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«La présidence de Sarkozy a été marquée par un recul des libertés»
Gilles Manceron. Membre de la LDH et historien
Publié dans El Watan le 22 - 04 - 2012

Gilles Manceron, spécialiste du colonialisme français, est l'auteur de nombreux ouvrages, dont D'une rive à l'autre. La guerre d'Algérie de la mémoire à l'histoire (avec Hassan Remaoun, Syros, 1993) et Marianne et les colonies. Une introduction à l'histoire coloniale de la France. (La Découverte, 2003). Il est également délégué histoire, mémoire, archives de la Ligue des droits de l'homme.
-Que vous a inspiré la campagne pour l'élection présidentielle en France ? Les thèmes abordés par les différents candidats ? L'analyse de leurs programmes ?
Face à Nicolas Sarkozy, dont la présidence a été marquée par un recul général des libertés et qui sollicite le renouvellement de son mandat, plusieurs candidats défendent une République davantage conforme à ses valeurs, en particulier à l'idée d'égalité, d'intégrité et de justice sociale.
-Quel est le candidat qui, à vos yeux, a fait les propositions les plus généreuses, les plus rassembleuses en termes de valeurs républicaines ? Ces propositions vous semblent-elles satisfaisantes ?
Parmi les candidats qui représentent, face au président sortant, une alternative plus démocratique et plus sociale et un refus des politiques xénophobes, celui qui a le plus de chances d'être présent au second tour est François Hollande. Mais s'il était élu, seule une mobilisation de toutes les forces qui réclament une politique véritablement respectueuse des droits des personnes le plus en difficulté peut déboucher sur tous les changements nécessaires.
-La LDH a appelé, lundi 16 avril, dans un communiqué, à ne pas voter dimanche 22 avril pour Nicolas Sarkozy. Qu'est-ce qui fonde cet appel ?
Le bilan est lourd des dix dernières années durant lesquelles Nicolas Sarkozy a impulsé, d'abord en tant que ministre de l'Intérieur puis en tant que président de la République, des politiques répressives et discriminatoires vis-à-vis de certaines catégories de citoyens, notamment les étrangers et les citoyens français originaires du Maghreb ou du reste de l'Afrique. Lors de la dernière élection présidentielle, il a tenu un discours qui lui a permis d'obtenir le soutien d'une grande partie des électeurs du mouvement à tendance raciste qu'est le Front national. La Ligue des droits de l'homme, qui n'a cessé de combattre cette politique, souhaite que les électeurs ne votent ni pour lui ni pour la candidate de ce mouvement.
-Les tueries de Montauban et de Toulouse auront-elles un effet sur le vote après avoir ouvert un boulevard devant les candidats de droite (Nicolas Sarkozy) et d'extrême-droite (Marine Le Pen) sur les thèmes de la sécurité, de l'immigration, de l'islam, de l'intégration des Maghrébins ?
Ces crimes de Montauban et de Toulouse ont suscité des peurs et aussi des discours politiques qui cherchaient à profiter de ces événements pour développer – étant donnée l'origine familiale du criminel – des réflexes racistes ou xénophobes. Mais les principales composantes de la société française, les représentants des principales forces politiques et des différentes forces morales et religieuses ont condamné ces crimes et proclamé leur volonté de refuser les amalgames et de sauvegarder le «vivre ensemble». Ces tueries criminelles ne semblent pas avoir eu d'effet durable sur les intentions de vote des Français.
-L'immigration porte-t-elle atteinte à l'identité nationale, comme l'affirment la droite et l'extrême-droite ? Marine Le Pen, mardi soir au Zénith, a directement pointé les Franco-musulmans, n'est-ce pas un appel à la division et à la haine ?
Dans aucun pays, l'identité nationale n'est donnée une fois pour toutes. Les échanges des hommes, des techniques et des idées ne cessent de modifier en permanence l'identité de chaque peuple et de chaque nation. La seule chose à laquelle peuples et nations sont légitimes à s'opposer, c'est à la conquête par la force et à la colonisation. Il est impossible de s'opposer aux mouvements migratoires qui sont des conséquences inévitables des déséquilibres économiques et de l'histoire ; tout au plus des mesures peuvent être prises pour les réglementer car la liberté totale de circulation est un idéal qu'on ne peut malheureusement pas réaliser immédiatement. Mais il faut accepter que l'immigration change partiellement une nation, sinon on cultive la haine, la violence et la division.
-Nicolas Sarkozy veut revoir l'accord franco-algérien pour diviser par deux l'immigration. Est-ce la bonne approche pour «solder» le passé colonial, comme il le préconise ?
Certainement pas, cela revient à rallumer les haines et les rejets qui ont marqué l'époque coloniale. Il faudrait plutôt que la France reconnaisse que ce passé colonial était marqué par de graves atteintes aux valeurs républicaines et qu'elle manifeste clairement, aujourd'hui, sa volonté de rompre avec lui. L'histoire a tissé des liens entre les deux peuples et il est illusoire d'empêcher la circulation des personnes entre les deux pays. Il faudrait plutôt – à condition qu'il soit précédé d'avancées démocratiques dans les deux pays – remettre en chantier l'idée d'un traité d'amitié qui faciliterait notamment la circulation des personnes.
-Comment comprenez-vous que ni le président, ni le candidat Sarkozy, ni le gouvernement n'aient fait référence à la mort du premier président de l'Algérie indépendante, Ahmed Ben Bella ?
Seul le candidat Hollande a rendu public un communiqué. C'est un signe de ce que Nicolas Sarkozy cherche toujours à plaire aux nostalgiques de l'Algérie française qui continuent à ne pas voir que les chefs du FLN durant la guerre d'indépendance algérienne étaient des résistants et des patriotes, mais à les considérer comme des «bandits»…
Le fait que François Hollande ait logiquement rendu hommage au premier président de la République algérienne laisse espérer que, s'il devenait le prochain chef de l'Etat, il saurait faire les gestes nécessaires pour tourner la page coloniale de l'histoire franco-algérienne et construire des relations de reconnaissance véritable et favorisant des échanges tournés vers le développement, la liberté et l'avenir.


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