La Cour de cassation de Rabat, présidée par Mme Naciri, a rejeté la demande de rétractation des héritiers Gaouar. Un arrêt qui confirme les injustices scandaleuses que continue de subir cette famille algérienne spécialisée dans le café depuis les années 1800. Le hic, c'est que la présidente de cette cour n'est autre que la sœur des avocats des adversaires des plaignants. Déjà, une entorse à la loi. C'est d'autant plus incompréhensible que cette même magistrate avait refusé le pourvoi en cassation des Gaouar en 2007, en violation de toutes les lois universelles. Donc, dès le départ, les dés étaient pipés pour la famille algérienne, dont le tort était de s'associer à un ponte du royaume, en l'occurrence M. Berrada. Mounir Gaouar, le fils de Mustapha, que Dieu ait son âme, avait demandé audience au ministre de la Justice de sa majesté pour un report du procès, dans le sens où tout n'était pas net (désignation de la présidente de la cour, sœur des avocats des adversaires des Gaouar, entre autres.) Un niet ferme lui a été signifié, d'où le recours à la diplomatie. «Le 11 juin, soit la veille de l'audience, j'ai saisi par téléphone et par écrit un haut responsable du gouvernement algérien, à qui j'explique dans tous les détails la spoliation dont est victime ma famille au Maroc depuis 1985. La diplomatie algérienne est saisie, mais toutes les demandes de rendez-vous de notre ambassade à Rabat auprès du ministre de la Justice sont restées sans réponse», explique Mounir. Le 16 juin, devant le refus des autorités marocaines d'accorder audience à nos diplomates, il tente de joindre le roi Mohammed VI. «Son secrétaire particulier me répond et me promet de transmettre mon message au roi». Arrivé à un tel niveau de la hiérarchie, les choses semblent échapper à la justice et deviennent politiques. En effet, M. Gaouar reçoit deux appels du secrétaire du roi pour connaître les raisons de son recours, puis un troisième appel où on le mettra en contact avec Fouad Ali El Himma, un conseiller du roi. «J'ai dû lui ressasser notre histoire, notre origine, notre généalogie…» Résidant à Paris, Mounir, contre toute attente, sera mis en contact le même jour avec un interlocuteur qui se présente comme étant une «passerelle» entre Paris et Rabat pour comprendre le contentieux. Et encore une fois, Mounir est obligé d'expliquer toute la genèse de la spoliation, le scandale et l'humiliation subis par sa famille depuis 1986. Et bien que tous les jugements lui aient reconnu son préjudice, la famille Gaouar se bat toujours pour être indemnisée. Comme il le lui a été demandé, Mounir adresse tous les documents juridiques ainsi qu'un historique à son interlocuteur à qui Rabat réclamait ces informations. Quelque peu soulagé, M. Gaouar apprend le même jour, à 20h, que son dossier a été transmis à qui de droit. Le 18 juin, cette «passerelle» de Paris confirme à Mounir que le dossier était réglé. Bizarrement, le 26 du même mois, la juge, Mme Naciri, rend son jugement confirmant la spoliation de la famille Gaouar. Un coup de théâtre qui confirme qu'une famille algérienne, fleuron de l'industrie du café au Maroc (le seul café connu dans le pays depuis des décennies) peut être dépossédée et spoliée de façon humiliante, scandaleuse et injustement, uniquement du fait que les Gaouar sont Algériens. Ne perdant pas espoir, la famille Gaouar se pose des questions.Pourquoi Me Mesbahi, le juge rapporteur, s'est-t-il mystérieusement désisté la veille du jugement. Pourquoi les avocats de Omar Berrada ont-ils été déconstitués le jour du jugement ? Ce qui aurait dû avoir pour effet juridique légal et immédiat le report du procès, ce qu'a refusé de faire Mme Naciri. Comment peut-on accepter que dans un procès, la famille Naciri soit juge et partie ? Mme Naciri étant la juge et son frère avocat. Mounir Gaouar se rappelle : «En décembre1985, Me Andaloussi, avocat de Omar Berrada, avait dit au tribunal lors de l'emprisonnement arbitraire, scandaleux et humiliant de notre famille (le père et les deux fils : ‘'Je refuse que soient remis en liberté provisoire ces Algériens qui viennent nous haranguer avec leur pétrole (sic)''. Mais que nos adversaires et leurs acolytes se rassurent, le combat continue et toutes les irrégularités, illégalités et violation des droits de l'homme et du droit tout court seront portées sur tous les plans et sur toutes les latitudes», conclut Mounir. Affaire à suivre…