Depuis la dissolution de l'Office des périmètres irrigués de Bouira, les agriculteurs de la région se sont retrouvés dans le désarroi. Des rassemblements devant le siège de la wilaya ont été réprimés par les services de sécurité. Les agriculteurs de la daïra de Aïn Bessam sont revenus à la charge mercredi matin en se rassemblant devant le siège de la wilaya de Bouira, après avoir été passés à tabac mardi dernier au même endroit par des policiers. A travers leur action de protestation, les agriculteurs réclament l'irrigation de leurs terres à partir du barrage Lekhel. Des promesses ont certes été avancées par les autorités, d'autant plus que l'eau pour l'irrigation est disponible, mais sans résultat. Ces fellahs, ayant cultivé une superficie de pommes de terre dépassant les 500 hectares, affirment que si les pouvoirs publics n'interviennent pas dans les plus brefs délais pour répondre à leur préoccupation, toute leur récolte sera compromise. «Nous étions près de 200 agriculteurs durant la matinée de mardi dernier. Nous avons alors exposé au chef de cabinet du wali notre problème concernant l'irrigation. Ce dernier nous a promis une réponse dans l'après-midi. Nous nous sommes dit alors que notre problème va enfin trouver solution», rapporte un des manifestants. Mais, pendant qu'ils attendaient une suite auprès des responsables concernés, avec l'espoir de voir le wali en personne, notre interlocuteur affirme qu'ils ont été surpris par l'arrivée de plusieurs policiers armés de matraques. «Vers 14 heures, aucune réponse de la part du chef de cabinet. A ce moment-là, nous avons demandé à être reçus par le wali. L'on nous a signifié sur le champ qu'aucun responsable ne veut nous recevoir. Sur ce, d'autres policiers arrivent et n'ont pas tardé à nous charger et en nous distribuant des coups de pieds. Même un vieux paysan se trouvant parmi nous n'a pas été épargné par la brutalité policière», témoigne un des agriculteurs, qui fait état de plusieurs blessés. Ce dossier de l'irrigation remonte à plusieurs mois, rappelle-t-on. Les producteurs de la pomme de terre indiquent que leur calvaire a commencé avec la faillite de l'OPIBO (Office des périmètres irrigués de Bouira). Cette entreprise de wilaya, qui a connu d'inextricables problèmes de gestion, s'est lourdement endettée et n'a pas tardé à mettre la clé sous le paillasson. Outre les agriculteurs, les employés de l'Opibo, une trentaine, sont non seulement au chômage, mais ils n'ont pas perçu en plus leurs salaires depuis près de dix mois. Les fellahs n'ont cessé d'écrire aux autorités et de protester dans la rue, mais vainement. L'office national de l'irrigation et de drainage (Onid), qui devrait remplacer l'Opibo dans la gestion de ce secteur n'a pas pu à ce jour résoudre le problème.