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Mohammad Al Hushki. Cinéaste jordanien : «La colère actuelle ne va pas disparaître»
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Publié dans El Watan le 11 - 01 - 2012

-Dans Moudoun al transit (Les cités du transit), le père est cassé, démoralisé, abattu. Pourquoi tant de mélancolie ?
Le père symbolise la situation des mouvements de gauche dans le monde arabe. Des mouvements diminués depuis l'effondrement de l'Union soviétique. Les harcèlements sécuritaires ont accentué cette cassure. Et si l'on veut aller plus loin, le père représente aussi une génération qui avait espoir et qui croyait à la patrie et au nationalisme arabe. Des espoirs qui se sont évaporés au fil des ans. Au-delà de la gauche, l'ancienne génération portait des rêves et des espoirs plus grands qu'elle-même. Elle espérait vivre mieux dans un pays, une nation, une société, souhaitait le bien pour tous. Aujourd'hui, nos espoirs se sont limités. Nous ne pensons qu'à nous-mêmes, pas à la société, aux autres…
-La vague de changement dans le monde arabe va-t-elle rétablir cet espoir perdu ?
Oui, c'est sûr. L'espoir est toujours là. C'est toute l'histoire du film Moudoun al transit (Les villes de transit). C'est une manière de faire un rappel en s'appuyant sur la noirceur. Montrer ce qui s'est passé, expliquer la colère. Leïla (Seba Mubarak), la fille venue des Etats-Unis, était déjà libérée à l'origine. Avant de partir à l'étranger, elle vivait au sein d'une famille communiste. Donc, elle n'a pas appris l'émancipation en Amérique. En revenant après quatorze ans d'absence, elle découvre l'état de la société jordanienne à travers sa propre famille. Un Jordanien vivant à l'intérieur ne remarquera pas les transformations de cette société. Leïla a été surprise et a constaté que la Jordanie était devenue un autre pays. En dépit de tout, Leïla a plusieurs choix devant elle : fuir, chose qu'elle refuse, rester et combattre pour sa liberté ou encore s'adapter aux nouvelles normes sociales. Au spectateur du film de décider du choix à faire pour Leïla.
-Existe-t-il des possibilités pour que le courant moderniste rencontre le courant conservateur ?
Oui, cela est montré à travers la famille de Leïla. La revenante n'a aucun intérêt à perdre sa mère, sa sœur ou son père. Il y a un appel au dialogue, à l'acceptation de l'autre et à la compréhension. Chacun a le droit d'exister tel qu'il est. C'est tout le problème des courants extrémistes de gauche ou de droite. Le problème ne réside pas dans le fait qu'ils existent, mais dans leur refus de l'autre. Personne n'a le droit d'accuser les gens d'être sans morale, sans honneur, antinationalistes… De quoi se mêle-t-on ? Chacun devrait s'occuper de sa propre vie sans exclure les autres.
-Et pourquoi le choix d'une femme pour évoquer toutes ces mutations ?
L'existence de la femme dans le monde arabe est en elle-même une situation complexe. Raconter la femme, c'est évoquer la situation sociale, le sexe, la citoyenneté… Dans la plupart des pays arabes, la femme est traitée comme une citoyenne de seconde zone. Cela a accentué l'intensité des conflits. Le fait que Leïla soit une femme divorcée qui vit dehors a compliqué les choses. Nous avons donc opté pour le choix le plus difficile.
-Et «le transit» dans tout cela ? De quel bord devons-nous passer et vers quelle destination ?
Théoriquement, c'est le transit entre le pays et le pays lui-même. Le problème n'est pas dans le désir de voyager. Tous les jeunes veulent se déplacer. Le voyage est un apprentissage. Mais nous, dans le monde arabe, nous voyageons pour fuir nos pays. Les autres se déplacent à l'étranger à la recherche de l'aventure, de l'expérience de la vie. Donc, la difficulté est que celui qui vit dans son pays ne sait pas s'il doit produire et vivre normalement ou se rendre en dehors des frontières. Il est donc dans une situation de transition qui peut durer des années. A mon avis, tout est lié à la notion de citoyenneté.
Une notion qui n'est malheureusement pas encore bien assimilée par tout le monde. Ailleurs, on parle du «common good» (bien commun). Dans d'autres pays, le citoyen sait qu'il paye des impôts pour que les autres vivent bien. Cela ne lui pose aucun problème. Chez nous, on n'arrive pas à admettre l'idée d'une société qui vit en cohésion, qui vit bien. La citoyenneté regroupe la femme, l'homme, le riche, le pauvre, le ministre, le gardien, le musulman, le chrétien, la femme voilée, la femme sans voile… Ils sont sur le même pied d'égalité par rapport à la loi, à la même distance de l'Etat et de la société. Si l'on arrive à atteindre cette étape, la plupart des problèmes auront des solutions.
-Cette situation peut-elle être expliquée par l'échec des régimes ou par celui des élites ?
Je ne parlerais pas en termes d'échec. Au niveau de l'enseignement, la citoyenneté est inexistante. Dans nos pays, on s'entretue pour un match de football, on déclenche des bagarres en raison d'un mauvais stationnement de voitures… Chacun veut arracher ce qu'il croit être son droit sans faire attention aux autres. Cet égoïsme est né d'un certain besoin. A mon avis, le problème des jeunes Arabes n'est pas économique, mais il est lié à ce sentiment d'échec, d'incapacité à atteindre des objectifs tracés… aussi, le jeune Arabe sent le désir d'aller ailleurs pour avoir des chances, réaliser des rêves.
-Dans le film, la tante Sanâa ne sort pas de chez elle. Elle se contente d'écouter Chadia et boire du café. N'est-ce pas là l'image d'un monde arabe prisonnier d'une certaine grandeur du passé, de ce «Al zaman al jamil» déjà lointain…
On n'arrive pas à faire comprendre aux autres ce que nous étions dans le passé et comment étaient ces pays, il y a trente ou quarante ans. C'était mieux. Beyrouth était le centre du monde, le Caire le Paris de l'Orient et Rabat celui du Maghreb. Nos pays prenaient la direction d'Etats civils, modernes… J'avoue que je ne sais pas ce qui s'est passé depuis ! Les hommes politiques étaient nationalistes et avaient des visions d'avenir. Ils guidaient nos pays vers la bonne direction. Nous avions de véritables industriels, pas des hommes d'affaires et de bourse, qui voulaient bâtir une économie. Nous nous sommes arrêtés au milieu du chemin. Je pense que Tante Sanâa a le droit de continuer de vivre dans «Al zaman al jamil», le temps du romantisme, l'époque où les gens étaient beaux et parlaient bien (…) Partout, l'environnement se dégrade. Il n'y a pas d'autre alternative à l'Etat civil, bâti sur la citoyenneté et le droit. Les régimes arabes s'effondrent, car ils n'arrivent pas à comprendre que la colère actuelle ne va pas disparaître. Cette colère va perdurer et se développer en explosion.
-Moudoun al Transit est votre premier film. Comment s'est faite justement «la transition» du court vers le long métrage ?
C'était difficile. Seuls peuvent comprendre ceux qui travaillent sur des longs métrages. Il est compliqué de maintenir la trame dramatique en réalisant un film ordinaire, mener des lignes dramatiques en allant vers le haut, garder le même rythme… Certains réalisateurs choisissent l'abstrait ou le «art house». Selon mon point de vue, les films difficiles sont ceux qui racontent des histoires ordinaires qui vont de A à Z. Le scénario de Moudoun al transit a été écrit par mon ami Ahmed Amine. Il s'est appuyé sur des expériences personnelles. Nous avons travaillé ensemble sur le texte en lui donnant une dimension politique. Le scénariste, qui a la capacité de comprendre la personnalité de la femme, n'a pas essayé de «romancer» les faits. Il a écrit l'histoire d'une manière naturelle, réaliste
-Comment évolue actuellement le septième art en Jordanie ?
Durant les cinquante dernières années, la Jordanie a eu peu d'expériences cinématographiques. Le premier film jordanien distribué et vu dans les festivals était Capitain Abu Raed de Amin Matlqa (sorti en 2007, l'acteur Nadim Sawalha a décroché le prix du meilleur acteur au Festival de Dubaï). Fin 2010, est sorti mon film, Moudoun al transit. En 2011, quatre nouveaux films ont été produits. Al jomaâ al akhira (Le dernier vendredi) de Yahia Abdallah qui a obtenu trois prix au dernier Festival de Dubaï (le prix de la meilleure musique, du meilleur acteur et le prix du jury). Il y a aussi le film Farq sab'a sâat (Un décalage de sept heures) de Dima Amr. Il y a donc une génération de cinéastes qui promet ! Elle compte aussi Assil Mansour et Fadi Haddad.
Le cinéma jordanien est sur la bonne voie. La Royal Film Commission a soutenu toutes ces productions. La commission assure des programmes de formation pour les métiers du cinéma. Le septième art est aujourd'hui enseigné à l'université et fait débat à la télévision. Tout est fait pour que la Jordanie trouve sa place dans le monde du cinéma. Malheureusement, dans les salles de cinéma du pays, seuls les films américains sont projetés. Cependant, nous œuvrons pour que le spectateur jordanien regarde d'autres films, des films qui lui ressemblent. Moudoun Al transit va être programmé en ce début d'année 2012 dans les salles du royaume. La nouvelle dynamique permettra l'émergence de cinéastes, d'acteurs, de producteurs et de scénaristes dans le pays. C'est un objectif qu'on peut atteindre (…).
Les Etats doivent appuyer la distribution des films, notamment dans le monde arabe, car les distributeurs et les producteurs ne feront pas cet effort. On peut prendre une partie de la taxe sur le tabac, par exemple, pour financer la production et la distribution des œuvres cinématographiques. Nos Etats doivent comprendre que la culture est aussi importante que la nourriture ou le combat contre la pauvreté.


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