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Transfert d'eau In Salah-Tam : les habitants restent sur leur soif
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Publié dans El Watan le 09 - 12 - 2011

A Tamanrasset, l'eau potable est toujours aussi précieuse. Neuf mois après la mise en service du mégaprojet de transfert d'eau In Salah-Tamanrasset, les habitants s'approvisionnent toujours en citernes. En cause : salinité de l'eau, fuites et vétusté des canalisations. En ville, tout le monde a désormais la preuve que le projet a été réalisé pour alimenter en priorité un pôle industriel.
L'eau coule dans les robinets des Tamanrastis, mais pas autant que l'argent dépensé pour... acheter de l'eau potable. Neuf mois après la réception du mégaprojet de transfert d'eau à partir de la nappe albienne d'In Salah vers la wilaya de Tamanrasset, l'eau potable demeure un luxe pour la population. Les vieilles habitudes n'ont pas changé dans la capitale de l'Ahaggar. Comme avant, les camions-citernes sillonnent plusieurs fois par jour les quartiers de la ville, les fardeaux d'eau s'achètent comme des petits pains et les sources d'eau douce ne désemplissent pas. La majorité des habitants refuse de boire cette eau précieuse, tant attendue. De l'avis de nombreux citoyens des quartiers desservis par le transfert, l'eau présente un taux de salinité «anormal», voire très élevé.
Ceci rend systématiquement impossible son utilisation pour la consommation, la cuisine et en particulier la préparation du thé, tradition indissociable du Sud algérien. «Lorsque je lave la vaisselle, je trouve des traces blanches dessus», confie une mère de famille. Une autre ménagère nous apprend «ne jamais pouvoir cuisiner avec cette eau, notamment les légumes secs». Une autre partie des quartiers de Tamanrasset ne connaît pas ce problème puisqu'elle n'est toujours pas raccordée. Dans les quartiers apparemment plus chanceux, les fuites dues à la vétusté du réseau de canalisations les privent carrément d'eau. Pourtant, le gouvernement n'a pas lésiné sur les moyens pour réaliser le plus grand projet depuis l'indépendance dans cette région dépourvue de sources hydriques.
Saumâtre
Un budget colossal de 197 milliards de dinars a été alloué pour ce transfert d'eau de 750 km, un lancement très médiatisé et une importation de main-d'œuvre étrangère assez coûteuse : toutes les conditions étaient réunies pour apaiser la soif des habitants de Tamanrasset. Alors pourquoi le projet ne satisfait-il toujours pas la population ? Que sont devenus la station de déminéralisation et le nouveau réseau de raccordement ? Le projet n'a-t-il pas été réalisé à 100% ? Ou a-t-il été construit pour d'autres objectifs comme l'attestent certains ? La salinité de l'eau fait polémique à Tamanrasset. Une réalité confirmée par Liess Hidouci, directeur général du projet. «L'eau est saumâtre certes, mais elle répond aux normes requises par l'Organisation mondiale de la santé, et les analyses effectuées régulièrement sur cette eau le prouvent», explique-t-il.
Même son de cloche chez Messaoud Terra, directeur de l'alimentation en eau potable au ministère des Ressources en eau : «L'eau provenant d'In Salah est de 1,7g de chlorures, qui seront réduits à 1 g seulement après la réalisation de la station de déminéralisation», promet-il. Cette station de déminéralisation, prévue à In Salah, devait accompagner la réalisation du transfert d'eau. Mais à ce jour, les travaux ne sont toujours pas entamés. Le projet de réalisation de la station sera lancé, selon la tutelle, en 2012. En attendant, les habitants de Tamanrasset continuent à s'approvisionner en eau potable, grâce à des camions-citernes, au nombre d'environ 350, qui font le tour de la ville afin de remplir les citernes installées chez les particuliers, dans les institutions publiques, les restaurants, etc.
Calculs… rénaux
Une citerne de 2000 l est, par exemple, cédée à 1000 DA, pour un usage d'une semaine en moyenne pour une famille, ce qui atteint la coquette somme de 5000 à 6000 DA par mois. Ce qui n'est pas à la portée de tous les consommateurs. Les Tamanrastis font donc appel au «livreur d'eau» qui remplit à l'aide d'un tuyau la citerne – parfois deux – déjà installée, tellement la demande est importante. Puisée des puits, l'eau des citernes sert à la cuisson et à la consommation. Certains préfèrent faire la navette jusqu'au puits d'Izarzi, situé à une dizaine de kilomètres à la sortie sud de la ville de Tamanrasset pour se procurer de l'eau potable et… gratuite. Quant à celle provenant d'In Salah, les ménages l'utilisent spécialement pour la lessive, le nettoyage et la toilette. «Je ne peux préparer du thé avec l'eau du robinet. Je suis déçu, car je comptais beaucoup sur ce projet», témoigne un serveur dans un café à Sersouf. Un sentiment partagé par Malika, enseignante nordiste habitant dans le quartier d'Adriane.
«Je n'ai jamais pris le risque de boire cette eau. C'est vrai qu'elle sert à faire le ménage, à arroser les plantes… mais pas plus !», affirme-t-elle. Un médecin ayant exercé pendant plusieurs années à In Salah, préférant garder l'anonyme, déclare avoir reçu des centaines de patients souffrant de calculs rénaux. «Une chose est sûre : l'eau salée est l'un des facteurs de cette maladie», affirme-t-il. Outre la salinité de l'eau, les consommateurs doivent subir la vétusté du réseau de distribution en eau datant… des années 1970 ! Il ne répond plus aux exigences requises compte tenu du volume de la distribution quotidienne moyenne, de 18 000 m3. Pire, les canalisations déjà en place n'avaient jamais fonctionné avant la réalisation du transfert d'eau In Salah-Tamanrasset. Depuis, le réseau ne cesse de montrer ses défaillances et son incapacité à supporter la pression des eaux transférées. «Il est insensé d'utiliser un réseau aussi vieux et de s'attendre à ce qu'il n'y ait pas de fuite, d'éclatement de tous les côtés !», s'exclame un cadre habitant à Sersouf. A Tafsit, à Malta ou à Adriane, pour ne citer que ces quartiers, des flaques d'eau se forment dans quasiment toutes les rues.
Réseau vétuste
Les services de l'Algérienne des eaux ont déjà procédé, selon des habitants de la wilaya, à la réfection de certaines fuites, mais de manière «palliative». Les mêmes conduites éclatent quelques jours après leur réparation. Résultat : même les quartiers raccordés ne sont pas à l'abri du manque d'eau. De leur côté, les services de l'ADE de la wilaya de Tamanrasset ont fait appel à un bureau d'études français, Seureca, pour établir une étude sur un nouveau réseau en alimentation d'eau potable. Son lancement est prévu pour le premier trimestre de l'année prochaine. Mais les services de l'ADE ne pourront crier victoire avant d'en finir avec le problème des branchements illicites dans la ville. «Tous les moyens sont bons pour “piquer” de l'eau», ironise un jeune chômeur. De nombreux particuliers se raccordent aux canalisations à l'aide de systèmes de tuyauterie improvisée, ce qui multiplie le nombre de fuites d'eau.
Au train où vont les choses, les habitants de Tamanrasset commencent à croire à l'hypothèse selon laquelle le projet de réalisation du transfert d'eau In Salah-Tamanrasset aurait vu le jour pour alimenter le pôle industriel prévu dans la zone d'activité de Tidsi où plusieurs fabriques et usines seront réalisées. Et non pas pour la population. «La quantité d'eau parvenue à Tamanrasset dépasse largement les besoins de la ville, ce qui amène à douter des réels objectifs de ce projet», soutient un cadre habitant au centre-ville. Une version qui nous a été confirmée à Alger par des cadres proches du projet.


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