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guérites, barrages et désert bleu
Sur la route Dellys-Tigzirt, sept mois après sa réouverture
Publié dans El Watan le 23 - 07 - 2012

Quel impact a eu l'ouverture de la route Dellys-Tigzirt sur la vie et l'économie de la région sept mois après sa remise en service ? A-t-elle contribué à booster la saison estivale ?
Dellys et Tigzirt
De notre envoyé spécial
Le 20 décembre 2011, le ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, inaugurait en grande pompe le tronçon de route Dellys-Tigzirt. 25 km de bitume relevant de la RN24 et longeant un bout de littoral paradisiaque.
Il ne s'agissait pas d'une nouvelle route qui venait d'être réceptionnée, mais plus exactement d'une réouverture, ce tronçon ayant été fermé à la circulation depuis… 1994. Et pour cause : cette route côtière est bordée par le fameux massif forestier de Mizrana qui était, se souvient-on, l'un des plus gros fiefs de l'ex-GSPC.
Un véritable coupe-gorge. Les faux barrages y étaient fréquents, avec leur lot de morts, d'embuscades, d'enlèvements et de racket. Nous l'avions traversée à l'été 2002 et c'était encore une aventure périlleuse que de s'y risquer. La route était dans un état désastreux. Des touffes d'herbe sauvage sortaient du goudron tant la chaussée s'était dégradée. Les militaires avaient dû carrément la fermer à la circulation à hauteur du village de Mazer (7 km de Tigzirt) pour épargner à la population davantage de pertes et d'exactions de la part des hommes de Hassan Hattab. Aujourd'hui, c'est un confortable tapis asphalté qui s'offre aux automobilistes.
Quel impact a eu cette réouverture sur la vie et l'économie de la région sept mois après sa remise en service ? A-t-elle contribué à booster la saison estivale ? Quid des investissements censés «habiller» et habiter ce segment de littoral longtemps resté au bord du développement ? Et quel est le sort des populations des villages enserrés par la forêt de Mizrana ?
Un magma de béton et de poussière
Nous entamons notre trajet le long de la RN24 depuis Boumerdès que nous avions gagnée par train depuis Alger.
A la gare routière de Boumerdès, la sinistrose se signale d'emblée. L'anarchie est maître de céans, entre l'aspect lugubre de la station de voyageurs et le manque total de professionnalisme des transporteurs privés. Qui plus est, c'est jour de marché en ce lundi 16 juillet. La ville suffoque sous les embouteillages.
Les bus reliant Boumerdès à Dellys – l'antique Resecurus étant située à une cinquantaine de kilomètres à l'est, soit à 110 km d'Alger – se font désirer. Ceux qui entrent à quai sont aussitôt pris d'assaut par une foule de passagers qui s'impatientent depuis une éternité sous un soleil de plomb. Pas d'abribus bien sûr et un nuage de poussière enveloppe une gare routière complètement éventrée. «S'il vous plaît, ayez pitié de nous !», supplie une dame en s'adressant à un jeune trônant derrière le volant d'un bus, et le priant de l'embarquer. «Ce n'est pas encore notre tour, attendez le prochain», rétorque-t-il sèchement. Deux ou trois minibus observent le même immobilisme condescendant. Sous la pression des passagers, le bus finit par s'ébranler. Un autre lui emboîte le pas. Il faut croire que certaines lignes sont moins rentables que d'autres et les vicissitudes du trajet, les bouchons monstres au long de la RN24, les barrages qui se succèdent tous les 500 m ne sont pas faits pour encourager les transporteurs.
Nous arrivons à grande peine à nous dégoter une petite place dans un minibus après plus d'une heure d'attente. Le véhicule avance cahin-caha. Des files de voitures roulant au pas trahissent un trafic congestionné, notamment sur l'axe Figuier-Zemmouri. La petite ville de cap Djinet (30 km à l'est de Boumerdès) affiche grise mine. La grande plage locale est assaillie par les estivants. Le paysage est morose et accidenté. Chaos urbain. Constructions lugubres à perte de vue. Aucun plan d'urbanisme ne semble guider l'aménagement du littoral. Aucune infrastructure touristique digne de ce nom n'émerge de ce magma de béton et de ferraille. La route se fait étroite et étriquée. Un barrage militaire dressé à proximité de la brigade de gendarmerie coupe net la circulation. Impression d'un pays qui n'est pas près de se relever de ses guerres.
Aucun hôtel à Dellys !
Après deux heures de trajet harassant, nous voici enfin à Dellys. Mauvaise surprise : aucun hôtel dans toute la ville ! Oui. Aucun. Les anciens établissements hôteliers hérités de l'époque coloniale ont été détournés de leur vocation nous dit-on. «J'ai honte de dire à mes clients que nous n'avons aucun lieu d'hébergement à leur proposer. L'autre jour, j'ai eu affaire à un client venu spécialement de Relizane pour régler une affaire judiciaire. Il a dû passer la nuit à Tigzirt faute d'hôtel», nous confie un chauffeur de taxi.
Deux hôtels devaient être construits à Takdempt, petite localité située à la sortie ouest de Dellys. «Les deux projets ont été abandonnés à cause du terrorisme», nous explique un habitant du coin. Un hôtel flambant neuf s'apprête toutefois à ouvrir. Il n'attend plus que le feu vert des autorités. C'est l'hôtel le Littoral situé près de la plage les Salines. (lire l'article : «Ahmed Ouchaou, un investisseur atypique» dans nos prochaines éditions).
Le tissu urbain de Dellys ressemble à un gruyère. Des béances apparaissent à chaque coin de rue entre les immeubles. Des terrains vagues. C'est ce qui reste de l'effondrement de plusieurs bâtisses dans la foulée du séisme de 2003. La Casbah de Dellys, quant à elle, véritable merveille architecturale construite au XIe siècle, est dans un état de délabrement avancé. A la plage les Salines, quelques tentes et pergolas plantent le décor d'une saison estivale moribonde. Une partie de la plage est carrément en jachère. A peine quelques parasols éparpillés témoignent d'une présence humaine. Pourtant, ce n'est pas encore le Ramadhan. En contrebas d'un boui-boui, des tas de détritus enlaidissent le paysage. Le gérant de cette mangeoire se félicite de l'ouverture du tronçon Dellys-Tigzirt.
Pour lui, c'est une aubaine. «La région s'est réanimée depuis. Beaucoup de gens de Dellys peuvent maintenant aller à Tigzirt et inversement. Certains habitants des deux villes, pourtant si proches, ne connaissent pas la ville voisine. Et puis, cela fait les affaires des commerçants. Nos amis de Tigzirt viennent régulièrement faire leur marché ici. Le poisson et les légumes sont moins chers à Dellys», argue-t-il. Si l'axe routier connaît une animation grandissante, cela ne semble pas appâter les transporteurs à en juger par la quasi-inexistence de transport public sur la ligne Dellys-Tigzirt. Le moyen le plus sûr de se rendre à l'ancienne Ionium reste encore le taxi. Prix de la course : 700 DA.
A peine engagés sur la RN24 que l'info a fait le tour de la ville. «La route est coupée du côté de Benchoud, près de Baghlia», apprend-on. Dieu merci, il ne s'agit pas d'un faux barrage. Ce sont plutôt des émeutes cycliques qui ont repris. Oui, cycliques, car cela fait un bon moment que les habitants de Benchoud et des localités voisines se soulèvent pour protester contre le sempiternel problème de l'eau. «Je ne sais pas pourquoi ils ferment la route. Ils pénalisent avant tout le peuple», peste le chauffeur de taxi. Mais il se montre néanmoins compréhensif : «A leur place, j'aurais peut-être fait la même chose. Il faut les comprendre. Nous subissons l'enfer avec ces histoires de pénurie d'eau, surtout que nous sommes une région agricole et nos besoins en eau sont plus importants pour irriguer nos vergers. Le comble est que l'eau part dans la nature avec toutes ces fuites dans les canalisations. Moi-même j'ai signalé plusieurs fois une fuite dans une conduite d'eau et personne n'est venu la réparer.»
Avis aux investisseurs
Vingt-cinq kilomètres, disions-nous, séparent Dellys de Tigzirt. La route est ponctuée de plusieurs barrages militaires avec force déploiement de blocs de béton et d'engins blindés. Des guérites et autres postes avancés ornent les collines surplombant la route. A un moment donné surgit un imposant campement de fusiliers marins. Le chauffeur de taxi raconte : «Avant, on ne pouvait pas circuler par ici. Plusieurs de mes collègues sont tombés dans des faux barrages. Ils se faisaient immanquablement subtiliser leurs téléphones portables ainsi que des sommes d'argent.» A un virage particulièrement dangereux, il lance : «Ici, il y avait un énorme eucalyptus. Les guets-apens y étaient fréquents. Les terroristes s'abritaient derrière les grands arbres. L'armée les a rasés depuis. Beaucoup de buissons ont été arrachés pour permettre une meilleure visibilité aux militaires embusqués dans les bois.»
De fait, la forêt a été fortement déboisée dans son versant maritime. «Les militaires sont partout. Ils ont des postes avancés au cœur de la forêt. Hamdoullah, on se sent désormais en sécurité. Les gens circulent même le soir», poursuit notre guide. Nous repasserons par cette même route deux jours plus tard, et alors que nous nous amusions à prendre des photos, un soldat a jailli d'une colline en criant dans notre direction : «Hey, habess el camira ! (arrêtez de filmer).»
La forte présence militaire dans les bosquets de Mizrana a eu pour effet immédiat de rassurer les automobilistes. Même si ce n'est pas encore le rush, le trafic connaît une bonne affluence de véhicules immatriculés 16, 35 ou 06. «Les gens qui vont à Azzefoune ou Béjaïa ou qui rentrent à Alger préfèrent cette route touristique», souligne notre accompagnateur. Pour les habitants de la région, le bénéfice est encore plus net. «Avant, il nous fallait transiter par Afir puis le lieudit La Crête avant de rejoindre Tigzirt», explique notre «taxieur». «Cela nous prenait deux fois plus de temps et les clients payaient deux fois plus cher.» Si la sécurité règne sur la mer, force est de constater que sept mois après sa réouverture, cette splendide route côtière reste tristement vierge. Avis aux investisseurs…


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