La plasticienne Saliha Khelifi a animé une conférence-débat sur les symboles berbères à la maison de jeunes d'Akbou dans le cadre du festival de l'enfance et de la jeunesse organisé par l'association Ikhoulaf à l'occasion de la célébration du 50è anniversaire de l'indépendance. L'oratrice n'a pas manqué de rappeler à l'assistance l'importance de ces signes graphiques anciens de la civilisation amazighe. «Mes trois années de recherches aux quatre coins de l'Afrique du nord m'ont permis de répertorier 1100 symboles berbères datant de 6000 ans. Après avoir évolué à travers les siècles, ces mêmes symboles ont donné naissance à l'alphabet Tifinagh», affirmera-t-elle. En sillonnant l'Algérie, la Tunisie, le Maroc, la Lybie, la Mauritanie et le Mali, Mme Khelifi a réussi à percer quelques secrets bien gardés de ces signes graphiques utilisés, aujourd'hui, dans la tapisserie, la poterie et la bijouterie. Si ces symboles sont présentement considérés comme de simples motifs ornementaux, ils constituaient, selon la conférencière, un moyen de communication entre les habitants de l'Afrique du nord en général et entre ceux du Tassili en particulier. Pour mieux étayer sa thèse, l'artiste exhiba à l'intention des présents dans la salle quelques exemples d'une longue série qu'elle a redessinés, elle-même, selon son inspiration. «Chaque symbole a sa signification : celui-ci, en forme d'Akoufi, représente l'épargne et la prévoyance, celui-là, en forme de chameau, la patience et tel autre, en forme de chaise, l'entente dans un couple». Légués aux générations présentes par le biais des peintures rupestres et murales ou retrouvés sur des pièces archéologiques, ces symboles ont été aussi tatoués sur le corps des femmes berbères. «Les tatouages au cou servent à soigner le goitre, ceux du poignet pour atténuer les douleurs générées par les travaux manuels et ceux du visage pour le maquillage ou pour livrer un message singulier», soulignera Mme Khelifi. Connue pour avoir créé la calligraphie enflammée, Saliha Khelifi est aussi animatrice TV (A3 et TV4) et enseignante en art plastique. Elle a exposé ses œuvres un peu partout dans le monde et a été récemment récompensée du prix du président de la république «Ali Maâchi», décerné aux jeunes créateurs le 8 juin dernier, lors de la célébration de la journée mondiale de l'artiste.
