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«Les violations en Syrie constituent des crimes contre l'humanité et crimes de guerre»
Donatella Rovera. Principale conseillère d'Amnesty International pour les situations de crise
Publié dans El Watan le 15 - 06 - 2012

- Pouvez-vous nous résumer le rapport d'Amnesty International sur les exécutions extrajudiciaires en Syrie ?
C'est la première fois depuis le début de la crise qu'une organisation internationale des droits de l'homme a pu enquêter sur le terrain dans les différentes régions de la Syrie. Ceci, en dépit du refus des autorités syriennes à permettre l'accès au pays. Les forces gouvernementales syriennes ainsi que les milices armées par l'Etat, et qui opèrent avec les forces gouvernementales, ont commis de nombreuses exécutions extrajudiciaires là où elles ont mené des attaques ou incursions. Dans chaque ville et village que j'ai visités, des familles m'ont raconté comment leurs proches ont été enlevés de chez eux et abattus, parfois devant leur famille, et d'autres fois où les corps ont été retrouvés dans les environs, souvent les mains ligotées derrière le dos. Dans certains cas, les soldats ont mis le feu aux cadavres des victimes – des actes de brutalité pour terroriser des populations considérées comme acquises à l'opposition. A Tel Rifa'at, au nord d'Alep, sept membres de la famille Sakran, quatre frères et leurs trois cousins, ont été tués par balle dans une chambre de la maison familiale par les soldats qui avaient attaqué la ville le 9 avril 2012. Avant de quitter la ville, les soldats ont mis le feu aux corps ainsi qu'à d'autres parties de la maison. Un des frères des victimes m'a dit que lorsqu'il a pu rentrer chez lui, après que les soldats étaient partis, les corps de ses frères et cousins brûlaient encore. «Je n'arrive pas à oublier ce que j'ai vu», m'a-t-il dit. A Sarmin, dans la région de Idlib, Mme Haj Hussein m'a dit que le matin du 23 mars, très tôt, les soldats ont fait irruption dans sa maison et ont tiré de leur lit ses trois fils, Yousef, Bilal et Talal, âgés de 22, 24 et 26 ans. Elle m'a dit : «Les soldats les ont emmenés dehors, les mains ligotées derrière le dos, et les ont abattus par balle dans la rue à côté de la maison. Puis, ils ont mis le feu aux cadavres. Ils m'ont empêchée de m'approcher : leur corps brûlés sont restés dans la rue jusqu'au soir.»

- Qu'apporte-t-il de nouveau par rapport à celui rendu public en mars 2012, dénonçant le recours à la torture par le régime en place ?
Ce rapport est le résultat d'enquêtes menées sur le terrain concernant d'autres types de violations, notamment les exécutions extrajudiciaires de civils nullement impliqués dans le conflit, ainsi que de combattants ayant été capturés ou ayant été blessés ou autrement mis hors de combat ; les tirs et bombardements sans discrimination qui ont tué et blessé des civils ; la destruction à large échelle de maisons, incendiées exprès par les forces armées gouvernementales et leurs milices. Ces violations constituent des crimes contre l'humanité et crimes de guerre.

- Comment avez-vous pu obtenir les informations sur lesquelles vous vous êtes basés pour élaborer le rapport ? Avez-vous dépêché une équipe d'experts sur place ?
J'ai passé plusieurs semaines, entre la mi-avril et fin mai, à enquêter sur le terrain dans le nord de la Syrie, dans les régions d'Alep et Idlib, y compris les régions de Jabal Al Zawya et Jabal Al Wastani, au nord-ouest de Hama. J'ai visité 23 villes et villages dans ces régions et j'ai recueilli les témoignages de nombreuses victimes, familles de victimes, témoins, médecins et autres, et où j'ai pu examiner les lieux où ces attaques ont été commises.

- A votre avis, qui est l'auteur des massacres perpétrés en Syrie ? Les shabiha ? Les forces militaires syriennes ou les terroristes (sunnites) comme l'avance le régime Assad ?
La grande majorité des violations a été commise par les forces gouvernementales et les milices shabiha armées par l'Etat. Durant mon séjour dans la ville d'Alep, j'ai vu de mes propres yeux, à plusieurs reprises, les forces de sécurité et shabiha tirer à balles réelles sur les manifestants pacifiques. A chaque fois, des manifestants ont été tués et d'autres blessés. Par exemple, le 25 mai, au moins sept manifestants ont été tués et plusieurs autres blessés pendant deux manifestations que j'ai moi-même observées. Deux enfants étaient parmi les victimes, Mu'az Lababidi, 16 ans, et Amir Barakat, 13 ans. Ce dernier ne participait même pas à la manifestation ; il était simplement en train de marcher dans la rue. Dans certains cas, des membres des groupes d'opposition armée ont aussi tué des membres des forces armées qu'ils avaient capturés ou des hommes qu'ils accusaient d'êtres des membres des milices shabiha ou de travailler comme «collaborateurs» avec les forces armées gouvernementales. Ces actes sont des abus des droits de l'homme et pourraient également constituer des crimes de guerre.

- Dans le rapport d'Amnesty International surles exécutions extrajudiciaires en Syrie, vous êtes-vous basés sur des faits qui ont eu lieu dans certaines villes du pays ou sur tout le territoire national ? Quelles sont les villes, les zones les plus touchées par la répression ?
Aucune partie du pays n'a été épargnée, mais certaines villes ou régions ont été plus touchées que d'autres. Ce rapport concerne les régions dans le nord du pays ou j'ai pu me rendre et enquêter sur le terrain.

- Hormis les rapports dénonciateurs qu'établissent les ONG internationales dont Amnesty International afin de médiatiser et d'internationaliser de manière efficace la «révolte syrienne», en particulier les dépassements sanglants que subit la population, que pourraient-elles faire de manière plus concrète ?
Les ONG comme Amnesty International peuvent enquêter, mettre l'information sur la place publique, et tirer la sonnette d'alarme ; mais c'est la communauté internationale, notamment le Conseil de sécurité de l'ONU, qui peut prendre les mesures nécessaires pour arrêter le bain de sang et apporter protection et aide à la population civile qui, depuis plus d'une année, est ciblée et qui est de plus en plus en danger, vu que la situation ne cesse de se détériorer. La mission de l'ONU devrait inclure un mandat de monitoring de la situation des droits de l'homme et les ressources nécessaires pour mener des enquêtes. Aussi, il est impératif que le Conseil de sécurité réfère la situation à la Cour pénale internationale. Si les responsables de crimes contre l'humanité et crimes de guerre – tant soit ceux qui commettent ces crimes que ceux qui donnent les ordres – avaient la certitude qu'ils auront à répondre de leurs actions, cela influerait certainement sur leur comportement.


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