Après sa mise sous pression au début du mois de septembre dernier, le gazoduc North Stream qui relie la Russie à l'Allemagne a commencé mardi à livrer les premières quantités de gaz. Cinq personnalités dans la ville de Lubmin, en Allemagne, ont ouvert symboliquement les vannes du gazoduc qui a commencé ainsi à livrer les premières quantités de gaz, la chancelière allemande Angela Merkel, le président russe Dmitri Medvedev, les Premiers ministres français et néerlandais, François Fillon et Mark Rutte, et le commissaire européen à l'énergie, Günther Oettinger. C'est le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, en septembre dernier qui avait lancé la mise sous pression du gazoduc North Stream qui relie la Russie à l'Allemagne via la mer Baltique. Avec ce nouveau pipeline, la Russie renforce sa position de premier fournisseur de gaz à l'Europe avec des volumes additionnels de près de 55 milliards de mètres cubes par an. Elle commence aussi à appliquer sa stratégie qui est d'éviter des pays de transit pour livrer directement son gaz aux pays membres de l'UE. Cette stratégie est née après les premiers conflits sur le prix du gaz apparus dès le début des années 1990 avec l'Ukraine, pays de transit du gaz russe. Le gazoduc relie la ville de Vyborg en Russie à la ville allemande de Greifswald par voie sous-marine à travers les eaux territoriales de la Russie, de la Finlande, de la Suède, du Danemark et de l'Allemagne sur une distance de 1224 km.Le gazoduc North Stream est détenu par le groupe russe Gazprom à hauteur de 51%. Les groupes allemands Wintershall et E.ON Ruhrgas détiennent 15,5% chacun. Tandis que le groupe néerlandais Gasunie et le français GDF-Suez sont actionnaires à hauteur de 9% chacun. La nouvelle ligne, qui est constituée de deux tubes parallèles, va commencer à livrer du gaz avec une capacité de 27,5 milliards de mètres cubes. La deuxième ligne sera fonctionnelle en 2012, selon le consortium North Stream AG. La construction de la première ligne a été achevée en mai dernier, tandis que la deuxième doit être prête à la fin de l'année 2012. Si la Russie commence à se libérer de l'obligation de faire transiter son gaz par l'Ukraine, par exemple, et éviter les conflits sur les prix, l'Allemagne trouve beaucoup d'intérêt dans cette nouvelle route du gaz surtout après la décision d'arrêter les centrales nucléaires en 2022. Le gaz russe va servir à fabriquer de l'électricité et remplacer la production des centrales nucléaires allemandes. Il faut rappeler que 80% du gaz russe livré à l'Europe transite par l'Ukraine et que la Russie exporte en moyenne environ 150 milliards de mètres cubes vers l'Europe. L'Allemagne avait décidé de fermer toutes ses centrales nucléaires en 2022. Selon des statistiques, l'énergie, qui sera produite grâce au gaz qui sera fourni par le North Stream, pourra remplacer l'énergie produite par 11 centrales nucléaires. C'est en mai dernier que l'Allemagne avait annoncé la fermeture de ses derniers réacteurs nucléaires en 2022. Selon des statistiques, la majorité des 17 réacteurs nucléaires ne sera plus en service à la fin de cette année. Le reste, soit trois, fermeront en 2022. Le North Stream constitue le substitut idéal pour l'Allemagne qui va produire de l'électricité avec du gaz. Du coup, la demande en gaz de l'Europe va encore augmenter et ne devrait plus poser de problèmes de concurrence entre les trois principaux fournisseurs de gaz à l'Europe, à savoir la Russie, l'Algérie et la Norvège, et les nouveaux tels que le Qatar. Les exportations de gaz algérien vers l'Europe, qui représente environ 97% des exportations globales, se situent en moyenne aux environs de 60 milliards de mètres cubes, excepté les périodes de baisse de la consommation en Europe. La production algérienne de gaz se situe aux environs de 150 milliards de mètres cubes (145,8 milliards en 2010). Environ 28 milliards de mètres cubes sont consommés au niveau local et le reste est injecté dans les gisements.