Il a également fait comprendre que la réconciliation nationale a pour objectif de consolider l'Etat, de renforcer l'identité algérienne et de « créer un lien entre nous et notre pays ». « Immuniser la société » Il s'agit, en outre, a-t-il souligné, d'« immuniser définitivement la société contre l'influence des charlatans », de donner les moyens au pays d'avancer dans le développement et d'éviter la réédition de catastrophes comme celle connue durant les années 1980. A l'instar des journalistes, la pléthore de significations données à la réconciliation nationale a donné « le tournis » à un certain nombre de militants du RND. Beaucoup d'entre eux n'ont d'ailleurs pas hésité à demander à leur secrétaire général des précisions supplémentaires. Mais malgré les explications fournies, certains d'entre eux resteront sur leur faim. M. Ouyahia a saisi l'opportunité, par ailleurs, de la tenue d'une conférence de presse en marge des travaux de l'université d'été organisée par son parti pour « arranger la cravate » aux ennemis du pays. Enfilant tour à tour la casquette de patron du RND et celle de chef de l'Exécutif, Ahmed Ouyahia a précisé que les ennemis du pays se recensent parmi ceux dont les intérêts sont aujourd'hui menacés. Pour lui, cette catégorie de gens, à laquelle il a ajouté « ceux qui sont prêts à tout pour décrocher un poste de ministre », est à l'origine des tentatives de déstabilisation dont font l'objet le gouvernement et l'Alliance présidentielle. Ces tentatives de déstabilisation se manifestent à travers les rumeurs annonçant « en boucle » un changement de gouvernement et une rentrée sociale explosive. Pour couper court à ces rumeurs « véhiculées par certains canards (journaux) », il a indiqué qu'il n'y aura pas de changement de gouvernement. « A ceux qui se sentent dérangés, nous disons qu'Ahmed Ouyahia reste », a-t-il martelé. Et d'ajouter : « Sachez bien qu'il n'y a aucun différend entre le Président et moi. Sachez aussi que l'Etat ne peut pas être déstabilisé. » Questionné sur le sens à donner à sa décision de redonner à l'ANEP le monopole de la publicité, le chef du gouvernement a indiqué que la mesure n'est pas dirigée contre la presse. Celle-ci, a-t-il dit, « est destinée à permettre à l'Etat de mieux gérer ses sous ». A ce propos, il a épinglé « certains responsables d'entreprises publiques en raison de leurs dépenses exagérées et inconsidérées en matière de publicité ». Evoquant le dossier des médias, le patron de l'Exécutif a rappelé que le projet du gouvernement n'est pas d'étouffer la presse. « Nous avons besoin d'une presse libre et critique, mais il y a tout de même un effort de professionnalisme à entreprendre. » A cette occasion, il a marqué son intention d'adresser un démenti à un quotidien national ayant publié jeudi dernier une information disant qu'il a fait bénéficier un groupe industriel privé de certaines largesses fiscales.Sur les rapports actuels entre le RND, le FLN et le MSP, Ahmed Ouyahia a indiqué que « l'état de santé de l'Alliance présidentielle est bon ». Il a ajouté que les divergences existant entre son parti et le MSP concernant le dossier de la révision du code de la famille sont insignifiantes. Le patron du RND s'est d'ailleurs montré persuadé que ces divergences seront vite aplanies d'autant que les changements introduits dans le code de la famille se sont faits dans le respect de l'Islam qui, a-t-il rappelé, est la religion de l'Etat.
