Il fait partie d'une infime minorité qui a appelé au boycott des élections du 23 octobre. Jalal Benbrik Zoghlami, frère de Toufik et militant de la gauche ouvrière, affichait hier plus d'amertume que de surprise. Pour lui, le triomphe des islamistes était prévisible. Mais pour Zoghlami, ce triomphe fait partie d'un complot qui dépasse le parti Ennahda et serait l'œuvre des apprentis sorciers de Tunisie et d'ailleurs qui jouent avec le feu pour les intérêts du capital international. La France a une grande part de responsabilité, estime notre interlocuteur, mais aussi les Etats-Unis, l'Union européenne et les pays du Golfe qui, tous, ont joué des cartes, notamment en finançant leurs candidats. L'argent sale utilisé dans la campagne par des partis comme Ennahda, le CPR de Moncef Merzouki et d'autres vient de là. Pour lui, cet argent sale était un avertissement pour les Tunisiens qui, malheureusement, n'ont pas vu venir. Zoghlami considère aussi que la visite récente de Beji Caïd Essebsi aux USA lui a permis de conclure un accord pour la configuration du prochain gouvernement avec des éléments de l'appareil qu'est le ministère de l'Intérieur, des éléments de l'armée, de l'ancienne administration et aussi des partis Ennahda et CPR. Le «programme jasmin» serait aussi le fruit de la collaboration avec des capitales européennes qui investissent en Tunisie. Le coup de gueule de Zoghlami le pousse jusqu'à traiter Kamel Jendoubi, président de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), de suppôt des USA pour avoir réussi un show entraînant avec lui beaucoup de gens sincères. «Ils ont conspiré contre la révolution, mais elle ne s'est pas arrêtée. Cette révolution n'a pas donné une réponse politique, mais elle a donné un peuple vigilant. Les Tunisiens qui avaient crié ‘Travail, liberté et dignité' le 14 janvier, découvriront le coup de bluff. Car ce peuple peut se gourer, mais il se réveillera encore», avertit Jalal Benbrik Zoghlami.
