De nationalité franco-tunisienne, Hedi Slimane est arrivé à la mode par un concours de circonstance. Quand il était jeune, il fabriquait ses vêtements lui-même. De nationalité italienne, sa mère qui était couturière lui a appris les ficelles du métier. Son père est d'origine tunisienne, mais lui était un comptable... Comme il était très mince, il fallait à chaque fois réajuster les habits à sa taille. Il a commencé dans la mode de manière professionnelle avec la maison José Lévy. En 2000, il rejoint l'équipe de Christian Dior, chez qui « je me suis épanoui », dit-il. Après cinq ans de travail acharné, la direction lui a proposé de créer une ligne féminine. Il travaille en ce moment sur la conception de cette nouvelle ligne, et c'est, selon lui, très prenant. Hedi Slimane reconnaît qu'il a des affinités avec ce qui se fait en Angleterre dans le domaine de la musique et de la mode. Il se sent proche de la culture anglo-saxonne. « Je n'ai pas de sources d'inspiration. Je n'ai pas besoin d'en avoir. Je m'inspire du moment, de mon environnement, des choses, des lieux au jour le jour. Je suis réceptif à mes sens et je me laisse en général guider par mon instinct ». En fait, c'est la vie et les rencontres qui le prédisposent à un état créatif, et parfois, c'est le point de départ de quelque chose. « Je ne sais jamais ce qui va sortir, mais je m'inspire dès lors de ce qui m'entoure et de ce qui est gardé par mon filtre émotif. Je ne pense pas être un nostalgique, mais un contemporain ». Il est dit dans les milieux de la mode que sa timidité naturelle n'a d'égale que dans sa force d'expression artistique. Il est considéré par les spécialistes de la mode comme étant un créatif solitaire. En effet, il travaille seul. Tout se passe d'abord dans sa tête. Il met les choses en place et réfléchit au moindre détail : « Je vois ce que je veux avant de travailler concrètement sur le produit. Je dessine, prends des notes et donne une forme au produit. Quand j'ai ce que je veux ou que je m'approche de ce que je cherche, je fais alors appel à mon équipe pour affiner et réaliser le concept », dit-il. Après un passage en hypokhâgne pour préparer l'Institut d'études politiques, il entre à l'école du Louvre où il étudie l'histoire de l'art. De 1992 à 1995, il assiste Jean-Jacques Picart, notamment sur le projet du centenaire de la Toile monogramme de Louis Vuitton. Il débute dans le prêt-à-porter comme directeur des collections chez Yves Saint-Laurent en 1997 puis devient directeur artistique. Après une collection pour l'automne-hiver 2000-2001, il choisit de quitter Yves Saint-Laurent pour accepter le poste de directeur artistique chez Christian Dior pour la collection homme. En 2003, il se voit confier la direction des parfums, de la création et de l'architecture des boutiques. Il a été récompensé par le titre de Styliste de l'année, remis par la CFDA. Photographe, styliste et designer, il participe à de nombreux projets dans la presse (rédacteur en chef d'un jour pour Libération), la musique (couverture d'albums pour Phœnix).
