Qui a dit que Baâziz s'était assagi ? Le concert qu'il a donné le 11 novembre, au théâtre Maisonneuve de Montréal qui était archicomble, est la preuve que le jeune quadra garde toute son insolence et un public qui l'aime à des milliers de kilomètres de sa Cherchell natale. Ses fans étaient venus nombreux, en majorité des trentenaires algériens, place des Arts à Montréal, pour le concert de Baâziz. Une sorte de «thérapie collective» où les chansons étaient ponctuées de longs échanges entre le chanteur et une assistance qui ne demandait que ça. A 46 ans, Baâziz se démène sur scène comme un adolescent en folie. Jean straight, veste noire, tee-shirt à rayures (ziga ih ziga lala, comme dirait Aljia de Irban Irban) et chaussures de sport blanches, le gars défie les lois de la biologie. En un peu plus de deux heures, Baâziz a revisité ses succès, raconté l'Algérie, sa vie à la manière d'un conteur et avec beaucoup d'humour. Le créateur d'Algérie Mon amour s'est même expliqué devant un public insistant sur ses prétendues accointances avec le pouvoir. Comment un chanteur qui a brillé avec Ya hasrah ki kount sghir, a-t-il pu faire la promotion des élections de 2009 ? Baâziz s'est défendu d'être le Deriassa de service et a juré que sa chanson a été détournée par les tenants du système. Baâziz, n'ayant pas la langue dans sa poche, tire sur tout ce qui bouge : Bouteflika, Khalida Toumi, la ministre de la Culture, l'armée, les politiciens et les chanteurs algériens. Ainsi, Saïd Sadi devient l'ex-opposition ! Khaled, Faudel et Amazigh Kateb sont passés à la tronçonneuse au détour d'une grimace ou d'une remarque «innocente». Mami a eu la palme d'or de l'abattage public avec un «b3id echerr» (que le malheur soit loin de nous !). Baâziz enfonce ainsi le clou et clôt le dossier Mami et le Festival du monde arabe de Montréal, du 30 octobre au 13 novembre. Car, petit rappel, le chanteur du raï a, lui aussi, été invité à Montréal. Un début de controverse à propos de sa condamnation en France pour tentative d'avortement forcé a obligé les organisateurs à annuler son concert. Au Québec, on ne badine pas avec la violence faite aux femmes. Les islamistes restent la bête noire de Baâziz. Pour Ali Benhadj, il a dédié une chanson de Brel qui devient «t'as voulu Kaboul, on a vu Kaboul»! Baâziz a prouvé, encore une fois, qu'il connaît bien l'Algérien et ses travers.