Le rapport de l'Office national des statistiques (ONS) d'août 2025, relevant du gouvernement, montre un déséquilibre croissant de la balance commerciale, reflet d'une économie fortement dépendante du cours des hydrocarbures, et interpelle à plus d'un titre le gouvernement pour remédier à cette situation inquiétante. Durant le premier trimestre 2025, l'Algérie a connu une augmentation de ses importations pour 13,74 milliards de dollars, concernant notamment les boissons et tabacs, plus de 54,1% en valeur, les combustibles minéraux (+47,4%), des huiles et graisses (+18%), les articles manufacturés divers (+15,9%), les produits alimentaires (+1,9%), et avec une baisse des machines et matériels de transport qui reculent fortement de 19,8%. Si cette tendance se poursuit, nous aurons une valeur des importations, fin 2025, de 54,96 milliards de dollars. Mais le document le plus significatif n'est pas la balance commerciale mais la balance des paiements qui inclut les services et les mouvements de capitaux (pour cela la dette extérieure algérienne es très faible moins de 3% du PIB) et les importations de services, à plus de 6 milliards de dollars entre 2023/2024. Si on applique le même taux d'accroissement des importations de biens, 19%, cela donnerait plus de 7 milliards de dollars. Ainsi, la valeur des importations de biens et services totaliseraient, fin 2025, 61 milliards de dollars, nous rapprochant la période des années 2018/2019. Encore que pour des comparaisons sérieuses, il faudrait appliquer en termes de parité de pouvoir d'achat, le même taux dinar/dollar qui dépassait 135 dinars un dollar. Quant aux exportations, toujours pour le premier semestre 2025, elles ont connu une baisse de 5,08%, en rappelant que les exportations hors hydrocarbures ont connue une nette baisse passant de 6,9 milliards de dollars, 5,01 en 2023, environ 4,60 milliards de dollars en 2024 et à l'intérieur de ces montants plus de 65% sont des dérives d'hydrocarbures. Ainsi, pour le premier trimestre 2025, on assiste à une baisse des exportations de produits alimentaires de 16,8%, les boissons et tabacs ont également de 2,3 %, cependant avec des hausses pour les machines et équipements de transport (+24,6%) et les produits chimiques (+4,9%). Cette tendance devrait s'accentuer pour fin 2025 du fait que la structure économique n'a pas foncièrement changé. Les exportations totales durant le premier trimestre 2025 ont reculé de 5,8 % : ainsi, nous assistons à un recul des exportations d'hydrocarbures, de 2,9 % en volume et de 2,5 % en valeur passant de 12,68 milliards de dollars durant le premier trimestre 2024 dinars à 11,7000 milliards de dollars pour la même période pour 2025. Toutes ces données doivent prendre en compte pour 2025 à la fois des taxes douanières américaines de plus de 30% sur les produits sidérurgiques et l'interdiction du dumping qui constituent une grande fraction des exportations hors hydrocarbures, hors dérivées. Comme il faudra être attentif aux impacts de la décision de l'arbitrage entre l'Algérie et l'Union européenne fin septembre 2025. Et surtout aux impacts des accords USA/Union européenne d'acheter du pétrole et du gaz pour un montant annuel de 250 milliards de dollars représentant plus de 50% des besoins énergétiques de l'Europe sur les exportations en direction de l'Europe qui influeront sur les recettes de Sonatrach seront confrontée à la forte consommation intérieure (environ 50% de sa production) qui sont passées de 60 milliards de dollars en 2022, à 50 en 2023, entre 44/45 milliards de dollars en 2025 et qu'en sera-t-il pour 2025 ? Car le PIB de 268 milliards de dollars est irrigué par la dépense publique via la rente de Sonatrach pour plus de 80%. Comme résultante entre les importations en croissance et les exportations en diminution, au cours du10 août 2025 de 129,76 dinars un dollar (1,17 dollar un euro), et 151,48 dinars un euro, renchérissant les importations en euros et diminuant celles en dollars, mais creusant le déficit budgétaire puisque les exportations hydrocarbures principales source de devises de l'Algérie à plus de 98% en incluant les dérivées, sont convertis en dinars dévalués par rapport au dollar, et diminuant le déficit budgétaire par rapport aux importations en euros reconverties en dinars, durant le premier trimestre 2025, la balance commerciale de l'Algérie a enregistré un déficit de 2,07 milliards de dollars milliards de dinars, contre un excédent de 881 millions de dinars la même période de 2024, ce qui donnerait si on suit la même tendance 8,28 milliards de dollars fin 2025. ce qui donnerait environ 15,5 milliards de dollars de déficit de la balance de piment fin 2025. Aussi, face à cette détérioration tant de la balance commerciale que de la balance des paiements, cette situation est inquiétante et influe sur le niveau des réserves de change. En dehors des données contradictoires de certaines agences internationales citant une source de la Banque d'Algérie, annonçant pour fin juin 2025, 39 milliards de dollars de réserves de change, en m'en tenant aux données officielles du FMI lors de sa mission à Alger en juillet 2025 qui avait donné un montant provisoire de 67 milliards de dollars fin 2024 contre 70 fin 2023, selon les données de l'ONS, durant le premier trimestre 2025, et au même rythme à fin 2025, les réserves de change clotureraient à moins de 50 milliards de dollars fin 2025. Cependant, je voudrai attirer l'attention des pouvoirs publics au sujet du tissu économique algérien, en cette année 2025, que 85%, des matières premières et équipements, tant des entreprises publiques, privées et de l'administrations sont importées, le taux d'intégration ne dépassant pas 15% et qu'il serait suicidaire d'une restriction aveugle des importations sans ciblage paralysant tout l'appareil économique et que commerce extérieur, indissociable du commerce intérieur, doit relever d'une planification stratégique. En conclusion : force est de constater la forte dépendance de l'économie algérienne, le tissu industriel représentant moins de 5% du PIB, face aux aléas du cours des hydrocarbures dont les prix volatils échappent à la décision interne. Les exportations ne se décrètent par voie administrative mais relèvent d'entreprises publiques et privées concurrentielles en termes de coûts et de qualité face à la concurrence internationale. Le défi principal de l'Algérie pour asseoir une économie diversifiée et attirer les IDE créateur de valeur ajoutée implique de profondes réformes structurelles renvoyant à la bonne gouvernance et la valorisation du savoir-faire. Abderrahmane Mebtoul Professeur des universités