La réponse d'Israël à l'admission de l'Autorité palestinienne en qualité de membre à part entière de l'Unesco ne s'est pas fait attendre. Au lendemain de cette historique et éclatante victoire diplomatique des Palestiniens, le gouvernement israélien s'est empressé de défier, une nouvelle fois, la communauté internationale en annonçant deux mesures en totale violation de ses engagements internationaux, et cela, en signe de représailles contre le nouveau soutien international dont vient de bénéficier la cause palestinienne. En plus de la décision prise de lancer un nouveau programme de construction de colonies juives dans la ville sainte de Jérusalem-Est et en Cisjordanie, le gouvernement israélien a entrepris de couper les vivres aux Palestiniens en gelant les transferts des avoirs de l'Autorité palestinienne d'Israël vers les Territoires palestiniens. Ces fonds, représentant les droits de douanes et taxes prélevés sur les marchandises à destination des Territoires palestiniens transitant par les ports israéliens et remboursés à l'Autorité palestinienne, sont destinés au financement du budget de l'Autorité palestinienne à hauteur de 30% et au paiement des salaires de quelque 10 000 fonctionnaires palestiniens. Les Américains, qui ont voté sans surprise contre la résolution de l'admission des Palestiniens à l'Unesco, ont usé, eux aussi, de l'arme stratégique du chantage de l'aide à cette organisation onusienne en décidant carrément d'interrompre le versement de leurs cotisations pour la punir (l'Unesco) d'avoir osé ouvrir ses bras aux Palestiniens. Il y a quelques jours, Washington avait opposé son veto à la demande palestinienne d'admission en tant qu'Etat membre à part entière au sein de l'ONU. Les soutiens inconditionnels d'Israël à sa politique coloniale se réduisent comme peau de chagrin. Hier, la France, l'Allemagne, l'Italie et l'Union européenne (UE) ont vivement dénoncé le coup de force de Benyamin Netanyahu, qui remet en cause les engagements internationaux en faveur d'une paix juste et durable dans la région, fondée sur la création d'un Etat palestinien viable aux côtés d'Israël. La France, qui s'est abstenue à l'ONU au sujet de la demande d'admission de la Palestine, après avoir échoué à rallier la communauté internationale à sa proposition d'octroyer aux Palestiniens un statut d'observateur pour dénouer la crise, s'est montrée résolument offensive sur le dossier de l'admission des Palestiniens à l'Unesco. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero, a exprimé hier les regrets de la France face à la décision américaine de suspendre ses cotisations à l'Unesco. En gelant leurs cotisations au profit de l'Unesco et en menaçant de fermer les robinets aux organisations humanitaires engagées dans les Territoires palestiniens, les Américains délivrent un double message. Le premier s'adresse à l'Autorité palestinienne et aux Palestiniens face auxquels on agite le spectre de la précarité pour infléchir leur position et les amener à plus de retenue dans la quête de leur reconnaissance dans les instances internationales, qui a pris un nouveau tournant avec la demande d'admission à l'ONU. Le second résonne comme une mise en garde à l'endroit des organisations internationales qui seraient tentées de suivre l'exemple de l'Unesco.