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Une ronde vaudevillesque
Slimane Aït Sidhoum, dans l'auteur sommeille un détective
Publié dans El Watan le 02 - 02 - 2006

il faut toujours se méfier des livres. En tant qu'objet, bien entendu. Un livre exagérément épais et nous voilà rebuté ou effrayé, trop mince, il nous laisse indifférent ou circonspect. Si par malheur, notre œil n'est pas attiré par une couverture se démarquant du lot ou que le libraire du quartier a oublié de nous le recommander, alors c'est une forme d'arrêt de mort pour le livre en question. Et les livres, les romans, hélas, meurent plusieurs fois dans leur vie.
Le roman de Slimane Aït Sidhoum, La faille, paru cet automne aux éditions Chihab, aurait pu faire partie de cette catégorie. Un lecteur distrait serait facilement passé à côté de la couverture discrète, il aurait dédaigné la quatrième de couverture sobre et informée. Mais il aurait eu tort. Comme souvent on ne découvre un livre qu'après l'avoir quelque peu négligé, ou presque oublié. Il traîne des semaines sur une table de chevet, on ajourne le moment de le lire, pressé par de prétendues urgences, puis un soir, parce qu'au fond de soi une pensée coupable s'éternise, on se jette à l'eau. Il y a en Slimane Aït Sidhoum un détective qui sommeille ou qui feint de le faire. Son roman, sorte de ronde vaudevillesque, est construit sur le mode de l'enquête qui prétend reconstruire un puzzle, où des personnages, plus loufoques les uns que les autres et surtout, terriblement épris de leur quant à soi, s'amusent à nous perdre dans le dédale d'un bout de leur vie misérable. Tout se passe dans le temps qui précède le tremblement de terre du 21 mai 2003 à Boumerdès. D'abord, le narrateur principal, dont on ne saura pas le nom. Médiocre journaliste, il entretient d'innombrables correspondances, il lit Kundera et n'admet pas la lente et fatale décrépitude dans laquelle sombre Alger. Il est perdu dans le souvenir des paysages nostalgiques et sereins de Sidi Mlih. « J'avais perdu mes repères, ils s'étaient engloutis dans la faille de Zemmouri. La faille qui avait emporté toutes ces vies », écrit-il dans un sursaut de vérité. C'est donc lui qui raconte au premier degré l'histoire terrible et terriblement grotesque qui lui est arrivé. Au cours des dernières années, voilà qu'il a été amoureux de Rania Chouka, universitaire de près de 50 ans, séduisante comme « une actrice américaine », qu'il a croisée lors d'un cocktail organisé par les Editions du Figuier. Mais voilà : Rania Chouka est une femme de la haute société, c'est l'épouse de l'influent colonel Kamel Chouka, patron du Secours national algérien, établi au lieu-dit Kermous, et elle préside la puissante association Alphabétika, qui vient en aide aux sinistrés. Bref, ce n'est pas une femme pour lui, médiocre « journaliste sans bac » comme elle le prénomme. Mais il s'obstine, et par le hasard curieux des choses de la vie, il la recroise plusieurs fois avant le moment d'extase absolu pour lui : ensemble ils prennent l'avion pour Paris. Là, ils se voient dans des moments lumineux et vivent les prémisses d'une piètre amourette. Ils se séparent sur ce qui restera une humiliation pour lui, avant de se revoir au moment même du tremblement de terre. Voilà donc le cadre du roman. Mais Aït Sidhoum a quelque chose du laborantin cruel et facétieux. On met un certain temps à saisir la structure du livre. En fait, chaque personnage de ce puzzle va successivement raconter des bribes de cette histoire, pour que nous puissions au bout du compte établir un tableau d'ensemble et boucler la boucle sur un coup de théâtre bien amené. Aït Sidhoum possède une arme redoutable : l'humour. Il refuse de s'abandonner à une dramaturgie factice et à la facilité du misérabilisme : tremblement de terre, désastre,... Il se moque de tous, croquant au vitriol la bêtise, guettant les obsessions idiotes. Il galope sur les terres de cette histoire rocambolesque, négligeant parfois quelques accords de temps ou cédant à quelque approximation, mais on jubile de l'amusement certain qu'il a dû éprouver au moment d'affubler ses personnages et ses lieux de noms plus ou moins loufoques : le colonel Kamel Chouka, affreux petit potentat lubrique, Rania, la prétendue femme du monde, qui accapare sans vergogne les livres offerts par les universités étrangères, détourne les fonds destinés à son association, éprouve le besoin maladif de plaire, il y a la ville de Kermous et Sidi Mlih... Et ses personnages, sortes de pantins désarticulés, sont tous misérables, ordinaires, aucun ne sauvant l'autre. Ils dessinent en creux le portrait d'un pays déglingué, rongé par la vermine, ils rendent compte de vies étriquées, dérisoires où la malhonnêteté se le dispute à la corruption, où la petitesse des sentiments voisine avec la puérilité des actes... Pour peu que l'on ait arrangé consciencieusement les pièces du puzzle, on ressort de ce roman un peu hagard mais joyeux, en se disant que oui, décidément, oui on a bien tort de laisser s'endormir les livres sur les tables de chevet !
Slimane Aït Sidhoum La faille, éd. Chihab, sept. 2005.


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