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La problématique identitaire au cœur de son histoire
La France ou la politique de la différence
Publié dans El Watan le 30 - 01 - 2006

L'absence d'une politique générale claire et transparente du CFCM ajoute à la confusion. Pour lui, « le CFCM devra répondre à la question : Est-il une instance religieuse, culturelle ou politique ? Selon la ou les réponses données, le champ d'action du CFCM sera déterminé et clarifié. » (8)
Qu'en retenons nous ? La religion musulmane utilisée comme outil politique, sans savoir en délimiter ses champs d'actions, laissant ainsi tout un terrain culturel vide. En résumé, les jeunes des cités ne sont pas Français, mais Franco-Maghrébins ou Franco-musulmans. Voilà la double culture imposée, mais inversement la double nationalité refusée. Ce concept universel qui permet à toute personne d'avoir la nationalité du pays de naissance ainsi que celle du pays où elle habite, comme il permet d'avoir la nationalité de deux parents s'ils sont de nationalités différentes. Mais si ce concept est rejeté depuis longtemps par l'extrême droite française, il l'est aussi de plus en plus par le Français moyen qui ne comprend pas que l'on puisse jongler entre deux pays. Cette incompréhension vise plus particulièrement les jeunes Maghrébins, qui ont ce traitement unique et sournois de la double identité qui leur est médiatiquement appliquée, quelle que soit la génération citée à la manière américaine qui parlent de leurs Amérindiens et de leur Afro-Black. Pour exemple, la tragédie de Perpignan, qui a vu le lynchage d'un jeune Français, a démontré cet état de fait. Un jeune homme de 28 ans né à Perpignan, mais dont le père est Algérien, est tué lynché par 15 personnes, il sera identifié comme Franco-Maghrébin, Franco-Algérien. Sans aucune raison valable, la double identité est imposée. Preuve encore, lors des émeutes dans les banlieues, où l'on a lu et entendu toutes sortes d'allégations « Bandes organisées par portable », « Le réveil des Maghrébins » etc., mais voilà que le rapport des renseignements généraux tombe, édifiant à plus d'un titre : « La France a connu une forme d'insurrection non organisée avec l'émergence dans le temps et l'espace d'une révolte populaire des cités, sans leader et sans proposition de programme », peut-on lire. « Tout s'est passé comme si la confiance envers les institutions, mais aussi le secteur privé, source de convoitises, d'emplois et d'intégration économique, avait été perdu ». Le rapport conclu : « Puis les cités se sont transformées en ghettos urbains à caractère ethnique. » (9) Mais ce double traitement est aussi appliqué en justice, c'est ce qu'on appelle « La double peine » Remise d'actualité par le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, elle consiste à condamner, à la prison, un délinquant muni d'une carte de séjour puis l'expulser vers le pays d'origine de ses parents. Pour les partisans d'une telle sanction, il ne s'agit ni plus ni moins de rayer de la carte de France, les délinquants et les mauvais citoyens. Que penser d'une telle action ? Si ce n'est qu'un aveu d'échec, cela veux dire que l'incarcération d'un délinquant ne sert qu'à l'écarter de la société durant un temps décidé par la loi et le juge. Cette peine n'est aucunement utilisée pour tenter de réhabiliter un homme qui a nui à la société. Sans programme de réinsertion, elle devient l'antichambre d'un exil des temps modernes, le jeune délinquant maghrébin se voit alors condamné à mourir loin des siens. Si tous acceptent le principe légal et universel d'une condamnation pour faute, l'exil est une injustice et la réaction à une telle procédure peut s'avérer plus dangereuse, car comment va réagir l'entourage d'un jeune condamné à la double peine ? Cet aveu d'impuissance, face au manque réel d'une politique de réinsertion des détenus dans la population carcérale, qui, rappelons-le, est à majorité maghrébine, est confirmé par Pascal Mailhos directeur central des renseignements généraux, dans un entretien paru dans Le Monde. « La prison laisse le champ libre au prosélytisme fort » des islamistes radicaux. « C'est là, en détention, que se tissent effectivement des liens entre une minorité d'activistes islamistes, soit une centaine de détenus et d'autres individus ancrés dans la délinquance, qui trouvent ou retrouvent le chemin de la religion sous sa forme radicale », explique Pascal Mailhos (10).. Citant le cas Safé Bourada, arrêté et condamné pour les attentats de 1995, il sera de nouveau impliqué dans un réseau, lors du démantèlement en septembre 2005 d'une nouvelle cellule découverte à Trappes (Yvelines), il est soupçonné d'avoir reformé un groupe composé entre autres de personnes rencontrées en détention. En résumé, des problématiques mal maîtrisées, des initiatives bâclées, des mouvements détournés, une société déstructurée et face à toutes ces complications, voilà que les politiques français au pouvoir proposent comme alternative une nouvelle loi décrétant la colonisation comme ayant été un bienfait pour les colonisés et les colons !!! Il est à se demander quelle a été la raison qui a poussé les parlementaires français à adopter une loi qui loue l'apologie de la colonisation et de l'esclavage au moment où toute la société française est à la recherche de son équilibre. Cette loi fut proposée en mars 2003 avec les arguments suivants : « L'histoire de la présence française en Algérie se déroule entre deux conflits : la conquête coloniale de 1840 à 1847 et la guerre d'indépendance qui s'est terminée par les accords d'Evian en 1962. » Pendant cette période, la République a cependant apporté sur la terre d'Algérie son savoir-faire scientifique, technique et administratif, sa culture et sa langue... A cette occasion, ne pas évoquer l'œuvre positive de nos concitoyens en Algérie serait une erreur historique, comme il aurait été une faute de ne pas rendre hommage et exprimer notre gratitude à nos soldats et aux harkis, membres des forces supplétives qui ont payé un lourd tribut dans ce conflit. (11) Présentée ainsi, elle sera finalement promulguée le 23 février 2005. En voici les principaux extraits : Article 1er : reconnaissance de l'œuvre de la France outre-mer. « La Nation exprime sa reconnaissance aux femmes et aux hommes qui ont participé à l'œuvre accomplie par la France dans les anciens départements français d'Algérie, au Maroc, en Tunisie et en Indochine ainsi que dans les territoires placés antérieurement sous la souveraineté française... Article 4 : ce rôle positif sera enseigné. « Les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord... » (12) Les élèves français devront donc apprendre que la colonisation fut une action humaine. On ne peut que se demander quel a été le bienfait pour le colonisé que de devoir changer de mode de vie, de culture ancestrale et d'identité pour s'astreindre à imiter le colon ? Quel bénéfice en a tiré tout pays colonisé, si ce n'est celui d'être vidé de sa substance première et de son identité ? » Phagocyté par le puissant, voué à n'être qu'une piètre imitation du colon, jusqu'aux prénoms de ses habitants. Mais allons plus loin dans l'analyse, et on constate que cette loi présente deux problématiques complètement contradictoires. Car si elle revendique le bienfait pour la France, elle se doit alors d'en assumer les conséquences actuelles. La perte identitaire de toute une population issue de ce passé dont cette loi s'enorgueillit, une population qui s'est soumise à l'autorité du colon, jusqu'à le suivre dans son antre. Cela invite à dire basiquement, si vous vantez les actes de votre passé, assumez-en les conséquences. La seconde problématique, qui n'en est qu'à ses débuts, est la reconnaissance par cette loi d'un fait historique important de la colonisation, la reconnaissance des territoires d'outre-mer comme étant des colonies. L'historien antillais, Claude Ribbe, nommé début novembre à la Commission nationale des droits de l'homme et qui prépare la sortie de son livre Le crime de Napoléon dépeint les événements actuels : « Il ne faut pas confondre la mémoire qui est d'ordre scientifique et la repentrance qui est d'ordre moral. Faut-il dire les choses ou bien les taire ? » Prenons l'exemple des banlieues, on a caché la vérité à tout le monde, en donnant de l'importance à des problèmes secondaires, comme celui du port du voile, et on est en train de reproduire la même erreur avec les banlieues d'outre-mer. A force de ne pas écrire la vraie histoire des Antilles, elle va s'enflammer. (13) « Nous, descendants d'esclaves et de déportés africains, filles et fils de colonisés et d'immigrés, nous, Français et non Français vivants en France, militantes et militants engagés dans les luttes contre l'oppression et les discriminations produites par la République post-coloniale, lançons un appel à celles et ceux qui sont parties prenantes de ces combats à se réunir en assises de l'anticolonialisme en vue de contribuer à l'émergence d'une dynamique autonome qui interpelle le système politique et ses acteurs, et, au-delà, l'ensemble de la société française, dans la perspective d'un combat commun de tous les opprimés et exploités pour une démocratie sociale véritablement égalitaire et universelle. » (14) Certes, les hommes politiques et parmi eux le chef de l'Etat, Jacques Chirac, ont critiqué cette loi, mais loin d'être des réactions spontanées, ces indignations ne font suites, comme nous venons de le voir, qu'au levé du bouclier des Antillais et des Maghrébins. Il est fort à parier que l'auteur Du bruit et de l'odeur n'aurait pas réagi et aurait au contraire repris à son compte un tel fait, si cela c'était passé autrement ! Il suffit d'aller sur le site de jeunes populaires de l'UMP (Droite française) pour lire un extrait du discours de N. Sarkozy : « Notre nation sort renforcée lorsqu'elle sait, par l'intermédiaire du président de la République, reconnaître au Vél'd'Hiv l'horreur de la participation de l'Etat français à la déportation des juifs... La France est un grand pays, parce qu'elle a une grande histoire. Assumons-la sans complaisance, mais aussi sans excès de repentrance. » (15) Et c'est ce manque de repentir qui bloque actuellement la signature du fameux traité d'amitié franco-algérien. Pour mémoire, ce traité devait être signé avant le 31 décembre, comme l'avaient annoncé les deux parties, mais si « l'aspect
technique est bouclé depuis longtemps, ce qui bloque, c'est l'habillage politique », reconnaît-on à l'Elysée, et tous misaient sur la rencontre des deux chefs de l'Etat en marge du sommet Euromed le 27 novembre à Barcelone, puis vint l'hospitalisation du président Algérien, qui a bouleversé le calendrier établi. Ce qui n'a pas empêché ce dernier de qualifier la loi française d'acte de « cécité mentale confinant au négationnisme et au révisionnisme »(16). Au même moment, Jacques Chirac déclarait : « Souhaiter qu'il soit fait mention des harkis entre 15 000 et 25 000 supplétifs musulmans qui ont été massacrés en Algérie après le départ de l'armée française ». Mais comme le souligne l'historien Benjamin Stora : « Il est malheureusement certain que le climat actuel n'est pas propice à cette signature. » « Les Français sont-ils prêts à entendre, par exemple, que 30 000 Maghrébins sont morts pour eux pendant la Première Guerre mondiale ? Et 80 000 autres pendant la Seconde Guerre ? Qui sait que 50 000 soldats d'origine maghrébine ont péri en Indochine. » (18) On reprend nos vieilles habitudes de querelles de voisinage, brandissant dates, chiffres et faits historiques pour se donner raison. Cette situation, qui ne fait que perdurer, empoisonne la vie des populations issues de cette tumultueuse histoire. « Il en coûte toujours à une société de ne pas être au clair avec son histoire... Faut-il, après les événements que nous venons de vivre, aggraver encore pour nos compatriotes issus de l'immigration, la difficulté de vivre Français ? Non, la France doit se chercher en eux, et ils doivent se trouver dans la France, n'est-ce pas mieux que d'élever toujours des barrières de souvenirs tronqués ? »
Sources :
8) El Ghissassi Réflexions sur le Conseil français du culte musulman : http://www.communautarisme.net
9) Le Parisien du 7 décembre 2005.
10) Pascal Mailhos, directeur général des Renseignements généraux, Le Monde du 25 novembre 2005.
11) « L'œuvre positive des Français en Algérie » http://www.ldh-toulon.net/ -
12) Loi n° 2005-158 du 23 février 2005 portant reconnaissance de la nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés http://www.admi.net/jo/20050224.
13) Quotidien Perm@nent-Forum du 13 décembre 2005 avec Claude Ribbe http://www.nouvelobs.com/forum/archives/forum_433.html.
14) http: //toutesegaux.free.fr/ du 19 janvier 2005, Nous sommes les indigènes de la République !...
15) Nicolas Sarkozy : Jeunes populaires - UMP - 14e arrondissement de Paris, 12 décembre 2005. Le Journal du Dimanche - 11 décembre 05.
16) Discours de Sétif : août 2005.
17) Jacques Chirac et Benjamin Stora : Florence Beaugé, Le Monde du 26 novembre 2005.
18) Huguette Bellot « Assemblée nationale session ordinaire de 2005-2006 - 36e jour de séance, Séance 29 novembre 2005 lors de la proposition de l'abrogation de la loi de février 2005 sur la colonisation.


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