Une partie de la richesse publique, puisqu'il s'agit d'entreprises publiques économiques, est privatisée dans une forme d'opacité intrigante. A chaque ministre son bilan. Hamid Temmar, qui a eu l'obligeance, hier, de rendre publics les résultats des opérations de privatisation des EPE depuis l'année 2003, a annoncé le nombre de 270 opérations de cession d'actifs, dont 167 privatisations. Mais là encore, l'opinion n'a droit qu'aux chiffres. Avant lui, le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, ainsi que son ministre chargé de la privatisation, Yahia Hamlaoui, se sont prêtés au même exercice. C'était en mai 2005, et le bilan Ouyahia à l'APN était déjà, à cette date, de 142 opérations de privatisation réalisées, dont on a compté 117 cessions totales et 25 cessions partielles d'actifs. Les chiffres sont « têtus » pourtant. Ainsi, la contradiction s'invite forcément à ce sujet, qui a déjà suscité de très chauds débats parmi toutes les couches de la société, notamment parce qu'il s'agit du secteur le plus grand employeur. Son transfert de la propriété de l'Etat au privé ne peut ainsi s'opérer suivant une arithmétique dont le moins qu'on puisse dire est qu'elle change avec les noms de ministres d'un même gouvernement. A ce prix, l'information chiffrée, qui est censée être la plus fiable et méritant plus de crédit parce qu'elle confère de l'exactitude, est devenue vide de sens. Rien n'est plus difficile à appréhender que la constellation de chiffres qui laissent l'opinion dans la confusion totale. En outre, est-il utile de relever qu'à côté de ce travail de transfert de propriété des entreprises publiques au privé, on ne connaît ni l'identité des repreneurs, qu'ils soient nationaux ou étrangers, ni les détails des transactions, encore moins les noms des entreprises concernées. Le travail des représentants de l'Etat pèche par le manque de publicité, autrement-dit de transparence.